[Yan, Lianke] Les jours, les mois, les années
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[Yan, Lianke] Les jours, les mois, les années
Titre : Les jours, les mois, les années (Nian yue ri)
Auteur : YAN Lianke
Traduction : Brigitte GUILBAUD
Parution : 2002 en chinois, 2009 en français (Picquier)
Pages : 160
Présentation de l'éditeur :
Une terrible sécheresse contraint la population d’un petit village de montagne à fuir vers des contrées plus clémentes. Incapable de marcher des jours durant, un vieil homme demeure, en compagnie d’un chien aveugle, à veiller sur un unique pied de maïs. Dès lors, pour l’aïeul comme pour la bête, chaque jour vécu sera une victoire sur la mort. Ce livre est d’une force et d’une beauté à la mesure de cette plaine couronnée de montagnes dénudées où flamboie un soleil omniprésent. Le roman de Yan Lianke est un hymne à la vie. La fragilité et la puissance de la vie, et la volonté obstinée de l’homme de la faire germer, de l’entretenir, d’en assurer la transmission. C’est un acte de foi, aux confins du conte et du chant, à la langue comme jaillie de la nuit des temps ou des profondeurs les plus intimes de l’être.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1958 dans une famille de paysans illettrés du Henan, Yan Lianke a d’abord été écrivain officiel de l’armée, avant de composer des œuvres puissantes et empreintes de liberté, souvent mises à l’index par la censure. « Je ne veux me rendre ni au pouvoir politique ni au marché. Je préfère garder ma dignité, même si cela signifie mourir de faim. J’ai cette conviction dans le sang. » Yan Lianke a reçu en 2014 le prix Franz Kafka pour l’ensemble de son œuvre.
Yan Lianke est d’abord traduit et publié en français avant d’être traduit dans plus de vingt langues.
Avis :
Un vieillard, que ses forces déclinantes ont empêché de partir avec les autres habitants du village, se retrouve seul pour affronter la sécheresse et la famine. Avec son chien aveugle, il tente de survivre, quelques jours, des semaines, puis des mois, luttant contre un soleil de plomb, une invasion de rats et même une horde de loups. Son seul gage d’avenir est de réussir à faire pousser, coûte que coûte, son ultime pied de maïs.
Le vieil homme, le chien et le pied de maïs : tel aurait pu être le titre de cette fable, que, connaissant la dissidence politique de Yan Lianke en Chine, il n’est pas très difficile de deviner lourde de sens.
Au premier degré, le récit est un conte tragique, aux consonances presque fantastiques. Deux pauvres créatures, de plus en plus exsangues, se retrouvent en butte à une série d’épreuves et de calamités d’une ampleur absolument inédite et dévastatrice. Quand tout le monde a fui, tous deux résistent avec l’énergie du désespoir, compensant leur faiblesse par leur détermination et leur ruse, repoussant jour après jour une échéance que tout désigne pourtant inéluctable. A la stérilité soudaine de leur terre, asséchée par l’implacabilité quasi surnaturelle d’un astre chauffé à blanc, s’ajoutent les féroces attaques d’ennemis organisés en bandes : sournoise marée de rats peu ragoûtants, dévastant tout son son passage ; sanguinaire horde de loups resserrant inexorablement son machiavélique et terrifiant encerclement. Luttant pied à pied dans un combat de chaque instant qui les emmène insensiblement vers demain, le vieillard et le chien unissent leurs efforts pour sauver la fragile pousse verte qui doit laisser une chance à l’avenir, si ce n’est le leur, peut-être au moins celui de la génération suivante, si jamais elle revient un jour au village.
C’est ainsi que derrière la silhouette du vieil homme solitairement obstiné à sauver son pied de maïs pour de futures semences, finit par s’imposer l'image de l’écrivain, s’évertuant à préserver de l’étouffement la modeste pousse de liberté qu’est sa parole dans le chaos et la violence de l’oppression, avec l’espoir qu’elle essaime et trouve un jour une relève, pour peu que tous les intellectuels de Chine osent faire de même.
Acte de foi en l’inaliénabilité fondamentale de la liberté, ce texte magnifique d’espoir et de poésie, porté par une langue de toute beauté, est un bouquet d’émotions sur l’autel de l’humanité bafouée par l’oppression. C’est aussi une œuvre admirable de courage, qui par bien des aspects, m’a fait penser à celles d’Ahmet Altan. L’un comme l’autre, ces deux écrivains continuent à faire entendre leur voix, malgré l’oppression subie dans leur pays respectif. Coup de coeur. (5/5)
Re: [Yan, Lianke] Les jours, les mois, les années
Et il succombe encore! C'est noté Cannetille. Merci merci merci You! XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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