[Bennett, Brit] L'autre moitié de soi

Lu en juin 2022

Née en 1990 à Oceanside, en Californie, Brit Bennett est une écrivaine féministe afro-américaine. Elle vit et travaille à Los Angeles.
En 2013, le policier responsable de la mort de Trayvon Martin est acquitté. En 2014, les charges contre l'officier responsable de la mort d'Eric Garner sont abandonnées. À la suite de ces deux événements, elle publie sur un blog un texte intitulé « Je ne sais pas quoi faire des gentils blancs ». Elle y fustige l'antiracisme consensuel et inoffensif. Cet article fait le tour des réseaux sociaux et devient un livre, « Le cœur battant de nos mères », sorti en 2017.
Ce roman est son deuxième, sorti en 2020.

Présentation :

Dans la toute petite ville de Mallard, lieu n’apparaissant sur aucune carte de l’Etat de Louisiane, la population s’est obstinée, génération après génération, à tout mettre en œuvre pour éclaircir le teint de sa peau. Des Noirs fiers d'être presque Blancs. Les protagonistes, les sœurs Vignes, en sont un exemple : peau très claire, yeux marron et cheveux ondulés.
Lorsque leur père décède brutalement et dans des circonstances très violentes, alors que Stella rêvait d'être prof de maths et Désirée de découvrir le monde, la mère rentre à la maison en annonçant qu’elles n’iront plus au lycée. Les pauvres ont besoin de travail pour manger pas de faire des études.
Leurs rêves envolés, les jumelles qui n’ont que seize ans vont travailler chez une riche famille blanche. Mais comment supporter de nettoyer jour après jour leur saleté ? C'est pourquoi la sœur la plus déterminée, Désirée, convainc Stella de s'échapper de Mallard et de tenter leur chance à la Nouvelle-Orléans. Stella, une jeune fille timide et extrêmement prudente, suit sa sœur sans discuter. Elle aussi a une raison de partir mais je vous laisse la découvrir.
Le roman suit les traces des deux sœurs qui seront séparées trois ans plus tard quand Stella disparaît soudainement.
Là aussi je n'en dévoilerai pas plus.

Mon avis :

Brit Bennett parle ici du racisme, du dénigrement des peaux foncées au sein de la communauté noire elle-même, des classes sociales et même de l'amour d'une femme pour un homme transgenre. L'histoire d'une famille sur trois générations et cinq décennies dépeint l'évolution de la société américaine en termes de droits civils, de diversité, d'identité raciale et d’identité tout court, surtout quand on y ajoute la gémellité.
Elle nous fait réfléchir sur des questions telles que : Qui sommes-nous vraiment ? Pouvons-nous nous réinventer indépendamment de qui nous sommes et de notre entourage ou des aléas de la vie ? Pouvons-nous enterrer le passé sans qu’il ressurgisse de façon inattendue ?
Belle écriture, personnages parfaitement analysés, des retours en arrière qui ajoutent à l'intérêt d'une trame maîtrisée, voici une très intéressante découverte !

Merci Dulcie pour ta critique