[Devi, Ananda] Le rire des déesses
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[Devi, Ananda] Le rire des déesses
[Devi, Ananda] Le rire des déesses
[Devi, Ananda]
Le rire des déesses
Editions Grasset 1 septembre 2021
234 pages
Quatrième de couverture
Au Nord de l’Inde, dans une ville pauvre de l'Uttar Pradesh, se trouve La Ruelle où travaillent les prostituées. Y vivent Gowri, Kavita, Bholi, ainsi que Veena, et Chinti, sa fille de dix ans. Si Veena ne parvient pas à l'aimer, les femmes du quartier l'ont prise sous leur aile, surtout Sadhana. Elle ne se prostitue pas et habite à l’écart, dans une maison qu’occupent les hijras, ces femmes que la société craint et rejette parce qu’elles sont nées dans des corps d’hommes. Ayant changé de sexe et devenue Guru dans sa communauté, Sadhana veille sur Chinti.
Leurs destins se renversent le jour où l’un des clients de Veena, Shivnath, un swami, un homme de Dieu qui dans son temple aime se faire aduler, tombe amoureux de Chinti et la kidnappe. Persuadé d’avoir trouvé la fille de Kali capable de le rendre divin, il l’emmène en pèlerinage à Bénarès. Comment se douterait-il que sur ses pas, deux représentantes des castes les plus basses, une xxx et une hijra, Veena et Sadhana, sont parties pour retrouver Chinti, et le tuer ?
Des bas-fonds de l’Inde où les couleurs des saris trempent dans la misère à sa capitale spirituelle, Ananda Devi nous entraîne dans un roman haletant et riche pour fouiller, à sa manière, les questions brûlantes de notre époque : la place des femmes et des transsexuels, le règne des hommes et la sororité ; les folies de la foi, la pédophilie ; la religion, la colère et l’amour. Avec son style incisif et poétique, elle brise le silence des dieux pour faire entendre et résonner le cri de guerre des femmes – le rire des déesses.
Mon avis
Ces femmes qui naissent dans un corps d’homme, obtiennent leur divinité par l’émasculation au couteau, alors que la majorité des hommes leurs crachent dessus. Au coeur de la Ruelle règne la prostitution, voici Veena, une jeune femme prostituée qui a la rage au coeur, elle est la mère de la petite Chinti, qui bientôt vogue dans un monde d’illusion lorsqu’elle fait la connaissance du swani Shivnath qui se prend pour un dieu, cette enfant qui était le soleil de toutes ces femmes de la Ruelle, place toute sa confiance en Shivnath, innocente, elle s’abandonne à la tendresse et à l’amour de cet homme aux apparences de sainteté qui lui promet une vie meilleure, elle sera traitée comme une princesse ainsi qu’un jour prochain elle pourra devenir déesse. Cependant en lisant la quatrième de couverture on sait que les représentantes de castes les plus basses, sont pour retrouver Chinti et tuer cet homme bouffi de sainteté. Pas certain qu’elles réussiront...Ananda Devi écrit ce roman avec des mots percutants et de colère pour dénoncer et bannir la pédophilie, éradiquer les viols, mais aussi pour mettre en scène les femmes maltraitées et abusées suscitant la haine et la mort, c’est un roman percutant, dur et puissant mais il me faut ajouter qu’il n’y a pas qu’en Inde que certains hommes profitent de la faiblesse des femmes….4/5
Le rire des déesses
Editions Grasset 1 septembre 2021
234 pages
Quatrième de couverture
Au Nord de l’Inde, dans une ville pauvre de l'Uttar Pradesh, se trouve La Ruelle où travaillent les prostituées. Y vivent Gowri, Kavita, Bholi, ainsi que Veena, et Chinti, sa fille de dix ans. Si Veena ne parvient pas à l'aimer, les femmes du quartier l'ont prise sous leur aile, surtout Sadhana. Elle ne se prostitue pas et habite à l’écart, dans une maison qu’occupent les hijras, ces femmes que la société craint et rejette parce qu’elles sont nées dans des corps d’hommes. Ayant changé de sexe et devenue Guru dans sa communauté, Sadhana veille sur Chinti.
Leurs destins se renversent le jour où l’un des clients de Veena, Shivnath, un swami, un homme de Dieu qui dans son temple aime se faire aduler, tombe amoureux de Chinti et la kidnappe. Persuadé d’avoir trouvé la fille de Kali capable de le rendre divin, il l’emmène en pèlerinage à Bénarès. Comment se douterait-il que sur ses pas, deux représentantes des castes les plus basses, une xxx et une hijra, Veena et Sadhana, sont parties pour retrouver Chinti, et le tuer ?
Des bas-fonds de l’Inde où les couleurs des saris trempent dans la misère à sa capitale spirituelle, Ananda Devi nous entraîne dans un roman haletant et riche pour fouiller, à sa manière, les questions brûlantes de notre époque : la place des femmes et des transsexuels, le règne des hommes et la sororité ; les folies de la foi, la pédophilie ; la religion, la colère et l’amour. Avec son style incisif et poétique, elle brise le silence des dieux pour faire entendre et résonner le cri de guerre des femmes – le rire des déesses.
Mon avis
Ces femmes qui naissent dans un corps d’homme, obtiennent leur divinité par l’émasculation au couteau, alors que la majorité des hommes leurs crachent dessus. Au coeur de la Ruelle règne la prostitution, voici Veena, une jeune femme prostituée qui a la rage au coeur, elle est la mère de la petite Chinti, qui bientôt vogue dans un monde d’illusion lorsqu’elle fait la connaissance du swani Shivnath qui se prend pour un dieu, cette enfant qui était le soleil de toutes ces femmes de la Ruelle, place toute sa confiance en Shivnath, innocente, elle s’abandonne à la tendresse et à l’amour de cet homme aux apparences de sainteté qui lui promet une vie meilleure, elle sera traitée comme une princesse ainsi qu’un jour prochain elle pourra devenir déesse. Cependant en lisant la quatrième de couverture on sait que les représentantes de castes les plus basses, sont pour retrouver Chinti et tuer cet homme bouffi de sainteté. Pas certain qu’elles réussiront...Ananda Devi écrit ce roman avec des mots percutants et de colère pour dénoncer et bannir la pédophilie, éradiquer les viols, mais aussi pour mettre en scène les femmes maltraitées et abusées suscitant la haine et la mort, c’est un roman percutant, dur et puissant mais il me faut ajouter qu’il n’y a pas qu’en Inde que certains hommes profitent de la faiblesse des femmes….4/5
lalyre- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
Date d'inscription : 07/04/2010
Re: [Devi, Ananda] Le rire des déesses
Merci Lalyre pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
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Re: [Devi, Ananda] Le rire des déesses
Veena est l’une des prostituées de la Ruelle, dans le bas-fond d’une ville située au Nord de l’Inde. Sa fille Chinti, aujourd’hui âgée de dix ans, est devenue la mascotte de tous les parias du quartier : les prostituées, mais aussi la petite communauté de hijras, ces transsexuels qui vivent en marge de la société indienne, avec un statut plus bas encore que celui des Intouchables. Aussi, lorsqu’un client de Veena, le puissant swami Shivnath qui se prend pour l’un des dieux du temple où il officie, kidnappe Shinti et l’emmène en pèlerinage à Bénarès pour couvrir ses appétits pédophiles, c’est tout le groupe de ces femmes méprisées, en tête desquelles Veena et Sadhana – Guru des hijras de la Ruelle –, qui s’élance sur ses traces pour récupérer Chinti et la venger.
Ce n’est sans doute pas un hasard si Ananda Devi a choisi de situer son roman dans l’Uttar Pradesh. Cet état, le plus peuplé et l’un des plus pauvres de l’Inde, est aujourd’hui dirigé par un moine hindou nationaliste à l’image extrémiste, déjà condamné pour incitation à la violence, qui n'hésite pas à se targuer de pouvoirs magiques acquis au travers de rituels et de la pratique du yoga. Au travers du personnage fictif de Shivnath, chef religieux amoral et mégalomane, usant sans vergogne d’un pouvoir sans limite assis sur les privilèges de la caste brahmane et sur la crédulité d’une population si misérable qu’il ne lui reste pour viatique que le sourire des dieux qu’on lui fait cyniquement miroiter, ce n’est, ni plus ni moins, ce que certains appellent la dystopie hindouiste de l’Uttar Pradesh que déplore et ridiculise cette histoire.
Aux antipodes du mirage clinquant des idoles et de la folie de leurs maîtres, grouille une population semblable à une « marée de chair », harassée par l’effort de survivre jour après jour, sur une terre aux allures de géhenne. Au plus noir de cet enfer, là où s’efface quasiment jusqu’à leur statut d’êtres humains, des parias subissent leur sort sans espoir : femmes vouées sans échappatoire à la prostitution, transsexuels rejetés dans un étrange mélange de crainte et de respect. Curieuse place qu’ont les hijras dans la société indienne : ni hommes ni femmes, elles sont désormais légalement reconnues dans le pays comme un troisième genre, mais, déclassées des structures sociales de base de la famille et des castes, elles se rassemblent en communautés hermétiques et soudées, encadrées par des règles fortes d’appartenance, dont un rituel d’intégration passant par une castration à vif, sans anesthésie.
De la violence faite aux femmes et de l’asservissement de leurs corps, à l’emprise spirituelle d’une population soumise à de dangereux chefs religieux, Ananda Devi nous dépeint une société indienne au foisonnement étouffant et d’une violence écrasante, qu’une étincelle semble pouvoir embraser dans d’incontrôlables mouvements de foule. Son récit aussi poétique qu’incisif nous livre une série de tableaux, tous plus hallucinants les uns que les autres, qu’il s’agisse du cauchemar des bas-fonds où l’on reste invisible jusque dans la mort, du gigantisme d’un pèlerinage semblable à une marée humaine, de la somptuosité qui pare les idoles dans les temples, ou de l’atmosphère crépusculaire des bûchers funéraires de Bénarès. Frappé d’un effroi mêlé de sidération, le lecteur sentira sa tendresse croître pour ces femmes encore capables de se révolter du fond de leur détresse, sinon pour elles-mêmes, pour le sort d’une enfant.
Un roman d’une grande puissance et d’une vraie poésie, où se dessine une Inde de contrastes, colorée, misérable et mystique, où s’il ne fait pas toujours bon être femme, il est sans doute encore pire de n’être ni femme, ni homme, et parfois, tout simplement un enfant. (4/5)
Ce n’est sans doute pas un hasard si Ananda Devi a choisi de situer son roman dans l’Uttar Pradesh. Cet état, le plus peuplé et l’un des plus pauvres de l’Inde, est aujourd’hui dirigé par un moine hindou nationaliste à l’image extrémiste, déjà condamné pour incitation à la violence, qui n'hésite pas à se targuer de pouvoirs magiques acquis au travers de rituels et de la pratique du yoga. Au travers du personnage fictif de Shivnath, chef religieux amoral et mégalomane, usant sans vergogne d’un pouvoir sans limite assis sur les privilèges de la caste brahmane et sur la crédulité d’une population si misérable qu’il ne lui reste pour viatique que le sourire des dieux qu’on lui fait cyniquement miroiter, ce n’est, ni plus ni moins, ce que certains appellent la dystopie hindouiste de l’Uttar Pradesh que déplore et ridiculise cette histoire.
Aux antipodes du mirage clinquant des idoles et de la folie de leurs maîtres, grouille une population semblable à une « marée de chair », harassée par l’effort de survivre jour après jour, sur une terre aux allures de géhenne. Au plus noir de cet enfer, là où s’efface quasiment jusqu’à leur statut d’êtres humains, des parias subissent leur sort sans espoir : femmes vouées sans échappatoire à la prostitution, transsexuels rejetés dans un étrange mélange de crainte et de respect. Curieuse place qu’ont les hijras dans la société indienne : ni hommes ni femmes, elles sont désormais légalement reconnues dans le pays comme un troisième genre, mais, déclassées des structures sociales de base de la famille et des castes, elles se rassemblent en communautés hermétiques et soudées, encadrées par des règles fortes d’appartenance, dont un rituel d’intégration passant par une castration à vif, sans anesthésie.
De la violence faite aux femmes et de l’asservissement de leurs corps, à l’emprise spirituelle d’une population soumise à de dangereux chefs religieux, Ananda Devi nous dépeint une société indienne au foisonnement étouffant et d’une violence écrasante, qu’une étincelle semble pouvoir embraser dans d’incontrôlables mouvements de foule. Son récit aussi poétique qu’incisif nous livre une série de tableaux, tous plus hallucinants les uns que les autres, qu’il s’agisse du cauchemar des bas-fonds où l’on reste invisible jusque dans la mort, du gigantisme d’un pèlerinage semblable à une marée humaine, de la somptuosité qui pare les idoles dans les temples, ou de l’atmosphère crépusculaire des bûchers funéraires de Bénarès. Frappé d’un effroi mêlé de sidération, le lecteur sentira sa tendresse croître pour ces femmes encore capables de se révolter du fond de leur détresse, sinon pour elles-mêmes, pour le sort d’une enfant.
Un roman d’une grande puissance et d’une vraie poésie, où se dessine une Inde de contrastes, colorée, misérable et mystique, où s’il ne fait pas toujours bon être femme, il est sans doute encore pire de n’être ni femme, ni homme, et parfois, tout simplement un enfant. (4/5)
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