[Petitmangin, Laurent] Ce qu'il faut de nuit
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[Petitmangin, Laurent] Ce qu'il faut de nuit
Titre : Ce qu'il faut de nuit
Auteur : Laurent PETITMANGIN
Parution : 2020
Editeur : La Manufacture de Livres
Pages : 198
Présentation de l'éditeur :
C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d'hommes en devenir.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Laurent Petitmangin est né en 1965 en Lorraine au sein d’une famille de cheminots. Il passe ses vingt premières années à Metz, puis quitte sa ville natale pour poursuivre des études supérieures à Lyon. Il rentre chez Air France, société pour laquelle il travaille encore aujourd’hui. Grand lecteur, il écrit depuis une dizaine d’années. Ce qu’il faut de nuit est son premier roman.
Avis :
Depuis le décès de son épouse, le narrateur élève seul ses deux fils dans cette petite ville de Lorraine. Cheminot à la SNCF et encarté à gauche, il voit avec la plus grande incompréhension son aîné se rapprocher des milieux fascisants d’extrême-droite. Le jeune homme est bientôt happé dans une spirale d’événements qui débouchent sur le drame, incommensurable et irréparable.
Comment en arrive-t-on à l’impensable et au désastre dans des vies a priori calmes et sans histoire ? Qu’est-ce qui dérape un jour pour nous faire perdre le contrôle de notre existence, la transformant en inextricable enfer ? Rien n’aurait pu laisser prévoir la catastrophe dans ce foyer tranquille et a priori harmonieux, même si fragilisé par la maladie puis la disparition maternelles. En tout cas, le père n’a rien vu venir et n’a su qu’assister, impuissant, aux choix de son fils devenu jeune adulte, échappant à sa logique, à ses valeurs, à sa compréhension. Insidieuses, les failles ont grandi, entraînant toute la famille dans une lente glissade vers le gouffre, montrant à quel point la frontière entre le bien et le mal peut s‘avérer fragile, chacun semblant susceptible, selon les circonstances, de basculer d’un côté ou de l’autre.
Sans jamais juger ni expliquer, le récit laisse entrevoir les mille petits riens qui peuvent insensiblement conduire un être au sentiment de déshérence et l’exposer à toutes les dérives, à la merci de convictions extrémistes ouvrant la porte à la violence et à la destruction. L’entourage reste impuissant, écartelé entre amour, honte et culpabilité. Quel plus terrible sentiment d’échec pour un père que celui, malgré tous ses efforts, de n’avoir su donner un équilibre à son fils et de le voir commettre l’acte effroyable que tout son être réprouve ? Quel plus grand déchirement que de continuer à aimer sans parvenir à pardonner ?
Juste, sensible et subtil, ce premier roman au style sobre réussit à suggérer sans jamais démontrer, dessinant des personnages d’une inoubliable et fragile humanité, dans tous leurs doutes et leurs contradictions. Tandis que, d’une crédibilité parfaite, il entre en complète résonance avec notre actualité politique et sociale, il achève de bouleverser le lecteur par son implacable dénouement. Ce livre, totalement réussi sur un sujet difficile, vous va droit au coeur et à l'âme. (5/5)
Re: [Petitmangin, Laurent] Ce qu'il faut de nuit
Merci Cannetille pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Petitmangin, Laurent] Ce qu'il faut de nuit
Sous une forme différente, cette intrigue me fait penser à Il nous reste les mots, de Georges Salines et Azdyn Amimour, dans lequel les deux pères s'interrogent sur les origines de l'embrigadement de Samy Amimour dans le terrorisme.
Merci pour ton avis @Cannetille, j'ai vu le livre en librairie et je me demandais ce qu'il en était.
Merci pour ton avis @Cannetille, j'ai vu le livre en librairie et je me demandais ce qu'il en était.
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Petitmangin, Laurent] Ce qu'il faut de nuit
Un sujet terrible, selon moi parfaitement traité par Laurent Petitmangin.
Re: [Petitmangin, Laurent] Ce qu'il faut de nuit
Avis et commentaires
Plongée dans la vie d'un trio père /fils initialement profondément marqué par la maladie et l'agonie de la "moman", la mère morte trop tôt. On est au coeur de l'histoire récente de cette région de France entre industrialisation finissante, chômage en hausse constante, misère sociale souvent, mixage d'une population aux origines éclectiques, terre ouvrière originellement de gauche mais dont la crise fait renaître la haine de l'autre et l'envol du Front National.Ce cadre posé, entre le père / narrateur, le fils aîné surnommé Fus et le petit dernier Gilou.... Tout se présentait pour le mieux à la base: une passion commune pour le football, un environnement de copains, l'amitié politique marquée PS, une petite famille heureuse dans laquelle surgit le drame du cancer de la mère et son agonie. Si dans un premier temps les liens se renforcent entre les 3 hommes restant avec la douleur de la perte, une fracture va se créer entre Fus et son père sur les amitiés et les engagements du fils aîné aux couleurs du Front National. Seule la volonté d'épargner Gilou, brillant élève avec un avenir professionnel autrement plus heureux que Fus et son père, permet de maintenir un semblant de vie de famille. Une sorte de train-train quotidien se maintient mais définitivement la rupture entre Fus et son père est consommée. Fus et sa petite amie se replient sur son groupe d'amis du Front National et tout va sombrer, pris dans une baston avec des militants d'extrême gauche pour venger l'agression subie par sa copine, Fus, armé d'une barre de mine va frapper à mort le jeune Julien et se faire rouer de coups qui vont le laisser avec de graves séquelles. Abandonné par ses copains, c'est lui qui sera condamné très lourdement et reconnu comme le seul responsable de ce grave incident. Pour son père c'est l'incident de trop et il va alors l'abandonner, seuls Gilou et quelques-uns de ses vieux copains vont soutenir Fus et tenter de préserver un semblant de relation entre ces deux êtres si intimement liés. Avec le jugement porté en appel, le narrateur renoue les fils de son histoire commune, il s'engage sur une démarche de recherche de pardon entre les protagonistes de l'ensemble de ces drames même si le rebondissement dramatique des deux dernières pages du roman ne nous permet pas d'imaginer une paix retrouvée.Pour moi, qui ai vécu de l'intérieur ce cycle de désindustrialisation, l'explosion de la misère sociale et sociétale de ce département de la Moselle, la peinture, les expressions comme le contexte de profondes ruptures ; tout est juste et touchant. Les personnages, les amitiés puis les inimitiés de cette communauté ayant mixé jusque-là ses composantes migratoires de cette région sont plus qu'évocants. L'écriture avec ses tournures spécifiques de langage est parfaitement rendue mais peut choquer les lectrices et lecteurs d'autres régions. En tout cas, l'étude des personnages, des ambiances, des sentiments de chacun comme des doutes, errances et angoisses tout cela est bien rendu et marquent le lecteur que je suis. Ce n'est pas un roman froid, apprêté ou surjoué; bref un livre qui ne laisse pas indifférent.
Plongée dans la vie d'un trio père /fils initialement profondément marqué par la maladie et l'agonie de la "moman", la mère morte trop tôt. On est au coeur de l'histoire récente de cette région de France entre industrialisation finissante, chômage en hausse constante, misère sociale souvent, mixage d'une population aux origines éclectiques, terre ouvrière originellement de gauche mais dont la crise fait renaître la haine de l'autre et l'envol du Front National.Ce cadre posé, entre le père / narrateur, le fils aîné surnommé Fus et le petit dernier Gilou.... Tout se présentait pour le mieux à la base: une passion commune pour le football, un environnement de copains, l'amitié politique marquée PS, une petite famille heureuse dans laquelle surgit le drame du cancer de la mère et son agonie. Si dans un premier temps les liens se renforcent entre les 3 hommes restant avec la douleur de la perte, une fracture va se créer entre Fus et son père sur les amitiés et les engagements du fils aîné aux couleurs du Front National. Seule la volonté d'épargner Gilou, brillant élève avec un avenir professionnel autrement plus heureux que Fus et son père, permet de maintenir un semblant de vie de famille. Une sorte de train-train quotidien se maintient mais définitivement la rupture entre Fus et son père est consommée. Fus et sa petite amie se replient sur son groupe d'amis du Front National et tout va sombrer, pris dans une baston avec des militants d'extrême gauche pour venger l'agression subie par sa copine, Fus, armé d'une barre de mine va frapper à mort le jeune Julien et se faire rouer de coups qui vont le laisser avec de graves séquelles. Abandonné par ses copains, c'est lui qui sera condamné très lourdement et reconnu comme le seul responsable de ce grave incident. Pour son père c'est l'incident de trop et il va alors l'abandonner, seuls Gilou et quelques-uns de ses vieux copains vont soutenir Fus et tenter de préserver un semblant de relation entre ces deux êtres si intimement liés. Avec le jugement porté en appel, le narrateur renoue les fils de son histoire commune, il s'engage sur une démarche de recherche de pardon entre les protagonistes de l'ensemble de ces drames même si le rebondissement dramatique des deux dernières pages du roman ne nous permet pas d'imaginer une paix retrouvée.Pour moi, qui ai vécu de l'intérieur ce cycle de désindustrialisation, l'explosion de la misère sociale et sociétale de ce département de la Moselle, la peinture, les expressions comme le contexte de profondes ruptures ; tout est juste et touchant. Les personnages, les amitiés puis les inimitiés de cette communauté ayant mixé jusque-là ses composantes migratoires de cette région sont plus qu'évocants. L'écriture avec ses tournures spécifiques de langage est parfaitement rendue mais peut choquer les lectrices et lecteurs d'autres régions. En tout cas, l'étude des personnages, des ambiances, des sentiments de chacun comme des doutes, errances et angoisses tout cela est bien rendu et marquent le lecteur que je suis. Ce n'est pas un roman froid, apprêté ou surjoué; bref un livre qui ne laisse pas indifférent.
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Petitmangin, Laurent] Ce qu'il faut de nuit
Merci Loubhi pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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