[Chandernagor, Françoise] L'or des rivières
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[Chandernagor, Françoise] L'or des rivières
Titre : L'or des rivières
Auteur : Françoise CHANDERNAGOR
Parution : 2024 (Gallimard)
Pages : 304
Présentation de l'éditeur :
Des rivières sauvages, des vallées sombres, des gorges, des torrents, des cascades, et, au creux des collines, un lac immense : dans un récit autobiographique, Françoise Chandernagor nous décrit la Creuse, pays des sources et des eaux qui inspira Claude Monet.
Pauvre, secrète et longtemps inaccessible, cette région du Massif central — dont, pendant trois siècles, les fils devaient migrer chaque printemps vers des chantiers parisiens pour survivre —, cette terre granitique vouée au chêne et au genêt, fut le paradis de son enfance. Une enfance à demi paysanne, placée sous l’égide d’un grand-père lui-même « maçon migrant ».
Dans un hameau de dix-sept feux, une enfance libre et buissonnière qui est à l’origine de sa vocation d’écrivain.
À travers le sort de ceux qu’elle a connus dans son village, et les changements économiques ou climatiques violents de ces dernières années, Françoise Chandernagor, avec son art de conteuse, montre la transformation de cette « île » hors du temps, son île battue des vents où, longtemps, on n’arrivait qu’à pied : « Eux savaient où était caché l’or vrai, et ils se promettaient qu’un jour ils reviendraient vers leurs landes familières, reviendraient dans leur village sans route, perdu entre Limoges et Clermont, pour y contempler chaque été, et jusqu’à en être aveuglés, les paillettes de soleil que nos vents fous arrachent aux rivières. »
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Françoise Chandernagor a publié une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels L'Allée du Roi, La Sans Pareille, L'Enfant des Lumières, La chambre, ou, dernièrement, la fresque historique La reine oubliée.
Avis :
Racines familiales, mémoires d’enfance et paysages aux mille sortilèges : la Creuse rude et sauvage lui tient tant au coeur que, chaque fois déchirée de la quitter, Françoise Chandernagor n’a eu de cesse de revenir s’y installer grâce à son métier d’écrivain. Dans un récit autobiographique aussi émerveillé que nostalgique, elle raconte cet attachement, égrenant ses souvenirs comme autant de pépites cueillies au plus secret des rivières de ce pays.
« C’est aussi cela, choisir la Creuse. C’est choisir la lenteur, le silence, la profondeur, peut-être la sérénité, sûrement pas la facilité. » Sortie major de l’ENA, passée par le Conseil d’État et grande dame des lettres membre de l’Académie Goncourt, Françoise Chandernagor n’a jamais oublié ses racines, profondément ancrées en terre creusoise, plus précisément en Haute-Marche, dans le nord du Limousin. Songeant à son grand-père, maçon de la Creuse émigré en région parisienne, elle évoque l’extrême pauvreté d’une terre accidentée, granitique et peu fertile – « Les seuls fruits qui vous seront donnés sont les fruits secs dont vous étiez écœurés, les glands, les noix, les châtaignes, et pour charmer le palais de vos enfants, vous n’aurez que les mûres des ronciers. » – qui, faute de nourrir ses habitants, contraignaient bon nombre d’entre eux à partir dès les premiers beaux jours s’embaucher sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics des grandes villes. Ce sont pourtant cette histoire et cette géographie longtemps ingrate, qui, classant la Creuse en tête des départements les moins peuplés et les plus pauvres de France, en ont aussi fait un coin de nature préservée, aux bois épais et aux bocages semés d’étangs et de demeures cachées, comme celle dont l’auteur a fait son refuge et son « théâtre d’illusions », s’attachant à y cultiver ce « parfum d’antan » au coeur de son identité.
De sa plume si élégamment chantournée, elle célèbre ainsi ce « pays secret », où elle possède « une maison secrète » : « une forteresse à l’intérieur d’une île ». Et de s’interroger : « Peut-être en va-t-il des hommes comme des arbres ? Certaines espèces semblent impossibles à dessoucher. » Se représentant insulaire de ce creux de France, elle décrit les « attaches invisibles », viscérales, qui la retiennent ici : l’histoire de ses ancêtres, les beautés âpres et sauvages de paysages qui ont attiré les peintres impressionnistes à la suite de George Sand, enfin les mille particularités locales dont elle nous délecte avec passion. Et puis, à la mélancolie du temps qui passe et la rapproche de la pierre tombale en attente au fond du parc de sa demeure, viennent finalement se mêler inquiétudes – lorsqu’elle voit ses arbres périr du réchauffement climatique – et accents de colère – quand les zadistes viennent « jouer aux gendarmes et aux voleurs » dans des forêts qui ne sont pas les leurs.
« La beauté, non seulement rend heureux mais rend bon : le cœur se remplit, se dilate, déborde, on éprouve le besoin de partager. Pour que ce cœur n’éclate pas, il faut l’ouvrir aux autres. Cette forme de générosité était familière aux Creusois d’autrefois, qui par ailleurs avaient si peu à donner ! » Elle caractérise à merveille cet ouvrage envoûtant, à l’écriture somptueuse, qui vous reste durablement dans l’esprit et le coeur. (4/5)
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