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Les Textes de 2010 Empty Les Textes de 2010

Message par Invité Mar 9 Fév 2010 - 9:28

Voici déjà un premier texte: Celui de Morag

morag a écrit:Un petit goût de Myrtille…

"Pour beaucoup la myrtille n’est qu’une petite baie bleu-violacé, qui pousse sur le myrtillier .
Mais la myrtille est bien plus qu‘un simple fruit. « Je suis folle » me direz vous! Pas du tout, laissez moi vous raconter l’histoire de la myrtille :
Tout commença il y a fort fort longtemps, dans un pays fort fort lointain. Les premières lueurs du jours s’élevaient dans un ciel limpide. La forêt s’éveillait doucement, les arbres étiraient leurs longues branches, les oiseaux faisaient leurs vocalises et les ruisseaux commençaient à chanter.
La forêt se parait ainsi de ses plus belles couleurs, le vert des feuillages, le bleu de l’eau, l’or des rayons, le rouge des fraises sauvages, le noir des mûres…
Et au milieu de ce joli tableau vivaient de petits êtres : d’apparence humaine, de petite taille, avec des ailes de libellules, aussi rapide que le colibri, aussi gracieux que la biche. Les fées.
Chacun avait sa place, Lulle s’occupait de faire rougir les fraises des bois, Bellyne s’affairait à former de petites boules noir et les assemblait pour faire de jolies mûres et Filette peignait les nervures vertes des feuilles…
Seules une petite fée, Myrtille, passait ses journées à ronchonner : « Le vert n’est pas ma couleur, le rouge me donne la migraine, le noir est bien trop triste… J’aime le bleu mais le ruisseaux est bien assez grand pour faire son chemin tout seul… J’aime le violet mais les violettes sont trop pipelettes! »
Les autres fées n’en pouvaient plus d’entendre ses plaintes à longueur de journée! Elle se concertèrent donc pour trouver à cette petite fée une occupation à son goût. Ce ne fût pas une mince affaire : Elle refusa de peindre les points blanc sur les champignons, d’apprendre aux têtards à nager, de faire monter la sève dans les arbres et bien d’autres choses encore.
Elle avait décidé de s’occuper des fruits. Or, tous les fruits de la forêt étaient déjà associés à une petite fée, seule restait là des baies sauvages, noirs, sans aucune saveur. Elles poussaient sur des épines et personne ne voulait s’en occuper. Myrtille accepta tout de même. Mais arrivée devant le buisson, elle se rendit compte que la tâche allait être importante.
Elle se dit qu’il était tout de même possible d’en faire un joli buisson aux fruits savoureux. Elle commença par couper toutes les épines et à lisser les branches. Les feuilles étaient belles et douces une fois délivrées de ces bourreaux. Elle arrosa abondamment pour que les petites baies soient bien gonflées, mais elles n’avaient aucun goût. Alors elle écarta les feuilles, les blanches et dirigea un énorme rayon de soleil sur celles-ci afin qu’elles produisent du sucre.
Au bout de quelques jours, le buisson était d’une beauté à couper le souffle : Sous de jolies feuilles de velours se cachaient de grosses baies sucrée que le soleil avait parées d’une couleur bleutée.
Tous les habitants de la forêt accoururent pour voir ça, et goûter ses nouveaux fruits que l’on nomma Les Myrtilles.
Depuis ce jour Myrtille s’occupe sans relâche des fruits portant son nom. Et si aujourd’hui vous pouvez savourer ses petites baies si particulière, c’est qu’une petite fée bien compliquée a voulu se surpasser!"

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Message par Invité Mar 9 Fév 2010 - 20:58

Et voici un deuxième texte:

takac a écrit:Cher ami,

Paris,
Le 01/01/2010

Je commence bien sûr par te souhaiter mes meilleurs vœux. Que la vie t’apporte tout ce que tu espères. Bonheur, santé et tout et tout. Avec l’espoir que nos chemins se croisent régulièrement.

Le début d’année n’est il pas le moment de se retourner sur l’année passée. Rends-toi compte, il y a un an seulement, à cette époque, le doute s’installait. Au creux de mon estomac, aux bouts de mes doigts, et surtout dans mes pensées, mes rêves, mes cauchemars. Il s’y fait un nid douillet, se cache parfois mais pour réapparaitre plus fort, plus présent.

Depuis combien de temps suis-je abonné aux mouchoirs ? Depuis combien de temps mes M deviennent des B ? Et cette douleur diffuse ? Me laissera t elle un moment de répit ?

Et puis le diagnostic était tombé : CANCER ! Ces quelques lettres qui changent tout, ces quelques lettres qui font tellement peur. Tout s’était accéléré alors : opération, peur, traitement, risque, fatigue, stress, lutte, espoir…

Aujourd’hui, comment prendre du recul sur cette période de ma vie où tout s’est accéléré, où j’ai connu tous les sentiments à vitesse grand V ? J’ai gagné le premier combat mais ai-je gagné la guerre ?

Comment vivre aujourd’hui ? Comme avant ? Je ne peux pas, je ne veux pas oublier juste vivre avec. Profiter de la vie ? Mais ca veut dire quoi ? Comment faire ?

J’ai gagné la bataille mais je ne suis pas indemne. Je dois me retrouver, retrouver ma place de chef de famille, et réapprendre à vivre. Pourtant j’ai perdu quelque chose. Un tout petit rien je sais. Je risquais bien plus. J’aurais pu perdre la vue, j’aurais pu perdre la vie même. Je dois relativiser, je sais. Je ne veux pas me plaindre sans arrêt alors que j’ai eu beaucoup de chance.

Malgré tout cela, je paierais cher pour le retrouver. Bonheur du palais, bonheur de la vie, plaisir amer, plaisir sucré…Ah ce petit gout de myrtille, si tu savais comme il me manque !

Amicalement,
Ton ami dévoué

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Message par Invité Sam 20 Fév 2010 - 18:11

Et voici le texte de SARA2A. Merci à elle Les Textes de 2010 Icon_biggrin Les Textes de 2010 Icon_biggrin

SARA2A a écrit:
"-Nom?
- Lambert.
- Prénom?
- Romuald
- Adresse?
- Presbytère de Sainte Myrtille sur Aube.
- Date de naissance?
- 10 mai 1980
Le gendarme leva ses yeux de l'ordinateur sur lequel il avait rentré les renseignements nécessaires à l'ouverture de la procédure, je lui souris me demandant ce que cet homme avait en tête à cet instant précis. Je suis certain que c'était la première fois pour lui, interrogatoire d'un homme en soutane, il en aurait une bien bonne à raconter ce soir au bar de "L'Alouette".



Son métier était assez semblable au mien, recueillir une confession pour ensuite appliquer une peine, son travail était beaucoup plus simple que le mien. Il lui suffisait de transmettre son rapport à un procureur qui prendrait les mesures nécessaires pour entamer une procédure qui conduirait le pêcheur dans une geôle où il pourrait enfin expier sa faute. Moi je me contentais de recueillir des confessions et devait appliquer directement une peine qui se résumait bien souvent à quelques prières. Les pêcheurs étaient souvent absous de leur peine en sortant de l'église, leur culpabilité derrière eux ils s'en allaient vers de nouvelles fautes ...Et moi je restais dans ce lieu absurde froid, colorés d'images pieuses promesses incertaines d'un royaume éternel.


- Reconnaissez-vous les faits qui vous sont repprochés ?
- Oui, je les reconnais.


Oui je reconnais mes fautes, je suis un pêcheur par excellence. Quand Madame Mesrin est venue s'installer dans notre village ma vie a changé, tous les matins en ouvrant les tristes volets du presbytere les effluves des tartes à la myrtilles qu'elle avait l'habitude de confectionner très tôt le matin illuminaient mes journées.

Le dimanche pendant l'office elle irradiait l'auditoire, sa chevelure brune savemment coiffée, son parfum lourd et subtil, ses tenues affriolantes et élégantes couleur passion, à la fin de la messe elle s'empressait d'aller chez elle pour revenir avec une tarte de myrtilles encore tiède qu'elle m'offrait, aguicheuse un sourire aux lèvres de la même couleur que ces fruits diaboliques. C'était une femme plantureuse dont personne ne savait rien, une originale comme on en voit parfois débarquer venue d'on ne sait où, qui déclenche des désirs absurdes, des jalousies incontrôlables.

Au confessionnal le nom de cette femme revenait sur toutes les lèvres, épouses blessées par les désirs de maris émoustillés, hommes éperdus pour cette beauté semblable à celle des papiers glacés.


Un matin après avoir écouté Madame Bétancourt notre vieille institutrice démodée, je restais un moment assis sur le tabouret rembourré du confessional à ruminer sur la fadeur de la vie de cette pauvre femme acariâtre. Madame Mesrin était encore au coeur du débat, elle semait le trouble dans bon nombre de foyers, les épouses trompées ne cessaient de crier haut et fort qu'il fallait faire quelque chose pour débarrasser le village de cette femme diabolique, dénuée de scrupules qui prenait un malin plaisir à détourner leurs maris de leurs femmes.



Plongé dans mes pensées je la sentis avant de l'entendre, l'odeur des fruits rouges atteignit mes narines comme une déchirure.Le froufrou de sa robe quand elle s'assit caressa mon oreille d'une façon immorale. Elle me débita sa vie d'un ton savoureux, ses pêchers étaient charnels et tellement troublants. Elle me voyait comme son sauveur, comme quelqu'un qui ne pouvait pas la juger mais seulement l'écouter et lui apporter un peu de compassion dans ce patelin perdu et arriéré où elle était venue chercher un peu de compréhension. Etait-ce de sa faute à elle si tous les hommes lui couraient après, était-ce un crime de les consoler d'une femme un peu trop rigide. Je la laissai se vider de son babillage immonde.



Lorsqu'elle sortit de l'isoloir sombre je lui pris fermement la main et la conduis dans la sacristie, alors qu'elle contemplait la pièce d'un air emerveillé je saisi le plus gros, le plus loud de tous les calices exposés sur l'étagère de préparation du service divin. Elle tomba lourdement libérant une odeur de myrtille tiède et aigre. Dans le tiroir du bureau je trouvai le scalpel souvenir d'un passé lointain dont je me servais pour gratter les joints de la salle de bain. Tout en la découpant je récitais les prières de mon enfance celles que ma mère m'avait apprises chaque soir avant de partir faire le bonheur de hommes esseulés sur les trottoires parisien.




Au dîner, pour célebrer la délivrance de ma paroisse je me délectai de son coeur qui avait un petit goût de myrtilles........



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Les Textes de 2010 Empty Textes de Mars/Avril 2010

Message par Invité Mer 7 Avr 2010 - 22:00

Voici donc le premier des textes de cet atelier du printemps...

Merci à Apifite!! Les Textes de 2010 Icon_biggrin

Les avis se donnent ici.

Apifite a écrit:"Le livre interdit

Au milieu des fumigènes et des cris, la foule se dispersait bruyamment devant la charge des CRS. Du haut du toit de l’immeuble, Victor contemplait le gâchis. Il s’interrogea « Est-ce que ça en vaut la peine ? ». C’était pourtant lui le leader de la contestation contre la présidence, mais devant le sang et les larmes des affrontements qui s’étaient déroulés sous ses yeux, il s’était mis à douter.
Tout avait commencé par une radicalisation brutale du pouvoir. Telle une diva capricieuse, le vieux président s’était mis à n’en faire plus qu’à sa tête, au point de faire arrêter tout ceux qui ne pensaient pas comme lui. La liberté d’expression s’était réduite comme peau de chagrin, et le mécontentement populaire avait cru à mesure que les prisons se remplissaient. Victor travaillait alors dans la police de la capitale. Il avait mené la contestation quand les premiers camarades refusant d’obéir avaient été radiés et il avait été mis à pied à son tour. Il ne pouvait pas en vouloir à ses ex-collègues restés dans le rang : ils avaient tous des familles à nourrir. Lui qui quelques mois plus tôt avait voué sa vie à servir l’ordre public, avait rejoint un groupe d’opposants au régime. Il était devenu le chef des insurgés avant tout par ce qu’on avait confiance en lui : il savait s’exprimer, sa simplicité, sa droiture et son abnégation étaient appréciés de tous.
De meeting en manifestations, le nombre des mécontents avait cru, au point de mener le pays au bord de la guerre civil. Seule la fidélité de l’armée au pouvoir en place préservait ce dernier d’une fin brutale. Son mouvement discutait depuis 15 jours en secret avec les généraux mais malgré les assurances données, les militaires refusaient toujours obstinément de lâcher le vieux président. Jetant un dernier coup d’œil à la place où s’affairaient maintenant les ambulances, Victor s’en alla en soupirant.

Deux jours plus tard, les militaires avaient fait savoir à Victor qu’ils se rangeaient enfin du côté du mouvement populaire. Ils avaient tenté d’arrêter le Président, mais ce dernier s’était suicidé juste avant leur arrivée. Ses partisans avaient alors fuis comme une volée de moineaux. Victor avait été élu à la tête du gouvernement nouveau par une population en liesse. Arrivé au palais présidentiel la veille, il s’affairait à faire le tri dans les dossiers du défunt tyran. Une enveloppe dorée portant la mention « au nouveau président » attira son attention. Elle contenait un livre. Sa couverture jaunie portait le titre « LE LIVRE INTERDIT ». Sous le titre était précisé : « Ce livre est exclusivement réservé aux dirigeants de notre nation. Toute diffusion incontrôlée mettrait gravement en péril les fondements même de notre patrie, semant le trouble dans les esprits et la discorde entre nos concitoyens » et c’était signé R. Forestier. Rupert Forestier, le père de la nation qui avait, voici 150 ans, libéré le pays de ses vieux démons et amorcée une ère de paix et de croissance quasi ininterrompue jusqu’à ce jour.
Intrigué au plus haut point, Victor commença la lecture. Le soleil était couché depuis bien longtemps quand il finissait le dernier paragraphe : « Mon cher Président, si comme je le crois, c’est la volonté indéfectible de servir vos concitoyens qui vous a conduit aux commandes de notre glorieuse nation, alors gardez à l’esprit mes conseils : la sagesse nécessaire pour gouverner ce pays ne saura jamais s’accommoder d’un règne vieillissant ou du mirage de la continuité politique des idées ; elle ne pourra naître que d’une rupture qui conduira le peuple à se choisir un champion capable de mettre en œuvre ses aspirations dans l’élan de la ferveur populaire. Cela a été le cas à mon époque, de même que jusqu’à ce jour puisque vous lisez ces lignes. »
Victor reposa le livre, stupéfait. Sur un coin du bureau, il avisa un portrait de l’ancien président qui lui lançait un regard narquois. Victor sourit à la photo, remis le livre dans l’enveloppe et glissa cette dernière dans sa poche : il avait du pain sur la planche !

Apifite 07/04/2010

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Message par Invité Jeu 8 Avr 2010 - 23:02

Et voici le texte de morag Les Textes de 2010 Icon_biggrin Les Textes de 2010 Icon_biggrin Les Textes de 2010 Icon_biggrin

morag a écrit:Le livre interdit

« C’est le moment ou jamais ».
Il fait noir dans la maison. Tout le monde dort. J’entends des respirations régulières derrière la porte d’en face. Le plus dur est devant moi.
Je prends soin de retirer mes pantoufles pour ne pas faire de bruit, et me glisse hors de la pièce ; Mais le vieux plancher à décider de m’embêter… A chacun de mes pas il pousse une longue plainte, accélérant les battements de mon cœur et dressant mes oreilles à l’affût du moindre bruit. Quand enfin j’arrive au bout du couloir, il me semble que le silence est plus pesant, tellement pesant que mes oreilles bourdonnent. Soudain, des bruits de pas ! Je me jette dans un coin sombre et retiens ma respiration. J’aperçois l’ombre mouvante sur le mur, une porte claque et un drôle de bruit emplis le couloir. Le silence de plomb accentue ce clapotis ; ce n’est rien… Quelqu’un se vide la vessie. Il s’est enfin recouché, mais c’est seulement quand résonne à nouveau les ronflements que je reprends mon périple.
Je m’engage dans l’immense escalier, dont chaque marche est recouverte d’une épaisse moquette. Je vais pouvoir accélérer le pas. La dernière marche est en vue ! Mais je ne vois pas ce bout de moquette qui agrippe mon gros orteil… Je bascule en avant, essaye de me rattraper à la rampe mais mes doigts glisse… Je heurte le sol dans un fracas assourdissant, je n’ose plus bouger. Je reste allongé, la joue contre le bois rugueux. Je ne suis pas étonnée d’entendre quelqu’un arriver en bas de l’escalier. Mais sur le pallier sombre je suis invisible. Il monte quelques marches.
« Je suis perdu ! »
Quelque chose de doux passe près de moi, me frôlant dans un ronronnement… Le chat ! Il descend lentement l’escalier.
« Il n’est pas possible ce chat ! Allez dehors ! » Un miaulement, une porte qui claque… De nouveaux ces ronflements. Je me relève doucement.
J’ai presque atteint mon but mais il me reste une dernière épreuve. La porte est là, devant moi. Une grande porte en bois blanc, avec une petite pancarte : « Ne pas déranger ».
Je pousse la porte, qui grince légèrement. Sa respiration est calme, une mèche de cheveux blonds dépasse de la couverture. La pièce est rangée : un petit bureau sur lequel un ordinateur est resté allumé, une commode où trône des bouteilles de parfum et des tubes de crème. Le mur est tapissé de posters (« ridicules ! ») et quelques babioles traînent sur le tapis rose (un Ipod, une lime à ongle, un téléphone portable…).
Je sais où trouver ce que je cherche. Je rampe jusqu’à la table de nuit, et ouvre le tiroir. Je me retiens de rire en énumérant son contenu (« vraiment ridicule ! »). Et je le vois ! Là au fond du tiroir, sous un tas de photos idiotes. « Le livre interdit » ! Je le saisis et me faufile hors de la chambre.
J’ai réussi ! Je l’ai enfin entre les mains ! La couverture est douce, la reliure un peu abîmée. Je me délecte de ma victoire, je reprends mon souffle avant de repartir vers mon repère.

Je me souviendrais longtemps de ce jour, ou plutôt de cette nuit… celle où j’ai volé le livre interdit … Celle où, surmontant toutes mes peurs, j’ai dérobé le journal intime de ma sœur !

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Message par Invité Mar 13 Avr 2010 - 21:43

Encore un texte, de Sara2a cette fois-ci. N'hésitez pas à faire pleuvoir les commentaires Les Textes de 2010 Icon_biggrin

Le Livre interdit.

Je m'appelle Blanche, j'ai vingt-sept ans....et je suis une voleuse.
Pas une voleuse à la petite semaine, une vrai voleuse professionnelle, et je ne vole que des belles choses. Mes terrains de chasse les demeures classes avec ou sans système d'alarme, avec de bon gros vilains toutous j'adore.
J'ai des clients fidèles, pas de vulgaires receleurs de bas quartiers mais plutôt des gens pleins aux as qui veulent toujours ce qu'il ne peuvent pas obtenir de façon légale.
J'habite un petit quartier en banlieue parisienne où je n'ai pas d'amis, pas d'ennemis juste des gens que je croise au fil des jours qui me sourient souvent et qui parfois me demande comment va la vie. La vie est belle sans attache, sans rêves, sans compromis, juste penser au lendemain à mon chat Nixon et mon poisson rouge Indira.
Ce matin là alors que je revenais d'un footing mon portable fit entendre sa douce mélodie:
-Mademoiselle Blanche, je suis Edgard !
Edgar ? Oui bien sûr un de mes clients m'avait adressé un mail la veille en me recommandant cet Edgard qui à priori paierait cash pour un boulot dans mes cordes. Après tout je n'avais pas fait grand chose ces deniers temps et la chaudière du vieil orphelinat qui m'avait vu grandir venait tout juste de rendre l'âme. Je mémorisais rapidement l'heure et le point de rendez- vous. J'avais tout juste le temps de prendre une douche.
Une heure après j'attendais mon nouveau client dans un petit café sur la place Montmartre.
Je n'aime pas cet endroit, tous ces touristes ridicules qui violent toute la poésie et la pureté de l'endroit.
Perdue dans mes pensées je remarquai au dernier moment une jeune femme qui s'installait à ma table, elle scrutait la foule comme si elle fuyait quelque chose.
- Vous êtes Blanche ? Me souffla t elle .
- Oui mais vous n'êtes pas Edgar si je ne m'abuse.
- Il a eu un contretemps.
- Je n'ai pas l'habitude de travailler par personne interposée.
- Cette affaire me concerne autant qu'Edgard, je suis sa sœur Emma!
- Essayons de ne pas perdre notre temps, dites moi ce que vous voulez que je récupère, où se trouve l'objet et le délai dont je dispose pour réaliser le contrat. Je vous donnerai mon tarif et l'affaire sera conclue. Trente pour cent à la commande pour mes frais et le reste quand je vous remettrai le trésor.
- Ce n'est pas un trésor, c'est un objet maléfique, un objet qui doit absolument être détruit au plus vite.
- Je n'ai pas besoin de ces précisions, je ne suis pas regardante je veux juste savoir si je peux répondre à votre requête et si vous acceptez mon prix le reste ne me concerne pas!
-Bien, il s'agit d'un livre, il se trouve à l'Orphelinat des deux Croix à Drancy.
Mon sang ne fit qu'un tour, elle venait de nommer l'endroit où j'avais été placée 20 ans auparavant ! Je conservais mon calme, stoïque, je me tournai vers elle et la dévisageai méticuleusement. Elle avait un visage d'enfant empreint de douceur, les yeux rougis d'avoir pleuré, son rimmel avait coulé et comblait ses rides. Ses lèvres tremblaient légèrement et je sentais l'envie lancinante qu'elle avait de parler . Mais je n'étais pas là pour cela ! Je lui demandais de me décrire l'ouvrage et elle me confia une enveloppe . Contrairement à mes habitudes, je lui dis que je devais réfléchir et que je l' appellerai le lendemain pour lui confirmer si j'acceptai le contrat.
- Vous m'appellerez n'est-ce pas ? Il faut que vous m'aidiez vous êtes ma dernière chance...
Je me levai et parti rapidement sans lui répondre et sans me retourner, elle m'avait communiqué son angoisse, à moi Blanche la reine de l'impassibilité. Cette histoire ne me disait rien qui vaille, et pourtant le fait qu'elle ait évoqué l'orphelinat ,mon orphelinat là où je m'étais construite à la dure ne pouvait pas me laisser de marbre. Quel était donc ce livre qu'elle avait évoqué comme étant un maléfice ? Je jetais un coup d'œil à ma montre, Bon Dieu comment les heures pouvaient-elles passer aussi vite. Je décidai de faire un saut à l'orphelinat, après tout je comptais m'y rendre prochainement afin de rassurer Romain, avec qui nous avions longuement discuter peu de jours auparavant, il était très préoccupé : cette maudite chaudière qui venait de rendre l'âme, le nouveau pensionnaire qui lui donnait du fil à retordre , les nuits infernales que lui faisaient subir les enfants qui se plaignaient d'entendre d'étrange bruits qui les empêchaient de dormir, l'infirmière « acariâtre » qui ne cessait de se plaindre parce qu'elle ne savait plus où donner de la tête pour soigner des maux qui selon elle étaient le fruit de l'imagination des gosses.
Nous étions en plein mois d'août la circulation était fluide, j'arrivai rapidement à l'orphelinat. En ôtant la visière de mon casque je fut instantanément surprise par l'obscurité qui surplombait la ville alors qu'une demi-heure plus tôt je baignais dans un soleil éclatant.
Un adolescent était assis sur les marches du perron, les yeux fixés sur ses mains vides posées sur ses genoux comme si les paumes de ses mains reflétaient une image pieuse. En m'approchant j'entendis ce qui me semblait être une douce litanie, la voix était rauque malgré sa faible intensité, les lèvres du gosse ne bougeaient pas il ne semblait pas s'être aperçu de ma présence. J'hésitai un moment à le réveiller de ce qui ressemblait être une transe et posai doucement ma main sur son épaule que je retirai aussitôt. Son regard me glaça, ses yeux n'étaient pas ceux d'un enfant.
-Salut, je suis Blanche , je suppose que tu es Sacha ?
-A ti tambien te empujaran y no podras salvarte....( Ils te pousserons toi aussi et tu ne pourras pas te sauver)
-Désolée je ne comprends pas un mot d'espagnol !
Il jeta un regard sur ses mains sembla déçu et releva la tête, ses yeux me dévisagèrent, ils étaient différents comme s'ils avaient recouvré leur innocence.
-Bonjour je m'appelle Sacha. Vous êtes la dame qui va nous apprendre la musique?
-Non , je suis Blanche j'ai grandi ici et je viens régulièrement discuter avec Romain, je n'enseigne rien, par contre j'organise pleins de sorties et j'espère que tu seras des nôtres pour la prochaine.
-On verra , répondit-il d'un ton bourru et il tourna les talons et parti vers l'arrière de la bâtisse.
Je frissonnai et contemplai à nouveau le ciel, les nuages aux formes curieuses continuaient à obscurcir le ciel.
Romain était dans son bureau appuyé contre la fenêtre:
-Salut Romain ! Je ne te dérange pas j'espère ?
Il se retourna et mon cœur se serra, il avait une mine épouvantable, des cernes sous les yeux, et malgré tout un sourire inonda son visage lorsqu'il me vit .
J'entourai son corps énorme de mes bras et le serrai contre moi.
-Mais tu es brûlant ! Alors qu'il fait glacial ici, tu as appelé le plombier pour la chaudière ? Lui dis je lui tendant une liasse de billets qu'il accepta d'un air résigné.
-Oui, ils m'ont encore promis de passer avant ce soir..., je te remercie Blanche pour tout ce que tu fais. Je suis un peu crevé, la nuit a été longue, les enfants n'ont pas dormi et je ne savais plus où donner de la tête.
-Toujours cette histoire de bruits ?
-Oui, l'orphelinat a vraiment besoin d'une rénovation de la cave au grenier, mais mes demandes de subventions restent lettres mortes.
-Tu sais que je suis là Romain, et je reste persuadée qu'il faudrait carrément raser cette vieille bicoque et reconstruire un bâtiment sain et moderne.
-Tu as sûrement raison , dit il tristement. Il se laissa tomber sur son vieux fauteuil élimé et se prit la tête entre les mains.
Je frissonnais une nouvelle fois j'avais l'impression que la température ne cessait de baisser malgré ma combinaison de moto.
-Que dirais tu si je passais la nuit ici , je rentre régler quelques affaires et ce soir c'est moi qui prends en charge les dortoirs ça te permettrait de te remettre d'aplomb !
-Je ne savais pas comment te le demander Blanche et j'avais également autre chose à te demander je t'ai parlé de cet enfant , celui qui est arrivé la semaine dernière, je n'arrive pas à le cerner, il ne parle pratiquement pas je te donnerai son dossier ce soir si tu veux bien pour que tu puisses t'imprégner de son histoire, il n'a pas eu un début facile dans la vie mais je ne t'en dis pas plus tu te feras ton idée toi même. Sauve toi et reviens vite.
-A toute à l'heure.
*********
Arrivée à la maison, je me changeai rapidement, j'étais encore irradiée par l'ambiance froide de l'orphelinat et ressentais une sourde angoisse en repensant à Romain. J'aurai voulu pouvoir effacer tous ses problèmes d'un coup de baguette magique comme il avait su le faire pour moi, il avait toujours été là pour moi. Petite fille triste et barricadée dans ma bulle il était la première personne avec qui je m'étais sentie bien à l'orphelinat. Romain avait quelques années de plus que moi, son père dirigeait l'établissement lors de mon arrivée, pour Romain fils unique et orphelin de mère l'orphelinat était une maison où il s'était découvert plein de frères et de sœurs, la joie de vivre et l'optimisme coulaient dans ses veines et contaminait tout ce qu'il touchait. A la mort de son père alors qu'il entamait sa quatrième année de droit il avait décidé de plaquer ses études et reprendre le flambeau afin de poursuivre l'œuvre de son père. C'était mon frère, c'était mon confident, ma moitié et pourtant nous étions si différents.
Je m'installais confortablement sur le canapé et décachetai l'enveloppe que m'avais remise la sœur d'Edgar. Une photo de famille dans une bibliothèque un peu jaunie par le temps , un homme figurait au premier plan, à sa droite une femme dont la beauté éclairait le décor sobre de la pièce. Sur les genoux de l'homme une enfant au sourire éclatant près d'eux un jeune garçon au regard triste. Derrière eux une étagère croulait sous de nombreux ouvrages. En son centre on distinguait des photos .J'attrapai une loupe et scrutais un moment les détails qui m'avaient échappés au premier regard. La femme était enceinte, mais bizarrement elle manquait de l'épanouissement que fait naître une prochaine maternité. L'homme donnait une impression de puissance et d'autorité, autour de son cou je distinguais une chaine à laquelle pendait une clé, ce bijoux était quelque peu curieux autour de son cou. La petite fille avait des yeux magnifiques et c'était la seule qui semblait réellement heureuse dans le tableau. Le petit garçon quant à lui avait l'air terrifié et peu désireux de poser. Sa mère lui tenait la main fermement. Je passais la loupe sur l'étagère de la bibliothèque et remarqua l'ouvrage, il était placé dans une boîte en verre cadenassée un sentiment de déjà vu raisonna au fond de ma mémoire, curieusement je pouvais presque ressentir la texture de la couverture de cuir vieillie par le temps, l'odeur de moisissure emplie mes narines et une nausée se dispersa dans mes entrailles. Je remis la première photo dans l'enveloppe et examinais la seconde, le même homme dans un jardin assis à une table en compagnie du père de Romain !!! La petite fille assise à ses pieds entourant ses jambes d'un air boudeur. Et le livre posé sur la table au milieu d'une théière et de quelques tasses. Je retournai la photo , aucune marque, aucune dédicace.
Mon cerveau était en ébullition, que signifiait cette mascarade, le plus simple aurait sans doute été d'appeler Emma mais pour lui demander quoi? Il était contre mon « éthique » de questionner mes clients sur leur désirs, mais dans le cas présent j'avais vraiment l'impression d'être concernée par cette histoire. Cette petite fille me rappelait quelqu'un , et pourtant les photos semblaient avoir été prises longtemps auparavant. Plutôt que de questionner Emma je pris le parti d'emmener les photographies avec moi et de les montrer à Romain peut-être lui évoqueraient- elles des souvenirs, peut-être se souviendrait de quelque chose.
Une note dactylographiée était jointe aux photos je la parcouru rapidement elle faisait une description détaillée du livre et confirmait qu'il se trouvait à l'orphelinat des deux croix, elle précisait que le Directeur avait refusé à plusieurs reprise de rendre l'ouvrage à Edgard et Emma alors qu'il appartenait à leur famille depuis plusieurs générations.
Un calme inquiétant régnait à l'orphelinat, tout le monde semblait être réunis dans le réfectoire, duquel l'odeur de soupe s'échappait. Je montait au dernier étage où se trouvaient les chambres de Romain et des employés pour y déposer mes affaires. En ressortant de la chambre je m'aperçus que la trappe d'accès aux combles était entre-ouverte , j'attrapais un escabeau et montais au grenier. Une odeur de pourriture s'y était installée , les murs semblaient suinter d'un liquide sombre et gluant semblable à du miel, la pièce semblait éclairée par une lumière fluorescente qui émanait d'un coin au fond du grenier.
Sacha se retourna et m'observa un moment, les ombres projetées sur son visage lui donnait l'air d'une icône religieuse, des larmes coulaient de ses yeux, des larmes dont la couleur me semblait indéfinissable, derrière lui la lumière continuait de se répandre , elle émanait d'un coffre, je m'en approchais lentement, Sacha se leva et je sentis sa main fiévreuse dans la mienne. Je me penchais sur le coffre et me saisi du livre interdit que je reconnus immédiatement en le refermant brusquement. Sans un mot, nous quittâmes le grenier, il résonnait en moi des prières que je ne comprenais pas et pourtant ces mots semblaient me calmer.
Nous descendîmes jusqu'à l'office, Romain nous aperçut et nous rejoignit l'air inquiet. Je sentais la chaleur du cuir entre mes mains, comme s'il s'était agit d'un objet de chair et de sang, ce livre vivait.
-Blanche nom de Dieu, que ce passe-t'il? Son regard s'arrêta sur le livre- Où as-tu trouvé ça ? Pourrais tu m'expliquer?
-Romain, qui suis-je ? Je venait de comprendre, cette petite fille sur les photos, ce regard que me renvoyait les miroirs depuis toujours.
-Blanche, tu n'aurais jamais du toucher à ce livre, Blanche je...je ne sais pas ce qu'il faut faire maintenant. Je voulais t'en parler mais tu ne m'en as pas laisser le temps.
Sacha me serrait la main et gémissait .
-Romain qui suis je?
-Je vais te raconter ce que m'a confié mon père sur son lit de mort Blanche mais je n'ai pas toutes les réponses, tu as été déposée à la porte de l'orphelinat alors que tu n'étais qu'un nouveau-né, près de toi se trouvait ce livre et une lettre, mon père a lu cette lettre et a suivi les instructions qui s'y trouvaient il est parti en voyage avec toi. Il n'a pas tenu à m'expliquer ce qu'il avait fait pendant cette longue période, car il ne voulait pas obscurcir mon âme a-t'il dit, il a selon lui essayer de te sauver. Vous êtes revenus et tu as été très vite adoptée par un couple qui avait un jeune garçon Egard. Puis un jour , tu es revenue accompagnée de l'homme qui t'a adopté, il a longuement parlé avec mon père j'ai entendu qu'ils se disputaient j'entendais des mots que je ne comprenais pas à l'époque « maléfices » »exorcisme » »possession » et puis l'homme est reparti sans toi. Mon père n'a jamais voulu me donner les raisons de ton retour, par contre il m'a donné ce livre et m'a supplié de ne pas le détruire quoi qu'il arrive, parce que si cela arrivait tu disparaitrais avec lui. Il a longuement insisté pour que personne n'ouvre jamais ce livre car si cela se produisait alors le malheur s'abattrait de nouveau sur la famille qui t'avait adopté et sur cet endroit. Les années ont passé j'avais presuqe oublié ce livre que j'avais enfermé dans un coffre eu fond du grenier. Et puis Sacha est arrivé, c'est un enfant triste qui ne parle pratiquement pas, depuis son arrivée des phénomènes étranges ont commencés, les bruits qu'entendent les enfants je les entends aussi, ce sont des pleurs des gémissements des voix qui ne crient qu'un seul nom le tien Blanche. Un soir j'ai découvert Sacha qui montait au grenier, je l'ai suivi lorsqu'il a ouvert le livre les bruits se sont tus. J'ai eu l'impression que lui et le livre ne faisait plus qu'un. Le soir suivant il y est retourné j'ai tenté de lui en défendre l'accès sans succès une force invisible m'a empêché de l'y suivre. Ton ancienne famille d'adoption est venue me voir à plusieures reprises, ta soeur et ton frère d'adoption qui semblaient souffrir d'un mal terrible voulaient récupérer ce livre pour le détruire car ils étaient persuadés qu'il avait été réouvert et que la malediction était revenue s'abattre sur eux. Je ne sais plus quoi faire Blanche.
Je ne savais que penser, je serrai fermement le livre, il m'appartenait, je lui appartenais et Sacha faisait également partie de nous à présent.
Qui étais-je? Qu'est ce qui me liait à ce livre? Pourquoi Sacha l'avait il réouvert?
Ma quête ne faisait que commencer, ...

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Message par Invité Mar 13 Avr 2010 - 21:45

Et voici également un texte de Takac Les Textes de 2010 Icon_biggrin Les Textes de 2010 Icon_biggrin :

Le livre interdit

Ma tête est lourde. Un gout de sang envahit ma bouche. Mes bras ? Mes jambes ? Je ne les sens plus ! Du calme. Essaye de réfléchir. Où suis-je ? Comment suis-je arrivée ici ?
Allez, j’essaye. Mes doigts bougent. Mes pieds aussi. Tout à l’air en place de ce côté-là. Je réussis péniblement à m’asseoir. Un anneau encercle mon crâne et semble vouloir l’écraser en petites miettes.

Rien autour de moi, ne me semble familier. Que s’est-il passé ? Les souvenirs reviennent par brides. Le camion, la traversée, l’accident.

Je ne dois pas être mort puisque je ressens à présent chaque particule de mon corps comme si des milliers d’aiguilles l’avaient transpercé. Je me relève péniblement. J’arrive à marcher. Je me dirige vers la lumière. Qu’y a-t-il au bout ? Le paradis ? Le jugement dernier ?

Ah non, juste un kiosque à journaux. Je ne dois pas être mort alors. Juste transporté dans un autre monde ? Comment ça juste transporté ? Ce n’est pas possible. Je dois être dans le coma. Sous morphine et je délire. Oui c’est ça, je suis sous morphine à l’hôpital et ma chérie, ma mère sont là. A pleurer et à me tenir la main. En tout cas, la ville n’a pas l’air si effrayante. Pourquoi ne pas faire un petit tour ?

Oui, mais je dois m’asseoir d’abord car ma tête est toujours prise dans un étau impitoyable. Un banc m’y invite. Devant un panneau pour une nouvelle revue. Il annonce « Bonne année 2050 ». 2050 ? Je me frotte les yeux. Les chiffres n’ont bougés, 2050.

Tout d’un coup, mon corps me revient et tous mes maux s’envolent. Délire ou étrange réalité ? Je ne sais toujours pas mais la curiosité l’emporte et je décide d’aller visiter cette ville.

Je suis sur une grande avenue. Une voix mielleuse me parvient aux oreilles « Au prochain carrefour, prenez à droite ». Un GPS pour piéton ? Quelle idée ? Une autre voix, un autre piéton « Le bus 25A arrive dans 3 min ». Je remarque alors seulement que chaque passant a une sorte de petit téléphone, mélange de smartphone et d’ordinateur, à la main. Guidage, applications diverses. On dirait que petit engin peut faire des choses extraordinaires.

Ma gorge est sèche et je meurs de soif. Je tente d’interpeller un jeune homme d’une vingtaine d’année pour lui demander le bar le plus proche. « Monsieur, s’il vous plait » Un seul regard noir et réprobateur comme seule réponse. Toutes mes tentatives échouent sur le même résultat.

Tant pis, je parcours l’avenue et finit par tomber sur un cybercafé. Je rentre et me retrouve face à une dizaine de distributeurs. DeS machines à jetons dirigent les ordinateurs. Mon bonjour est resté en suspens et personne ne m’a répondu.

Mes idées, mes craintes arrivent dans ma tête à toute vitesse. 2050 aurait perdu toute humanité ? Je me dirige vers les toilettes afin de prendre un verre d’eau. Là aussi, tout est automatisé, propre, robotisé. Pas besoin de tirer la chasse, pas besoin de fermer la porte…
Je prends peur, j’angoisse, j’étouffe. On ne peut pas devenir comme ça. 2010 voyait arriver l’air de l’écologie, du respect de l’environnement, du commerce équitable, du biologique…

Je sors en courant. Ma tête devient folle. Des milliers de questions m’envahissent. Mes jambes m’emportent et je dévale l’avenue. Aucune pancarte, pas de numéro de rue. Je ne comprends rien. Un parc municipal m’ouvre les bras. J’y rentre avec soulagement. Enfin des arbres, des oiseaux, un univers naturel.

Je reprends mon souffle et m’assoie sur un banc. Que se passe t il dans ce monde ?

Un vieux monsieur arrive vers moi et s’assoie sur mon banc. Je ne sais pas pourquoi mais sa présence me rassure. Le bleu de ses yeux est incroyable. Sa barbe blanche lui donne un air de vieux sorcier. Je tente un petit « bonjour » et ma surprise est grande quand il me répond :

« Bonjour mon enfant, je sais qui tu es. Cela fait 5ans que je t’attends. Tu es celui qui va trouver le livre interdit »

« Pardon ? »

« Mon enfant, écoute moi simplement. Tu as du être surpris de ce monde que tu as découvert. Mais tu es loin d’avoir tout observé. Mon rôle est de t’expliquer et de te guider. Mais toi seul, peut retrouver le livre et sauver les générations à venir.

Aujourd’hui la technologie a tout pris. Les GPS nous guident à pied, en vélo et bien sûr en voiture. Les boussoles ont disparus. Tout le monde a perdu le sens de l’orientation. Les cartes routières n’existent plus. Aucun garde forestier ne connaît sa forêt sans son outil indispensable.

Les livres ont disparus et tout se passe sur Internet. Numérique au profit du papier. Des milliers d’enfants élevés avec la télévision n’ont plus d’imagination. Nos derniers écrivains et scénaristes sont tous âgés et personne n’est capable de prendre la relève.

Les ordinateurs donnent les cours aux élèves. Un réseau de professeurs et programmateurs préparent les leçons qui sont ensuite données aux jeunes sous la surveillance de surveillants.

Les réseaux sociaux sur internet sont devenus la carte de visite des individus. La communication ne se fait plus que sur les pages personnels. Les petits cœurs ont remplacés les mots tels que « je t’aime » ou « je tiens à toi ». Tout le monde les a oubliés.

Les loisirs sportifs sont morts. Les piscines détruites, le stade réservé aux chanteurs. Les vélos campent dans les appartements et salles de fitness. La principale activité physique est celle qu’offrent les consoles vidéo.

Nous faisons face à une génération passive, dépourvue d’imagination, d’énergie, de créativité. Tu es notre seul espoir ! »

Je ne comprenais pas. Comment a pu t on se laisser déborder ainsi ? Au point de perdre nos aptitudes. Non utilisées, elles ont finies par disparaître de notre programme génétique.
Hébété, je ne saisissais pas le rôle que je pouvais jouer.
Toutes ces questions brulaient mes lèvres. Pourtant aucun son ne sortait de ma bouche.

Heureusement, mon voisin de banc reprit la parole :

« En 2040, un savant avait prévu une telle catastrophe. Il a tenté de mettre en garde le gouvernement. Sa cause était pourtant perdue. L’économie était au plus mal et seule la vente des outils technologiques permettaient de faire vivre notre pays. Alerter la population sur l’utilisation abusive du réseau internet, des téléphones multifonctions et de tous ces nouveaux joujoux informatiques revenait à ralentir ce marché. Impossible. Il fut donc enfermé dans un hôpital psychiatrique.

Il s’est plongé dans le archives et a entreprit alors d’écrire un livre fabuleux qui gardait les savoirs humains.

Il a raconté comment sa société vivait avant la révolution technologique. Il a élaboré une possibilité de rééducation des enfants. Il pensait que leur lire des contes le soir développait leur imagination. Les aider à faire des gâteaux, leur apprendrait le gout de la cuisine. Il demandait qu’un professeur soit présent dans chaque classe, que les enfants écrivent sur des cahiers.

Il y a transcrit les plans de gymnase, des terrains de football et comment l’esprit de compétition pouvait pousser les hommes à se dépasser. Il a même dit que le sport était une formidable leçon de vie, apprenant à perdre, à se dépasser, à se contrôler.

Ce livre a été découvert à sa mort et interdit à la publication. Sa femme a réussi à le dérober aux pouvoirs avant sa destruction. Malgré la quête impitoyable menée pour retrouver le livre interdit, nul n’a pu le retrouver. Les sorciers se sont transmis une partie de ses connaissances mais cela s’avère insuffisant.

Aujourd’hui, le monde a besoin de toi. Tu as réussi à percer les murs du temps. Tu dois donc retrouver ce livre avant qu’il ne soit remis aux autorités, juste avant la mort du savant. Puis me le remettre en main propre. Le président est prêt à mettre en place ce programme mais nous en sommes incapables. Nous avons besoin du livre interdit, il deviendra notre bible pour construire une nouvelle société et une nouvelle humanité ».

Sur ces dernières paroles, le vieux sorcier prit une seringue et la planta dans mon bras.

Ma tête est lourde. Un gout de sang envahit ma bouche. Mes bras ? Mes jambes ? Je ne les sens plus ! Du calme. Essaye de réfléchir. Où suis-je ? Comment suis-je arrivée ici ?
Allez, j’essaie. Mes doigts bougent. Mes pieds. Tout à l’air en place de ce côté-là. Je réussis péniblement à m’asseoir. Un anneau encercle mon crâne et semble vouloir l’écraser en petites miettes.

Rien autour de moi, ne me semble familier. Que s’est-il passé ? Les souvenirs reviennent par brides. Le sorcier, la génération technologique, je dois trouver ce livre. Pour sauver l’avenir.


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Message par Invité Lun 19 Avr 2010 - 21:04

Au tour d'Elyuna de nous offrir un texte Les Textes de 2010 Icon_biggrin Les Textes de 2010 Icon_biggrin

Elyuna a écrit:Le livre interdit

Nouveau concept, probabilité d'attirer le client, vente au-delà des espérances.

Un titre, intéressant, mais le reste manque, contenu inexistant, idées délirantes, fin désolante.

Le livre interdit, tout ce qui est interdit attire, tout ce qui attire s'achète, tout ce qui s'achète rapporte de l'argent, équation sans inconnue, résolution facile, espoir fou.

C'est perdu dans ces réflexions que Harry aligne les cents pas, marquant de son léger surpoids le tapis persan que son ancienne copine lui a offert pour leurs deux mois de fiançailles qu'il a rapidement rompues. Harry déteste les engagements et les femmes pour cela mais elles lui sont bien utiles et il sait s'en servir pour parvenir à ses fins. Stellane lui a été d'une grande utilité, pendant un temps, maintenant il oublie, piétinant les souvenirs sans honte aucune.

Ecrivain de longue date, Harry n'a plus écrit de livres depuis plusieurs années, vivant sur l'argent de son succès, s'offrant une vie de luxe bien au-delà de ses moyens. Mais désormais les comptes en banque font grise mine et il se doit de reprendre la plume ou plutôt le clavier, écrire lui a toujours déplu, taper étant autre chose.

Harry n'a jamais été un fou de l'écriture et l'imagination n'est pas son fort. Bien entendu, si quiconque entendait cela il se moquerait, penserait à de la timidité, de la modestie mais loin s'en faut, Harry est un menteur né. Aucun de ses livres n'est véritablement de son fait, l'imagination des autres l'ayant aidé sur la voie du succès. Scénario volé, écriture correcte et une femme dévouée ont fait de lui l'érivain reconnu qu'il est désormais, mais il n'est qu'une image et cela ne l'aide plus à payer les factures.

Une première idée a germé dans son esprit délirant et "Le livre interdit" ne cesse de lui faire les yeux doux, l'appâtant plus que de raison.
Mais qu'écrire dans un livre dit interdit?


Vide insondable, désespoir grandissant, haine consumée.

La vérité ou le mensonge? Mais où se trouve la vérité quand elle-même n'est que mensonge et que le mensonge se veut vérité? Troublante question.

Illumination, espoir nouveau, avenir plausible.


Le Livre Interdit, de Harry Lesmandy.

Depuis plusieurs années, l'écrivain déjanté hante sur le monde du livre, imposant sa splendeur et sa supériorité face à tant de concurrents. Pour se faire un nom, il se sert de personnes de talents pour construire ses livres, ne les signant que de sa plume, s'offrant la gloire et les récompenses.
Mais ces livres sont des mensonges, des livres qui ne devraient être de son nom, des livres interdits. Et voilà que son dernier ouvrage, raconte l'étrange vérité de sa vie, dans un livre lui-même interdit.


"Imagination surprenante de la part de cet écrivain qui ressort de l'ombre avec brio."




Une quatrième de couverture qui sert donc ce dernier livre que Harry a écrit en quelques mois, qui se voit cependant refusé de maisons d'éditions en maisons d'éditions. Une va lui donner sa chance et voilà son ouvrage publié et dans les mains de très nombreux lecteurs. La chance lui sourit à nouveau, pour un temps seulement...

Des plaintes ont été déposées, l'auteur est condamné et son oeuvre "Le livre interdit" se voit interdit de vente, quelle ironie! La vérité éclate au grand jour, la chute est vertigineuse, les barreaux de sa cellule alimente sa vie désormais et... tous les livres lui sont interdits!



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