[Balzac, Honoré (de)] Avant-propos (à la Comédie humaine)
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[Balzac, Honoré (de)] Avant-propos (à la Comédie humaine)
Avant-propos
Honoré de Balzac
Bibebook
21 pages
juillet 1842
Honoré de Balzac
Bibebook
21 pages
juillet 1842
Présentation du fascicule :
Honoré de Balzac a déjà écrit une bonne partie (les 2/3) de ses romans lorsqu’il se penche sérieusement sur l’idée de les regrouper sous le titre de Comédie humaine. Ce n’est pas une idée pré-éxistante, mais une idée qui se développe au fil des années. Néanmoins, il y a quelques signes précurseur comme les regroupements de romans sous des titres qu’il réutilisera (plus ou moins) comme Les Contes philosophiques ou Les Scènes de la vie privée. & les fameux personnages reparaissant afin de lier tout cela, de faire comme diront Hugo ou Sand de cet ensemble un grand livre. Au début de cette mise en Comédie humaine, en 1842, Balzac propose un Avant-propos explicatif de son projet.
(Source : site debalzac.wordpress.com)
Mon avis :
Il s'agit ici d'un document intéressant pour qui s'intéresse à la Comédie humaine, comme ensemble, et souhaite se faire une idée juste du projet de Balzac. Ce n'est bien sûr pas un ouvrage à lire "en soi", s'il n'accompagne pas la lecture de l'auteur.
Balzac écrit cet avant-propos pour se dédouaner des préfaces dans lesquelles il lui faudrait se défendre des attaques et critiques, notamment d'immoralisme. Ayant voulu réaliser une histoire des moeurs de la Société française du 19ème siècle, il explique qu'il lui a forcément fallu mentionner le mal comme le bien, et se défend en indiquant que de nombreux personnages sont irréprochables d'un point de vue moral (des femmes, d'ailleurs) ; par ailleurs, les actions coupables trouvent toujours leur punition. Il est donc bien avancé dans la composition de ce projet, et a commencé à effectuer des regroupements, à faire réapparaître des personnages, pour donner un sens à son entreprise.
Les idées importantes qu'il évoque sont la recherche d'une unité de composition : comme l'animal, l'homme n'est qu'un homme, mais les milieux dans lesquels il évolue le forment d'une certaine manière, ce qui crée des "espèces sociales". Le grand thème sous-jacent de Balzac est l'expression des passions, la manière dont elles se conjuguent aux caractères, aux événements de la société. Il souhaite établir une histoire sociale des moeurs de son époque en recherchant les causes, les principes cachés, qui fondent les désordres ou le liant social. Il a essayé également, dans certains ouvrages, de populariser des théories sur la pensée, l'esprit, pressentant qu'un jour cette science sera aussi évidente que la rotondité de la Terre (dommage qu'il n'ait pas connu les découvertes du 20ème siècle en neurologie !).
Enfin, comme les quelques 2 000 ou 3 000 figures représentatives de la Comédie humaine qu'il ambitionne de mettre au jour "nécessitent une galerie", il présente le plan qu'il a conçu, les différentes parties et leur sens - où j'ai compris que les "scènes de la vie..." (privée, de province, parisienne, etc...) équivalaient à des époques, ou âges, de la vie. Balzac a utilisé l'antinomie province/capitale, comme puissante image des aspirations individuelles et sociales, des aptitudes au bien ou au mal de chacun. Ces Etudes de moeurs seront complétées par les Etudes philosophiques, puis analytiques.
Ces quelques pages sont à mon sens importantes pour comprendre l'ampleur de son travail, et révèlent qu'on peut aussi lire la Comédie humaine par ensembles, selon les thèmes qui nous intéressent. Il est évident que cela me précipite encore plus vers la lecture de l'ensemble de ses oeuvres - j'ai l'impression depuis le début d'un ami, d'un familier qui me parle, d'une sensibilité proche de la mienne qui me touche.
Citations :
Peu d’œuvres donne beaucoup d’amour-propre, beaucoup de travail donne infiniment de modestie. (Page 1)
La Société ne fait-elle pas de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie ? Les différences entre un soldat, un ouvrier, un administrateur, un avocat, un oisif, un savant, un homme d’état, un commerçant, un marin, un poète, un pauvre, un prêtre, sont, quoique plus difficiles à saisir, aussi considérables que celles qui distinguent le loup, le lion, l’âne, le corbeau, le requin, le veau marin, la brebis, etc. Il a donc existé, il existera donc de tout temps des Espèces Sociales comme il y a des Espèces Zoologiques. (Page 2)
La Société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire. En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la Société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. (Page 5)
En voyant tout ce qui reste à faire, peut-être dira-t-on de moi ce qu’ont dit mes éditeurs : Que Dieu vous prête vie ! Je souhaite seulement de n’être pas aussi tourmenté par les hommes et par les choses que je le suis depuis que j’ai entrepris cet effroyable labeur. (Page 13)
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