[Moulay, Sophie] Enquêtes post-mortem - Tome 2 : Mort en plumes

Titre : Enquêtes post-mortem - Tome 2 : Mort en plumes
Auteur : Sophie Moulay
éditeur : édition du 38
Nombre de pages : 196 pages

Présentation de l’éditeur :

De fantôme de maison à fantôme d’investigation, il n’y a qu’un pas que Roger Fournier n’hésite pas à franchir pour poursuivre ses enquêtes d’outre-tombe. Et bien que le luxe bourgeois ne soit pas au rendez-vous, le plaisir de retrouver Tovelle compense bien les petits inconvénients de la vie provinciale. D’autant que le fantôme se fait fort d’aider l’inspecteur et son adjoint à élucider un nouveau meurtre. Dans ce second opus, on retrouve le délicieux trio dans une ambiance années cinquante pour une enquête aussi passionnante que drôle.

Mon avis :

Me voilà, j’arrive ! Mais qui arrive donc pour aider l’inspecteur Tovelle ? Eh bien Roger Fournier, fantôme de son état. Les deux hommes se connaissent bien, sans se connaître vraiment. En effet, Tovelle a enquêté sur l’assassinat de Roger, et c’est avec joie que celui-ci rejoint celui qui a trouvé son meurtrier. Certes, la joie est tempérée par le fait que Tovelle exerce en province, à Poitiers : on ne peut pas tout avoir dans la mort.

Oui, l’humour est là, mais il permet de tempérer la gravité de la situation. En effet, le crime sur lequel notre trio sera amené à enquêter est particulièrement tragique : un enfant, Jean Chemioux, a été assassiné. Tous ses proches se retrouvent plongés dans l’affliction, chacun à leur manière, que ce soit ses parents, son frère aîné, moins doué, moins brillant que son cadet, ou la domestique de la famille. De cet enfant sur le point d’entrer dans le secondaire (et je répète bien « enfant », assez de ceux qui qualifient de « jeune homme » ou de « jeune fille » un être qui vient seulement de mettre deux chiffres au compteur des âges), l’on découvre son sens de l’observation, sa créativité, son regret aussi de quitter ses camarades de l’école primaire pour aller dans un établissement prestigieux. Oui, certains l’ont oublié, ou bien certains souhaitent que l’on retourne dans le passé, mais rares étaient les enfants qui quittaient les bancs de l’école primaire pour entrer au collège, la plupart obtenaient leur certificat d’études puis travaillaient, accomplissant des tâches plus ou moins ingrates. Bref, Jean était un enfant aimé et aimable, un enfant que l’on qualifierait aujourd’hui de « sociable », ce qui ne fait que souligner davantage la cruauté de celui qui l’a tué. Parallèlement, l’on découvre que des cambrioleurs sévissent dans la région, des cambrioleurs discrets, puisque jamais les chiens n’ont aboyé. Jean aurait-il découvert quelque chose, par hasard ? Mais un cambrioleur est-il forcément un meurtrier d’enfant? Spontanément, j’ai envie de dire « non », quelqu’un qui a volé en prenant soin de ne blesser personne, pas même un animal, me semble peu disposer à noyer un enfant.

Nous découvrons aussi la France de l’après-guerre, celle que l’on montre peu, celle des années 50, avant les changements mis en branle par les années 60. Nous découvrons que l’antisémitisme est toujours bien présent, que ceux qui sont revenus des camps ne sont pas forcément bien accueillis, comme s’ils étaient mis sur le même plan que ceux qui les avaient dénoncés : eux ont la « chance » que, pour la plupart d’entre eux, leur anonymat ait été respecté. La délation, sport national.

Tovelle, Laporte, et Roger mèneront leur enquête sans faillir. Ils m’ont donné envie de poursuivre le chemin avec eux et avec Marie-Charlotte, authentique voyante de son état.