[Balzac, Honoré (de)] L'élixir de longue vie
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[Balzac, Honoré (de)] L'élixir de longue vie
L'élixir de longue vie
Honoré de Balzac
1830
55 pages
Lu en numérique
Honoré de Balzac
1830
55 pages
Lu en numérique
Résumé de couverture :
Dans un palais de Ferrare, le jeune Don Juan et le prince de la maison d'Este sont réunis pour un festin accompagné de sept jeunes et jolies courtisanes. Les jeunes gens discutent et Don Juan se plaint à sa compagnie de la longévité de son père, Bartholoméo Belvidéro, un richissime nonagénaire qui lui a toujours permis de vivre dans un grand luxe et sans jamais rien lui interdire. Lorsqu’on les interrompt pour prévenir le jeune homme que le vieillard est mourant, Don Juan se rend au chevet de son père qui lui révèle alors qu’il est en possession d’une fiole contenant un liquide qui permettra de le ressusciter.
(extrait du résumé Babelio - fiche du livre)
Mon avis :
J'ai dévoré cette nouvelle brillantissime, mais il est vrai que j'ai toujours été intéressée par la figure de Don Juan, notamment le personnage de Molière, auquel Balzac se réfère.
Dans une construction inversée des plus machiavéliques, Balzac fait de don Juan le jeune et séduisant fils d'un vieillard qui tarde à mourir, et qui, lorsque le moment vient, se méprend sur le sentiment de son fils et lui demande de le ressusciter avec l'élixir magique qu'il a conservé toute sa vie. Il a été un père aimant, indulgent, mais le résultat de son éducation est que le jeune Juan est égoïste, viveur, et surtout peu tenté de voir son père prolonger son existence...
Ensuite, eh bien, c'est la vie du don Juan "grand seigneur méchant homme" connu de tous que nous dépeint avec talent Balzac, vu surtout à travers son esprit libertin et son irréligion. Don Juan épouse dona Elvire, jeune Andalouse pleine de vertu, ils ont un fils nommé Philippe, et lorsqu'il arrive à la fin de sa vie, don Juan a tout prévu pour revivre, mais les choses se dérouleront autrement.
Il y a en germe dans cette nouvelle plusieurs thèmes balzaciens, comme la figure du père aimant ainsi que celle du Père Goriot, et la malédiction de l'immortalité que nous retrouverons dans La Peau de chagrin. Le sujet de don Juan donne à Balzac l'ampleur d'une cathédrale dans le volume d'une alcôve. L'écriture est éblouissante, ainsi cette scène de la triste mort du père de don Juan, ou encore la cérémonie finale de sanctification après le "miracle". Comme toutes les études philosophiques, la réflexion spirituelle ne manque pas, mais Balzac est également féroce dans l'observation des mœurs humaines, ici vers 1506 à la cour de Ferrare, cour raffinée mais cruelle et dissipée.
Je mettrais un seul bémol : celui de déployer un talent fou dans des moments étirés, les scènes dont j'ai parlé, mais de passer vite sur des aspects constitutifs du mythe, notamment ses relations avec les femmes. Il est vrai qu'une nouvelle ne permet guère de développer tout ce qu'on aimerait, et qu'il est contraint de styliser le récit, cela n'empêche donc pas un coup de cœur. 5/5
Citations :
La société humaine, qui marche, à entendre quelques philosophes, dans une voie de progrès, considère-t-elle comme un pas vers le bien, l’art d’attendre les trépas ? (Préambule, page 6)
Jamais sur cette terre un père si commode et si indulgent ne s’était rencontré ; aussi le jeune Belvidéro, accoutumé à le traiter sans cérémonie, avait-il tous les défauts des enfants gâtés [..] (page 16)
Il revenait à des sentiments de piété filiale, comme un voleur devient honnête homme par la jouissance possible d’un million, bien dérobé. (page 17)
En cherchant un asile dans le coeur de son fils, il y trouvait une tombe plus creuse que les hommes ne la font d’habitude à leurs morts. (page 23)
Modèle de grâce et de noblesse, d’un esprit séduisant, il attacha sa barque à tous les rivages ; mais en se faisant conduire, il n’allait que jusqu’où il voulait être mené. (page 34)
(…) et, par une singulière fatalité, il s’aperçut que les gens vraiment probes, délicats, justes, généreux, prudents et courageux, n’obtenaient aucune considération parmi les hommes. (page 35)
Il avait observé que nous ne sommes jamais si tendrement aimés que par les femmes auxquelles nous ne songeons guère. (page 38)
elea2020- Grand sage du forum
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