[Dongala, Emmanuel] Photo de groupe au bord du fleuve
Page 1 sur 1
Avec vous apprécié cette lecture?
[Dongala, Emmanuel] Photo de groupe au bord du fleuve
Titre : Photo de groupe au bord du fleuve
Auteur : Emmanuel DONGALA
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 338
Résumé éditeur :
Ce matin, quand Méréana se réveille, elle sait que la journée qui l’attend ne sera pas comme les autres. Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d’un fleuve africain. Elles viennent d’apprendre que la construction d’un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles ont décidé ensemble que le sac qu’elles cèdent aux intermédiaires coûterait désormais plus cher, et que Méréana serait leur porte-parole dans cette négociation.
L’enjeu de ce qui devient rapidement une lutte n’est pas seulement l’argent et sa faculté de transformer les rêves en projets – recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille… Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, les violences sexuelles et domestiques, l’oppression au travail et dans la famille, les “casseuses de cailloux” découvrent la force collective et retrouvent l’espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, c’est sûr, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde.
Par sa description décapante des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme, Photo de groupe au bord du fleuve s’inscrit dans la plus belle tradition du roman social et humaniste, l’humour en plus.
Un extrait :
« Allez, on réquisitionne ces sacs. Vous viendrez vous faire payer au commissariat central de la police, ordonne le colonel, et à dix mille francs le sac ! » Et les soldats et les chargeurs d’avancer. « Voleurs, hou hou hou, vous n’êtes pas des hommes, hou hou hou… » se mettent à hurler les femmes, impuissantes devant cette force armée qui avance. Dès que le colonel a entendu ces insultes et ces « hou hou hou » de mépris, il hurle : « Chargez ! »
C’est la curée. Coups de bottes, de crosses sur des femmes désarmées. Vos cailloux se mettent à voler mais il n’y a pas match. Vous réussissez quand même à en malmener un, et pour dégager leur camarade en difficulté, ils se mettent à tirer. À balles réelles. C’est la débandade parmi vous. Tu fuis du côté du fleuve, d’autres fuient vers les gros blocs de grès pour s’offrir un rempart contre les balles, d’autres encore fuient vers les hautes herbes afin de s’y aplatir, s’y écraser hors de la vue de ces assassins. Mais celles qui n’arrivent pas à courir assez vite se font rattraper et tabasser. Enfin, au bout d’un moment, les voix humaines et les crépitements des armes se taisent complètement pour laisser la place au grondement lointain du fleuve qui se fracasse contre les rochers dans sa course vers l’océan et les bruits mats des sacs de pierres pleins ou à moitié vides, que l’on balance en vrac dans les bennes des camions qui démarrent aussitôt toute la marchandise enlevée.
Mon avis :
Si j'ai placé cet extrait, c'est qu'il donne une bonne idée de la position de nos héroïnes et du rapport de force qu'elles ont à subir car ce roman est en fait la chronique d'un combat dans une Afrique que nous ne connaissons guère mais qui se révèle à nous dans ce récit.
Il est question aussi bien entendu de la place de la femme dans cette société plutôt machiste, de la corruption et de la gabegie des pouvoirs ... toute une réalité dure à supporter. Heureusement, il y a ce portrait de femmes, toute si différentes, liées entre elles par un sentiment soudain de révolte et de solidarité contre l'injustice de ce monde dans lequel elles ne vivent pas mais survivent.
Le style de narration n'est pas mon préféré mais le témoignage et la puissante humanité de ce livre m'ont émue. C'est aussi une belle peinture, même si cruelle parfois, de l'Afrique et une galerie de personnages féminins bouleversants.
Auteur : Emmanuel DONGALA
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 338
Résumé éditeur :
Ce matin, quand Méréana se réveille, elle sait que la journée qui l’attend ne sera pas comme les autres. Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d’un fleuve africain. Elles viennent d’apprendre que la construction d’un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles ont décidé ensemble que le sac qu’elles cèdent aux intermédiaires coûterait désormais plus cher, et que Méréana serait leur porte-parole dans cette négociation.
L’enjeu de ce qui devient rapidement une lutte n’est pas seulement l’argent et sa faculté de transformer les rêves en projets – recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille… Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, les violences sexuelles et domestiques, l’oppression au travail et dans la famille, les “casseuses de cailloux” découvrent la force collective et retrouvent l’espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, c’est sûr, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde.
Par sa description décapante des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme, Photo de groupe au bord du fleuve s’inscrit dans la plus belle tradition du roman social et humaniste, l’humour en plus.
Un extrait :
« Allez, on réquisitionne ces sacs. Vous viendrez vous faire payer au commissariat central de la police, ordonne le colonel, et à dix mille francs le sac ! » Et les soldats et les chargeurs d’avancer. « Voleurs, hou hou hou, vous n’êtes pas des hommes, hou hou hou… » se mettent à hurler les femmes, impuissantes devant cette force armée qui avance. Dès que le colonel a entendu ces insultes et ces « hou hou hou » de mépris, il hurle : « Chargez ! »
C’est la curée. Coups de bottes, de crosses sur des femmes désarmées. Vos cailloux se mettent à voler mais il n’y a pas match. Vous réussissez quand même à en malmener un, et pour dégager leur camarade en difficulté, ils se mettent à tirer. À balles réelles. C’est la débandade parmi vous. Tu fuis du côté du fleuve, d’autres fuient vers les gros blocs de grès pour s’offrir un rempart contre les balles, d’autres encore fuient vers les hautes herbes afin de s’y aplatir, s’y écraser hors de la vue de ces assassins. Mais celles qui n’arrivent pas à courir assez vite se font rattraper et tabasser. Enfin, au bout d’un moment, les voix humaines et les crépitements des armes se taisent complètement pour laisser la place au grondement lointain du fleuve qui se fracasse contre les rochers dans sa course vers l’océan et les bruits mats des sacs de pierres pleins ou à moitié vides, que l’on balance en vrac dans les bennes des camions qui démarrent aussitôt toute la marchandise enlevée.
Mon avis :
Si j'ai placé cet extrait, c'est qu'il donne une bonne idée de la position de nos héroïnes et du rapport de force qu'elles ont à subir car ce roman est en fait la chronique d'un combat dans une Afrique que nous ne connaissons guère mais qui se révèle à nous dans ce récit.
Il est question aussi bien entendu de la place de la femme dans cette société plutôt machiste, de la corruption et de la gabegie des pouvoirs ... toute une réalité dure à supporter. Heureusement, il y a ce portrait de femmes, toute si différentes, liées entre elles par un sentiment soudain de révolte et de solidarité contre l'injustice de ce monde dans lequel elles ne vivent pas mais survivent.
Le style de narration n'est pas mon préféré mais le témoignage et la puissante humanité de ce livre m'ont émue. C'est aussi une belle peinture, même si cruelle parfois, de l'Afrique et une galerie de personnages féminins bouleversants.
Dernière édition par Olorin le Ven 23 Avr 2010 - 15:14, édité 2 fois (Raison : Ajout de sondage)
Invité- Invité
Re: [Dongala, Emmanuel] Photo de groupe au bord du fleuve
Le sondage est ajouté, tu peux donc voter, par contre peux tu mettre un visuel de la couverture?
Merci d'avance
Merci d'avance
Invité- Invité
Sujets similaires
» [Tiquant, David] Le fleuve et le sablier
» [Almada, Selva] Ce n'est pas un fleuve
» [Van Hamme, Jean] Largo Winch - Tome 1: Le groupe W
» [Arnaud, Clara] La verticale du fleuve
» [Frappat, Hélène] Le dernier fleuve
» [Almada, Selva] Ce n'est pas un fleuve
» [Van Hamme, Jean] Largo Winch - Tome 1: Le groupe W
» [Arnaud, Clara] La verticale du fleuve
» [Frappat, Hélène] Le dernier fleuve
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum