[Rouart, Jean-Marie] La maîtresse italienne
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[Rouart, Jean-Marie] La maîtresse italienne
Titre : La maîtresse italienne
Auteur : Jean-Marie ROUART
Parution : 2024 (Gallimard)
Pages : 176
Présentation de l'éditeur :
Belle, jeune, légère, la comtesse Miniaci est au cœur d’une énigme historique de première grandeur. Quel fut son rôle dans l’évasion épique de Napoléon de l’île d’Elbe ? Sans elle, l’Empereur n’aurait pu tromper la surveillance de tous ceux qui guettaient le moindre de ses mouvements. Particulièrement le jeune colonel Neil Campbell, chargé par les Anglais d’empêcher sa fuite. Dans quelle mesure la passion de l’officier britannique pour la belle Florentine a-t-elle permis de déjouer les plans des puissances alliées engagées au congrès de Vienne dans des négociations aussi âpres le jour qu’agrémentées, la nuit, de fêtes, de complots et d’intenses échanges amoureux ? Cette passion torride entre le colonel et la séduisante comtesse ne fut-elle pas un piège ? Et tendu par qui ? Seule certitude, sans la comtesse Miniaci la formidable épopée des Cent-Jours, l’invasion d’un pays par un seul homme, n’eût pas été possible.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Membre de l’Académie française et grand connaisseur de l’épopée napoléonienne, Jean-Marie Rouart est notamment l’auteur de Napoléon ou La destinée (Gallimard, 2012).
Avis :
Fasciné par la légende napoléonienne au point d’avoir déjà consacré une biographie au grand homme, l’académicien Jean-Marie Rouart tire de l’ombre un personnage oublié de l’histoire pour en faire un ressort de l’évasion de l’île d’Elbe. Sans le rôle obscur de « la maîtresse italienne », « l’invasion d’un pays par un seul homme » et le retour au pouvoir de Napoléon pendant les Cent-Jours auraient-ils seulement été possibles ? Sous la plume émérite de l’écrivain, les petits détails de l’histoire s’avèrent passionnément décisifs.
Le 26 février 1815, celui qui fut le maître de l’un des grands empires au monde, mais qui, depuis sa première abdication neuf mois plus tôt, se retrouve assigné à résidence sur la minuscule île d’Elbe, théâtre ridicule de la réédition en modèle réduit d’une cour et d’un gouvernement sans plus d’objet, prend tranquillement la poudre d’escampette. Mais comment l’aigle encagé, surveillé comme du lait sur le feu tant il fait encore trembler tous les pouvoirs d’Europe, a-t-il pu si facilement s’échapper ?
Réduit dans le récit au seul dénominatif de proscrit, son ombre planant sur la narration comme sur le monde de l’époque, tout bruissant de complots, de renversements d’alliances et d’intrigues galantes dans un bal du pouvoir mené, parmi force retournements de veste, par Talleyrand et Metternich, celui que tous craignent et surveillent n’apparaît qu’en creux du portrait finement érudit de ses contemporains, au travers de leurs peurs, de leurs haines et de leurs ambitions. Les femmes ne sont pas en reste de ce marigot politique, où le pouvoir se dispute jusqu’au creux des alcôves, dans une effervescence de fêtes et de plaisirs étincelants. Parmi les reines de séduction règne en bonne place l’irrésistible comtesse Miniaci, coqueluche de Florence, dont Pauline Bonaparte dit : « [Son] nez eût été plus long, le sort du monde eût été changé… »
Toujours est-il que lorsque Napoléon réussit à prendre le large sans encombre, c’est précisément chez la belle comtesse, dont « on ne savait pas vraiment d’où elle venait, ni qui la protégeait, ni quelles étaient ses opinions », et non plus, à l’observer, « si elle [avait] été élevée dans le plus strict des couvents ou dans la plus huppée des maisons de plaisir », que l’auteur, laissant son imagination compléter les faits historiques connus, suppose que s’est fort opportunément rendu le colonel Campbell, officier anglais épris jusqu’à en négliger sa mission de surveillance de l’encombrant exilé. Quel rôle l’enjôleuse a-t-elle joué exactement ? Etait-elle acquise au camp bonapartiste ?
Avec un réalisme des plus sérieux et une érudition pleine d’humour, qui, entre analyse politique et savoureux portraits des puissants de l’époque, rendent la narration crédible et passionnante, Jean-Marie Rouart nous entraîne, à partir d’une péripétie romanesque de son cru, dans une rétrospective historique impressionnante de finesse et de profondeur. Ajoutons à cela une rare élégance de plume et voici un fort séduisant roman, à déguster sans modération. (4/5)
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