[Crown, Rachel] Elita

Description (source Amazon) :

Mélissa fait partie de l’Elite. Elle va bientôt atteindre son 13ème Arc-en-Ciel, elle espère pouvoir alors faire partie des Leaders d’Elita. Elle veut à tout prix savoir si quelqu’un peut prendre sa place durant les 6 mois à venir. Elle va tout faire pour le découvrir, mais elle va aussi découvrir bien plus et remettre en question ses certitudes sur Elita. Ses contacts avec les Inferior brisent peu à peu les barrières qui les séparent. Ce sont pourtant les contacts sociaux qui ont défini la distinction entre Elite et Inferior. Autrefois, les membres de l’Elite étaient une minorité stigmatisée, les autistes et les Inferior la norme, les neurotypiques. Et si le monde si parfait de Mélissa n’était pas juste, faudrait-il le conserver ou le détruire ?


Mon avis :

J'ai commencé ma lecture très enthousiaste. Je trouvais l'idée très originale. Les neuroatypiques souffrent dans le monde actuel, qui ne leur est pas adapté. Ils sont parfois (souvent !) pris pour des demeurés ou des gens bizarres. Qu'on tolère mais qu'on accepte mal et qu'on inclue encore moins bien.
"La séparation de l’Elite avec les Inferior a été réalisée parce que ni l’un ni l’autre n’appréciait de passer du temps ensemble et que les uns méprisaient les autres. Jusqu’à ce qu’il soit prouvé la supériorité de l’Elite, c’était les Inferior qui dominaient et oppressaient l’Elite."

L'univers est très précis, cette cité, Elita, semble être un havre de paix pour les autistes. Les détails (si importants pour la plupart des autistes) sont bien présents. On sent le travail de l'autrice, je ne peux que le saluer et c'est vraiment le point très fort de ce roman. Il balaie même quelques clichés et ça fait du bien. On voit bien que s'il y a des règles, chaque autiste est différent.
"A Elita peu importe ce que l’on sait faire, aucune compétence n’a plus de valeur qu’une autre"
"En ouvrant la porte, m’attend une serviette sur le sèche-serviette, en pur coton 600 fils/cm², épaisse et douce d’une dimension de 150x190."
"Il fallait dire bonjour, serrer la main ou faire la bise, ou encore, selon l’origine cela pouvait être un salut de la main. Ne pas saluer était synonyme de mépris et d’impolitesse. Se saluer ne se fait plus, nous entamons directement la conversation. Nous ne demandons pas comment ça va, cette phrase est inutile. Les Inferior utilisent encore ces codes sociaux archaïques. Il y a souvent des malentendus chez eux parce qu’on n’a pas dit bonjour ou demandé comment ça va."

J'ai bien conscience qu'il s'agit d'un roman et que l'autrice ne nous présenterai pas seulement un monde parfait pour les autistes, mais quand le grain de sable est venu enrayer cette vie si parfaite, j'en ai eu un pincement au cœur. Même dans ce "Paradis", il y a du vice. Je n'en dévoile pas plus pour ne pas gâcher l'intrigue. Je peux quand même dire que j'ai souvent été surprise des réactions de Mélissa et de son entourage. Imaginez-vous un ouvrage dans ce même genre littéraire, il y a en général des manigances et des complots. Imaginez maintenant qu'une partie des personnages ne comprennent pas (et donc n'utilisent pas) le mensonge ! L'intrigue change du tout au tout !
"Le combat pour la liberté n’est pas la voie de la facilité. Il faut faire tout ce que l’on peut pour ne rien regretter ensuite."
"Une forte motivation est sans doute la clé pour dépasser ses limites."

Concernant les points un peu plus faibles, prendre le parti d'utiliser une autiste comme narratrice entraîne une écriture parfois mécanique. C'est intéressant, mais on ressent de fait un manque de fluidité par moment (comme sur la 4e de couverture).
Il y a également assez de coquilles pour que ça se remarque et doive être signalé, même si ça reste une très bonne lecture.

Je vote très apprécié

Je me pose plein de questions sur cette lecture : est-ce que l'auteure elle-même est autiste ? Certains traits me paraissent à juste titre autistiques (sens du détail - j'ajouterais réactivités sensorielles atypiques ; difficultés à mentir ; ne pas aimer les contacts physiques), pour d'autres, je serais plus réservée (caractère mécanique de la diction, par exemple, et donc de l'écriture).

L'idée est suffisamment originale pour la mettre en évidence, en tout cas.

Aucune idée, je n'ai pas cherché à en savoir plus sur elle. A mon avis, soit elle l'est, soit elle est très bien renseignée (aidante, professionnelle...)

Je suis d'accord avec tes ajouts, ils sont très bien traités dans le roman. Pour le caractère mécanique de la diction/écriture, je pense que ça dépend de chacun (et je n'ai peut-être pas utilisé les bons termes). Personnellement, ici, je l'ai vu comme une façon supplémentaire de nous mettre dans la peau de Mélissa

Merci pour tes précisions. Le thème éveille ma curiosité.