[Jaenada, Philippe] La femme et l'ours
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[Jaenada, Philippe] La femme et l'ours
Éditions Grasset
324 pages
EAN 9782246758419
Présentation de l'éditeur
Jadis, Bix Sabaniego ne se couchait jamais avant l'aube. On parle d'un temps où il n'était pas marié et père de famille. C'est un révolté placide, un enragé doux qui se rêve en tigre (ou en ours). Et puis, un jour, une dispute conjugale, et le voilà parti, sac écossais sur l'épaule, dans une errance fortement alcoolisé, un bad trip aux couleurs de tous les bars du canal Saint-Martin, puis par cercles concentriques, le Lutetia, le Lubéron, et enfin un banc à Monaco. Splendeur, décadence et résurrection d'un Don Quichotte dont les moulins à vent seraient autant de brunes à fortes poitrines et à cervelles réduites. Sur le chemin qui le mène en enfer, on croise toute une humanité fracassée, des compagnons de beuverie, gueules cassées et amnésiques, une fille-fantasme, un ours kidnappeur, un champion de poker qui perd sa vie par insouciance, et même un couple échangiste en bonne santé...
La touche Jaenada, c'est la drôlerie et le désespoir, la chute sans fin et la lumière, là-bas, au bout du tunnel. C'est un romancier moderne et rock : un menteur qui dit la vérité.
Mon avis
N'étant pas adepte du "binge reading", je n'avais pas prévu de replonger dans l'univers de Philippe Jaenada quelques mois à peine après la lecture d'Au printemps des monstres. Mais voilà, tout ne s'est pas passé comme prévu.
Si j'étais l'auteur, j'arriverais à remplir quelques pages d'anecdotes croustillantes et cocasses pour vous expliquer comment, alors que j'étais allée chez Emmaüs déposer trois paires de chaussures et chercher du tissu pas cher, je suis tombée sur un exemplaire de La femme et l'ours. Pas n'importe quel exemplaire, un exemplaire dédicacé par l'auteur, ce qui le rendait encore plus irrésistible. Voilà comment pour un demi-euro je me suis retrouvée à suivre le héros, Bix Sabaniego, dans ses pérégrinations entre Paris et Monaco, et à faire connaissance avec des compagnons de beuveries ou de rêveries.
Si j'étais l'auteur, je partirais - sac matelot à l'épaule, bien entendu - à la recherche de Rodolphe, à qui s'adresse la dédicace, pour comprendre le jeu de mots qu'elle contient - une référence obscure à base de bonobos - et pourquoi ce joli cadeau a échoué sur une étagère de livres d'occasion. L'enquête commencerait au Métro Bar, port d'attache du narrateur, qui est littéralement juste en face de chez moi. Je vous restituerais dans le détail mes rencontres avec tous les Rodolphe du Nord-Est parisien, qui m'assureraient l'un après l'autre n'avoir jamais rencontré d'écrivain.
Mais je ne suis pas Philippe Jaenada, et d'ailleurs ce n'est pas le propos, nous sommes ici pour parler de La femme et l'ours. Sur un autre site, j'ai trouvé une critique qui comparait ce livre au film After Hours de Scorsese, et j'ai été très vexée de ne pas y avoir pensé toute seule, tant le parallèle est évident et tant j'adore ce film. Les deux œuvres mettent en scène, dans une nuit dont on se demande s'il s'agit d'un cauchemar, un héros funambule qui sent devenir glissants tous les liens qui le rattachent au quotidien et à la normalité, et se demande s'il va basculer de l'autre côté, rejoindre l'univers des perdants plus ou moins magnifiques. Bref, c'est un livre dont je vous recommande vivement la lecture, avec peut-être une réserve : si vous êtes un·e ancien·ne alcoolique, vous risquez de souffrir le martyre. Je n'ai pas compté, mais je crois qu'il faut bien attendre une centaine de pages avant qu'une salutaire goutte de café vienne diluer l'océan de bières et de whiskies dont il est question au fil de cette histoire.
Enfin, ultime précision à l'usage de ceux qui trouvent horripilantes les nombreuses parenthèses (dans des parenthèses (dans des parenthèses)) qui émaillent habituellement les livres de Philippe Jaenada : vous ne les retrouverez pas dans ce roman. Il contient des digressions malgré tout, on pourrait même dire qu'elles constituent la matière première de l'ouvrage, mais elles sont accommodées d'une autre façon. Qui sait, peut-être les trouverez-vous à votre goût cette fois ? Je ne peux que vous encourager à tenter l'expérience.
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