[James, Henry] Washington Square
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[James, Henry] Washington Square
Titre : Washington Square
Auteur : Henry JAMES
Traduction : Camille DUTOURD
Parution : en anglais en 1881, en français dès 2002
Pages : 285
Présentation de l'éditeur :
New-York, milieu du XIXe siècle. Catherine Sloper est une jeune fille sans grande beauté et à l’esprit simple, mais elle est l’unique héritière du docteur Sloper qui a acquis une fortune importante. Lors d'un bal, elle rencontre le beau Morris Townsend. Il la courtise, elle tombe amoureuse et jure de l'épouser... Mais tiendra-t-elle son engagement, contre l’avis de son père qui menace de la déshériter, et le jeune homme est-il vraiment sincère ? Amour, argent et faux-semblants ; Washington Square, publié en 1881, dresse le portrait d'une société figée à l’aube d’une ère nouvelle.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Henry James est né à New York en 1843 dans une vieille famille de négociants et de lettres. Après des études à New York, Londres, Paris, Genève, il entre à Harvard, n'y termine pas son droit et commence très vite à publier des nouvelles dans divers journaux. En 1875, il s'installe à Paris où il rencontre Tourgueniev et Flaubert ; puis, en 1876, il choisit de vivre en Angleterre. En 1915, désespéré par l'indifférence de son pays qui n'est pas encore entré en guerre pour sauver la vieille Europe, il renonce à la citoyenneté américaine et meurt en 1916, citoyen britannique.
Avis :
Jeune fille naïve et assez quelconque, Catherine Sloper n’est pas de taille à résister bien longtemps aux avances du très séduisant Morris Townsend qui prétend l’épouser. Mais, suspectant ce par trop brillant soupirant de n’être qu’un vulgaire coureur de dot et d’héritage, son père, le Docteur Sloper, un riche et distingué veuf dont l’amour sans indulgence ni tendresse s’est toujours teinté de mépris pour cette fille si terne en comparaison de sa mère disparue, lui intime sans ménagement de rompre, sous peine de la déshériter. Après des années de soumission à la tyrannie et aux humiliations paternelles qui ont brisé sa confiance en elle, Catherine ose pour la première fois braver l’autorité du vieux despote. Elle réalise bientôt qu’il avait toutefois bien percé à jour son aventurier de fiancé...
Inspiré d’une histoire vraie, ce roman ne manque pas de cruauté. Dans ce New York de la fin du XIXe siècle où, comme le décrit aussi Edith Wharton, les anciennes et rigides valeurs aristocratiques héritées de la vieille Europe décadente se retrouvent peu à peu battues en brèche par le dynamisme d’une jeune Amérique encline au culte décomplexé de l’argent, s’affrontent deux mondes dont le plus égratigné par Henry James n’est pas forcément ici celui que l’on aurait pu escompter. Car, si, comme il n’en est guère fait mystère dès le début du roman, Townsend est bien un arriviste intéressé par un mariage d’argent, c’est bien plus encore le cynisme froid de l’implacable père et la frivolité stupide de la tante trop romantique, décidée à jouer les entremetteuses, qui occupent le coeur du récit avant de sceller le malheur de Catherine.
Cupidité égoïste d’un côté, orgueil méprisant et borné mais aussi inconséquence balourde de l’autre : la pauvre naïve qui croyait à l’intégrité et à l’amour tombe de haut lorsqu’elle réalise n’être finalement que le jouet des ambitions, des rivalités et des frustrations de tous, et que jamais, ni son prétendant, ni son père et sa tante, ne l’ont considérée et aimée pour elle-même. Se doute-t-on jamais de la gravité des blessures qui ont, un jour, décidé du sort de celles que l’on retrouve, bien des années plus tard, âgées et solitaires ?
La fine observation des comportements et des psychologies au sein de la société bourgeoise du XIXe siècle, aussi bien que l’art consommé de la narration et l’élégance de plume de l’écrivain, font de ce classique, par ailleurs chef d’oeuvre de cruauté, un incontournable coup de coeur. (5/5)
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