[Chalandon, Sorj] Enfant de salaud
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[Chalandon,Sorj] Enfant de salaud
[Chalandon, Sorj] Enfant de salaud
[Chalandon, Sorj]
Enfant de salaud
Editions Grasset 18 août 2021
336 pages
Résumé quatrième de couverture
Depuis l’enfance, une question torture le narrateur :
- Qu’as-tu fait sous l’occupation ?
Mais il n’a jamais osé la poser à son père.
Parce qu’il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Certains même, le disent fou. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu’au jour où le grand-père de l’enfant s’est emporté : «Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Le narrateur croyait tomber sur la piteuse histoire d’un « Lacombe Lucien » mais il se retrouve face à l’épopée d’un Zelig. L’aventure rocambolesque d’un gamin de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un sale gosse, inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
En décembre 1944, recherché par tous les camps, il a continué de berner la terre entière.
Mais aussi son propre fils, devenu journaliste.
Lorsque Klaus Barbie entre dans le box, ce fils est assis dans les rangs de la presse et son père, attentif au milieu du public.
Ce n’est pas un procès qui vient de s’ouvrir, mais deux. Barbie va devoir répondre de ses crimes. Le père va devoir s’expliquer sur ses mensonges.
Ce roman raconte ces guerres en parallèle.
L’une rapportée par le journaliste, l’autre débusquée par l’enfant de salaud.
Mon avis
Grâce à ses recherches, Sorj Chandon nous raconte l’histoire d’un fils confronté au passé de son père colérique et menteur et narre le procès de Klaus Barbie auquel il assiste. C’est une quête de vérité sur ce père opportuniste inconscient qu’il n’hésite pas traiter de salaud et prend conscience qu’il ne pourra plus en être fier et auquel plus jamais il ne pourra s’identifier et ce fils qui à certains moments se sent incapable de démêler le vrai du faux. Ces 336 pages sont véritablement un seul cri bouleversant d’amour désespéré d’un homme qui souffre. Enfant de salaud cependant raconté sans cris, ni colère est un livre témoignage d’un fils sur son père qui m’a profondément émue….5/5
Enfant de salaud
Editions Grasset 18 août 2021
336 pages
Résumé quatrième de couverture
Depuis l’enfance, une question torture le narrateur :
- Qu’as-tu fait sous l’occupation ?
Mais il n’a jamais osé la poser à son père.
Parce qu’il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Certains même, le disent fou. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu’au jour où le grand-père de l’enfant s’est emporté : «Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Le narrateur croyait tomber sur la piteuse histoire d’un « Lacombe Lucien » mais il se retrouve face à l’épopée d’un Zelig. L’aventure rocambolesque d’un gamin de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un sale gosse, inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
En décembre 1944, recherché par tous les camps, il a continué de berner la terre entière.
Mais aussi son propre fils, devenu journaliste.
Lorsque Klaus Barbie entre dans le box, ce fils est assis dans les rangs de la presse et son père, attentif au milieu du public.
Ce n’est pas un procès qui vient de s’ouvrir, mais deux. Barbie va devoir répondre de ses crimes. Le père va devoir s’expliquer sur ses mensonges.
Ce roman raconte ces guerres en parallèle.
L’une rapportée par le journaliste, l’autre débusquée par l’enfant de salaud.
Mon avis
Grâce à ses recherches, Sorj Chandon nous raconte l’histoire d’un fils confronté au passé de son père colérique et menteur et narre le procès de Klaus Barbie auquel il assiste. C’est une quête de vérité sur ce père opportuniste inconscient qu’il n’hésite pas traiter de salaud et prend conscience qu’il ne pourra plus en être fier et auquel plus jamais il ne pourra s’identifier et ce fils qui à certains moments se sent incapable de démêler le vrai du faux. Ces 336 pages sont véritablement un seul cri bouleversant d’amour désespéré d’un homme qui souffre. Enfant de salaud cependant raconté sans cris, ni colère est un livre témoignage d’un fils sur son père qui m’a profondément émue….5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
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Re: [Chalandon, Sorj] Enfant de salaud
Je l'ai acheté quand il est sorti il y a quelques semaines car j'adore cet auteur, mais je ne l'ai pas encore commencé. Merci Lalyre pour ta critique, elle me donne encore plus envie de le lire!
lilalys- Grand expert du forum
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Date d'inscription : 11/10/2018
Re: [Chalandon, Sorj] Enfant de salaud
Merci lalyre! C'est noté. XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : Retraité
Genre littéraire préféré : Roman historique
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Re: [Chalandon, Sorj] Enfant de salaud
Dans ce roman autobiographique se mêlent la « petite » et la « grande » histoire.
L’histoire du père de Sorj Chalandon, cet homme décrit comme un salaud par son grand-père et le procès de Klaus Barbie.
Tous deux assistent au procès, Sorj comme journaliste, son père comme spectateur. Pas peu fier d’avoir peut-être croisé Barbie à Lyon pendant l’occupation.
Pour sans doute bien s’imprégner de l’histoire de Barbie à Lyon avant de faire le compte rendu du procès au journal qui l’envoie, l’auteur va visiter la colonie de vacances d’Izieu où 44 enfants et 7 adultes ont été raflés le 6 avril 1944.
C’est un moment d’émotion intense, pour l’auteur, mais aussi pour la lectrice que je suis.
Comme il est fantasque ce père qui raconte des histoires. Il doit déclencher de l’admiration dans les yeux de son petit garçon, il le fait rêver, ce héros qui imite les vedettes de cinéma.
Mais les petits garçons grandissent, et l’adulte aimerait bien connaitre la véritable histoire, savoir pourquoi son grand-père lui a dit un jour avoir vu son fils en soldat allemand, pourquoi il pourrait bien être un « Enfant de salaud ».
Je n’ai pas dévoré ce roman, j’ai dégusté ce témoignage, me replongeant dans le procès Barbie, frissonnant parfois par les témoignages et regrettant souvent la légèreté de ce père, qui n’est en fait qu’un enfant.
Une excellente lecture !
Les lectures de Joëlle.
L’histoire du père de Sorj Chalandon, cet homme décrit comme un salaud par son grand-père et le procès de Klaus Barbie.
Tous deux assistent au procès, Sorj comme journaliste, son père comme spectateur. Pas peu fier d’avoir peut-être croisé Barbie à Lyon pendant l’occupation.
Pour sans doute bien s’imprégner de l’histoire de Barbie à Lyon avant de faire le compte rendu du procès au journal qui l’envoie, l’auteur va visiter la colonie de vacances d’Izieu où 44 enfants et 7 adultes ont été raflés le 6 avril 1944.
C’est un moment d’émotion intense, pour l’auteur, mais aussi pour la lectrice que je suis.
Comme il est fantasque ce père qui raconte des histoires. Il doit déclencher de l’admiration dans les yeux de son petit garçon, il le fait rêver, ce héros qui imite les vedettes de cinéma.
Mais les petits garçons grandissent, et l’adulte aimerait bien connaitre la véritable histoire, savoir pourquoi son grand-père lui a dit un jour avoir vu son fils en soldat allemand, pourquoi il pourrait bien être un « Enfant de salaud ».
Je n’ai pas dévoré ce roman, j’ai dégusté ce témoignage, me replongeant dans le procès Barbie, frissonnant parfois par les témoignages et regrettant souvent la légèreté de ce père, qui n’est en fait qu’un enfant.
Une excellente lecture !
Les lectures de Joëlle.
joëlle- Modérateur
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Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Chalandon, Sorj] Enfant de salaud
"Ton père portait l'uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! " C'est ainsi que son grand-père avait assené au narrateur, alors âgé de dix ans, son exaspération d'entendre, une fois de plus, les soi-disant exploits de Résistant de l'intéressé. Jamais depuis, "l'enfant de salaud", devenu journaliste, n'avait osé aborder le sujet de ce passé avec son père, imprévisible et violent. Ce n'est qu'en 1987, lorsqu'il parvient à exhumer des archives le dossier judiciaire paternel, qu'il découvre l'improbable parcours d'un homme menteur et manipulateur, qui ne cessa de changer de camp tout au long de la seconde guerre mondiale. Pendant que le fils interpelle enfin son père sur ses inavouables secrets, il se retrouve aussi dans les rangs de la presse qui couvre le procès criminel de Klaus Barbie.
Sans rien changer aux faits, Sorj Chalandon a choisi d’antidater sa découverte des actes de son père – en réalité posthume -, pour la faire coïncider avec la période du procès de Klaus Barbie. Ce sont ainsi deux procès qui entrent en résonance dans ce roman, l’un bien réel, l’autre convoqué dans l’imaginaire de l’auteur. Barbie avait refusé de paraître aux audiences, le père de répondre de ses mensonges à son fils. Dans un cas comme dans l’autre, les coupables sont restés jusqu’au bout dans le déni, rendant encore plus insupportables la souffrance et le questionnement des plaignants. Alors, pour l’auteur, torturé sa vie durant, non seulement par la conscience des crimes, mais aussi par le déni et les mensonges de son père, ce livre est en quelque sorte un procès personnel posthume, la confrontation à laquelle il n’aura jamais pu convoquer cet homme insaisissable.
Sorj Chalandon connaît parfaitement le cas et le procès Klaus Barbie, ses reportages sur le sujet lui ayant même valu à l’époque le prix Albert Londres. Sa narration est précise et significative. Le lecteur revient avec émotion sur les lieux des crimes du Bourreau de Lyon, notamment sur celui de la rafle des 44 enfants juifs d’Izieu. Il se retrouve immergé dans la salle d’audience, sous le choc des faits et de l’indifférence méprisante du criminel nazi. Face à l’évidence d’une telle monstruosité, l’écrivain imagine les réactions de son père. Cet homme dont le parcours reste une énigme, tant il démontre de grotesque inconséquence dans ses multiples et opportunistes revirements, serait-il resté de marbre lui aussi, la conscience imperméable et le mensonge plus fanfaron que jamais ? Lucide, l’écrivain dresse le portrait d’un père barricadé dans sa réalité distordue, incapable de se voir dans sa vérité nue, sous peine de basculer dans une folie définitive. Et si, dans la vie réelle, ce père lui a toujours échappé, il sait sans illusion que, même si elle avait pu avoir lieu, aucune confrontation frontale, fusse-t-elle même celle d’un procès, n’y aurait rien changé.
Sorj Chalandon signe un livre sincère et bouleversant : une tentative, comme il le dit lui-même, de « changer ses larmes en encre ». Coup de coeur. (5/5)
Sans rien changer aux faits, Sorj Chalandon a choisi d’antidater sa découverte des actes de son père – en réalité posthume -, pour la faire coïncider avec la période du procès de Klaus Barbie. Ce sont ainsi deux procès qui entrent en résonance dans ce roman, l’un bien réel, l’autre convoqué dans l’imaginaire de l’auteur. Barbie avait refusé de paraître aux audiences, le père de répondre de ses mensonges à son fils. Dans un cas comme dans l’autre, les coupables sont restés jusqu’au bout dans le déni, rendant encore plus insupportables la souffrance et le questionnement des plaignants. Alors, pour l’auteur, torturé sa vie durant, non seulement par la conscience des crimes, mais aussi par le déni et les mensonges de son père, ce livre est en quelque sorte un procès personnel posthume, la confrontation à laquelle il n’aura jamais pu convoquer cet homme insaisissable.
Sorj Chalandon connaît parfaitement le cas et le procès Klaus Barbie, ses reportages sur le sujet lui ayant même valu à l’époque le prix Albert Londres. Sa narration est précise et significative. Le lecteur revient avec émotion sur les lieux des crimes du Bourreau de Lyon, notamment sur celui de la rafle des 44 enfants juifs d’Izieu. Il se retrouve immergé dans la salle d’audience, sous le choc des faits et de l’indifférence méprisante du criminel nazi. Face à l’évidence d’une telle monstruosité, l’écrivain imagine les réactions de son père. Cet homme dont le parcours reste une énigme, tant il démontre de grotesque inconséquence dans ses multiples et opportunistes revirements, serait-il resté de marbre lui aussi, la conscience imperméable et le mensonge plus fanfaron que jamais ? Lucide, l’écrivain dresse le portrait d’un père barricadé dans sa réalité distordue, incapable de se voir dans sa vérité nue, sous peine de basculer dans une folie définitive. Et si, dans la vie réelle, ce père lui a toujours échappé, il sait sans illusion que, même si elle avait pu avoir lieu, aucune confrontation frontale, fusse-t-elle même celle d’un procès, n’y aurait rien changé.
Sorj Chalandon signe un livre sincère et bouleversant : une tentative, comme il le dit lui-même, de « changer ses larmes en encre ». Coup de coeur. (5/5)
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