[Adam-Foucault, Frédéric] L'Explosion des secrets
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[Adam-Foucault, Frédéric] L'Explosion des secrets
L'Explosion des secrets
Frédéric Adam-Foucault
Les Editions de la Trémie
198 pages
2021
ISBN : 978-2-493402-01-1
Frédéric Adam-Foucault
Les Editions de la Trémie
198 pages
2021
ISBN : 978-2-493402-01-1
Présentation de couverture :
A 35 ans, Arnaud mène de front une belle carrière dans la publicité. Il est sur le point d’obtenir le poste de sa vie. Il est très amoureux de Vincent, un chirurgien esthétique avec qui il vit depuis peu. Il a gravi l’échelle sociale et tout semble lui réussir. Or, lorsque Karine, sa meilleure amie, décide de quitter son mari violent en emmenant avec elle son fils unique Sirius, certains secrets inavouables remonteront à la surface, et tout l’entourage s’en mêlera. Les choses empireront lorsqu’Élise, la sœur cadette d’Arnaud, décide de se réfugier chez le jeune cadre. Dès lors, certaines révélations mettront en péril l’équilibre que le business man s’est construit. Une fable sombre et moderne, qui redéfinit les relations familiales et amicales, ainsi que l’univers des petites manigances et grandes cachotteries.
Mon avis :
J'ai lu ce roman de partenariat en m'attendant complètement à autre chose : disons que là où je pensais lire un roman psychologique sur les relations familiales et amicales autour d'un couple homosexuel, je me suis trouvée à lire un roman somme toute assez classique, qui pourrait s'apparenter aux récits d'ascension et de revanche sociale, mais comprenant des passages d'orgies dans un langage extrêmement cru, et des drogues dures à tous les étages - je ne suis pas sûre que le lecteur puisse faire défiler 4 pages sans qu'un personnage ne se fasse une ligne de coke. J'y reviendrai, car cela ne m'aurait pas rebutée si l'ensemble avait été cohérent avec le postulat de départ.
La vie bien rangée d'Arnaud, notre héros, bientôt à la tête d'une brillante agence de publicité malgré un parcours sulfureux d'escort boy, et de son amant et amoureux Vincent, brillant chirurgien esthétique, va déraper suite à l'entrée ou au retour de différents personnages dans leur environnement.
Tout d'abord, c'est Karine, ancienne brillante actrice, qui se présente à son ancien meilleur ami, Arnaud donc, avec son fils de 9 ans : elle vient se quitter le domicile conjugal, son mari violent et sa belle-mère intolérante. Elle doit reprendre ses marques et retrouver un toit et un travail. Aussi Arnaud les accueille-t-il dans un de ses appartements, où ils vivront d'abord en colocation avec Franck, ancien amant d'Arnaud, brillant directeur du centre de loisirs, en même temps que dealer - oui, il paraît qu'on peut parfaitement être compétent dans un travail qui nous met en relation avec des jeunes, donc un public vulnérable, tout en étant la plupart du temps raide défoncé et en vendant de la drogue la nuit dans les clubs. On peut même s'occuper très bien tout seul d'un enfant de 9 ans, quand la mère s'en va faire les boutiques et retrouver d'anciennes amies. Bref...
Tout cela ne pose aucun problème aux personnages, qui se gargarisent d'être aujourd'hui matures et équilibrés, jusqu'à ce que de nouvelles révélations surviennent, les confrontant à la fois à de nouvelles épreuves et à des secrets qui pourraient bien menacer l'équilibre du couple. Qu'est-ce qui primera : la révélation de vérités douloureuses propres à faire éclater les relations entre les personnages ou l'amour qui permet de tout transcender ?
Pour être franche, j'ai fini le livre, donc une ou deux choses m'ont suffisamment accrochée pour le faire. Le roman brasse des thèmes intéressants, comme l'homosexualité et son pendant social, la triste homophobie, qui perdure dans les milieux conservateurs, mais aussi au sein des familles, aboutissant au rejet d'un enfant, à des maltraitances psychologiques. L'homoparentalité est également abordée, d'une manière intéressante, si ce n'est, une fois encore, que je conseille une bonne cure de désintoxication à tout ce petit monde avant de prétendre prendre des responsabilités envers un mineur. La violence conjugale, enfin, est abordée à travers le personnage de Karine. Les personnages, quoique en partie vidés de leur substance parce qu'ils naviguent dans des sphères professionnelles ou noctambules factices, clinquantes, sont malgré tout attachants. Cela maintient une certaine curiosité quant à leur devenir.
Je considère toutefois que ce roman manque de réflexion préalable : il est écrit d'une manière linéaire, comme cela vient, même si je pense que l'auteur a pris soin d'intégrer des temps forts assez régulièrement et de poser des jalons à résoudre au fur et à mesure. C'est un type d'écriture spontanée qui aurait mieux fonctionné sous la forme d'un journal intime. Du reste, des maladresses d'expression(vocabulaire, passés simples erronés, erreurs d'accords) émaillent le récit de manière trop flagrante. Il reste surtout l'énorme décalage entre un genre annoncé (romance, fable) et les parti-pris de "choquer le bourgeois bien-pensant" (n'est-ce pas déjà un peu obsolète ?), avec des scènes de partouzes sur fond de house music et prise de drogues. Le choix du vocabulaire toujours le plus grossier possible même dans des scènes d'amour contraste du reste singulièrement avec les professions de foi gnan-gnan d'amour à paillettes dans les yeux. Est-ce que ce langage m'a choquée ? Pas en soi en fait, il ne m'a pas dérangée par exemple chez un Williams Burroughs dont j'ai lu toute l'oeuvre dans ma vingtaine - mais il ne s'accorde pas ici avec le projet d'ensemble. Quelque chose dans le pacte avec le lecteur ne fonctionne pas, est mal défini. A moins d'écrire uniquement pour aller au clash ou pour exorciser ses propres démons, ce roman représente une catégorie de gens tellement ciblée (Parisienne, aisée, noctambule, consommatrice de stupéfiants) qu'il risque fort de manquer un lectorat élargi. Et puis, il vaudrait mieux à la réception être à la fois doué d'un solide génie et totalement insensible à l'effet produit - j'espère que c'est le cas, au moins pour la seconde option.
Citations :
Aujourd'hui, en dehors de ses week-ends dévoués aux déesses Défonce et Fête, il avait gravi les échelons et dirigeait l'un des plus gros centres de loisirs du quartier. (page 10)
Parce qu'il avait gagné en aplomb, Arnaud avait appris à porter le masque des Parisiens : toujours vivre et ne rien laisser transparaître. (page 11)
Il leur donnait souvent pour contre-exemple le cas de ces nouveaux septuagénaires que le cinéma s'arrachait et ainsi leur proposait uniquement la chirurgie de l'essentiel. (page 20)
Elle avait besoin de pleurer une bonne fois pour toutes, sans doute sous l'effet du champagne. (page 32)
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