[Gide, André]Souvenirs de la Cour d' assises
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Souvenirs de la Cour d' assises, d' André Gide
[Gide, André]Souvenirs de la Cour d' assises
Souvenirs de la Cour d' assises, d' André Gide
Editions Gallimard,Collection Folio
126 pages
ISBN 978-2-07-03599-0
Quatrième de couverture :
Fasciné par la machine judiciaire comme pour les aperçus des replis de l' âme humaine que lui apporte son expérience de juré, l' écrivain André Gide assiste pendant plusieurs semaines à divers procès : affaires de moeurs, infanticides, vols...
Dans ce texte dense et grave, Gide s' interroge sur la justice et son fonctionnement, mais surtout insiste sur la fragile barrière qui sépare les criminels des honnêtes gens.
Ce texte est extrait de Souvenirs et voyages ( Bibliothèque de la Pléiade )
Mon avis :
Le regard d' un intellectuel sur les affaires de justice est particulièrement intéressant pour qui veut les aborder autrement que par une vision purement juridique. En 1912, André Gide fut tiré au sort pour siéger en tant que juré à la Cour d' assises de Rouen. Ce fut pour lui l' occasion d' apprivoiser la justice d' une façon tout à fait différente.
"... à présent je sais par expérience que c' est une tout autre chose d' écouter rendre la justice, ou d' aider à la rendre soi-même. Quand on est parmi le public on peut y croire encore. Assis sur le banc des jurés, on se redit la parole du Christ : Ne jugez point."
Lui qui connaissait certainement quelques rudiments de la justice pour avoir eu un père professeur de droit romain, plonge dans la réalité même d' un sytème redoutable pour découvrir, non sans une certaine stupéfaction, la précarité des procès à lui soumis.
Le lecteur découvre à quel point certaines affaires où l' enjeu est important pour le justiciable font l' objet d' une procédure pour le moins sommaire : des défenses mal préparées ou quasi inexistantes, des jurés limités intellectuellement qui rendent justice avec leur coeur et non avec la raison, qui se laissent facilement influencer par les opinions extérieures notamment la presse, ou pire encore les a priori et préjugés de juges qui dès le début du procès cherchent à orienter et encadrer leur vision.
On se rend compte à quel point les principes fondamentaux qui doivent être observés lors un procès sont complètement baffoués notamment le droit à un procès équitable à armes égales, le droit à un juge impartial, le droit à avoir du temps pour préparer sa défense, le droit au principe du contradictoire, le droit à un jugement motivé...etc.
C' était un autre temps, après tout l' état de la justice n' est qu' un reflet de la société qu' elle traverse ...
Aujourd' hui les critiques qu' on peut opposer à la justice des hommes, nécessairement imparfaite, existent toujours. L' affaire d' Outreau plane toujours dans les esprits... Les médias et les associations humanitaires crient haro sur les conditions dégrandantes dans les prisons françaises; Treiber continue en fuite, le procès Clearstream démarre bientôt, la Scientologie ne risque plus la dissolution à cause d' une erreur de lecture d' un nouveau texte entré en vigueur, on annonce la suppression du juge d' instruction et la main mise de l' éxécutif sur le judiciaire...
Pourtant à lire ce texte fort intéressant, mais malheureusement trop court, on peut raisonnablement estimer qu' il y a eu de grandes évolutions, presque un siècle plus tard. J' ai à la fois la sensation qu' il est très actuel sur certains aspects, et puis qu' il a valeur de relique, comme si c' était un autre monde, et pas la France d' il y a à peine un siècle.
.
Une manière de découvrir Gide. Dans la même veine je lirai bientôt La séquestrée de Poitiers.
Passionnant! Je vous le conseille!
Editions Gallimard,Collection Folio
126 pages
ISBN 978-2-07-03599-0
Quatrième de couverture :
Fasciné par la machine judiciaire comme pour les aperçus des replis de l' âme humaine que lui apporte son expérience de juré, l' écrivain André Gide assiste pendant plusieurs semaines à divers procès : affaires de moeurs, infanticides, vols...
Dans ce texte dense et grave, Gide s' interroge sur la justice et son fonctionnement, mais surtout insiste sur la fragile barrière qui sépare les criminels des honnêtes gens.
Ce texte est extrait de Souvenirs et voyages ( Bibliothèque de la Pléiade )
Mon avis :
Le regard d' un intellectuel sur les affaires de justice est particulièrement intéressant pour qui veut les aborder autrement que par une vision purement juridique. En 1912, André Gide fut tiré au sort pour siéger en tant que juré à la Cour d' assises de Rouen. Ce fut pour lui l' occasion d' apprivoiser la justice d' une façon tout à fait différente.
"... à présent je sais par expérience que c' est une tout autre chose d' écouter rendre la justice, ou d' aider à la rendre soi-même. Quand on est parmi le public on peut y croire encore. Assis sur le banc des jurés, on se redit la parole du Christ : Ne jugez point."
Lui qui connaissait certainement quelques rudiments de la justice pour avoir eu un père professeur de droit romain, plonge dans la réalité même d' un sytème redoutable pour découvrir, non sans une certaine stupéfaction, la précarité des procès à lui soumis.
Le lecteur découvre à quel point certaines affaires où l' enjeu est important pour le justiciable font l' objet d' une procédure pour le moins sommaire : des défenses mal préparées ou quasi inexistantes, des jurés limités intellectuellement qui rendent justice avec leur coeur et non avec la raison, qui se laissent facilement influencer par les opinions extérieures notamment la presse, ou pire encore les a priori et préjugés de juges qui dès le début du procès cherchent à orienter et encadrer leur vision.
On se rend compte à quel point les principes fondamentaux qui doivent être observés lors un procès sont complètement baffoués notamment le droit à un procès équitable à armes égales, le droit à un juge impartial, le droit à avoir du temps pour préparer sa défense, le droit au principe du contradictoire, le droit à un jugement motivé...etc.
C' était un autre temps, après tout l' état de la justice n' est qu' un reflet de la société qu' elle traverse ...
Aujourd' hui les critiques qu' on peut opposer à la justice des hommes, nécessairement imparfaite, existent toujours. L' affaire d' Outreau plane toujours dans les esprits... Les médias et les associations humanitaires crient haro sur les conditions dégrandantes dans les prisons françaises; Treiber continue en fuite, le procès Clearstream démarre bientôt, la Scientologie ne risque plus la dissolution à cause d' une erreur de lecture d' un nouveau texte entré en vigueur, on annonce la suppression du juge d' instruction et la main mise de l' éxécutif sur le judiciaire...
Pourtant à lire ce texte fort intéressant, mais malheureusement trop court, on peut raisonnablement estimer qu' il y a eu de grandes évolutions, presque un siècle plus tard. J' ai à la fois la sensation qu' il est très actuel sur certains aspects, et puis qu' il a valeur de relique, comme si c' était un autre monde, et pas la France d' il y a à peine un siècle.
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Une manière de découvrir Gide. Dans la même veine je lirai bientôt La séquestrée de Poitiers.
Passionnant! Je vous le conseille!
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