[Goby, Valentine] Des corps en silence
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[Goby, Valentine] Des corps en silence
Titre: Des corps en silence
Auteur: Valentine Goby
Broché: 142 pages
Editeur : Editions Gallimard (5 janvier 2010)
Collection : Blanche
Quatrième de couverture:
" Elle imagine possible un mari fidèle, pour ça elle est prête à faire sa fille des rues, sa prostituée, sa courtisane. Tout plutôt que ça : qu'il couche ailleurs. Elle dit tout, elle pense tout, elle l'aime à se tuer. " Deux femmes en résistance contre la fin du désir amoureux. A un siècle d'écart leurs chemins se croisent, se confondent, se séparent : l'une tente l'impossible pour reconquérir l'homme qu'elle aime, l'autre imagine une rupture radicale. Toutes deux refusent le silence des corps. Des corps en silence est le sixième roman de Valentine Goby.
Mon avis :
Après avoir lu « Qui touche à mon corps je le tue » de Valentine Goby, j’ai eu le souhait de lire un autre livre d’elle pour me faire une idée plus précise de ses écrits.
J’ai choisi « Des corps en silence ».
Ce livre, pas très gros, retrace une période de la vie de deux femmes.
1913, l’hiver, il neige, il fait froid
Henriette Caillaux a épousé un homme pour lequel elle a divorcé. Cet homme lui a fait découvrir l’amour physique d’une autre façon que ce qu’elle avait connu.
Elle pense que c’est cela qui les lie et elle est prête à tout, dans ce domaine, pour ne pas le perdre.
« Elle l’aime à se tuer ». « Tout plutôt qu’il couche ailleurs. » Elle sent qu’il s’éloigne et ne sait comment le retenir, l’attirer encore… Elle « s’éteint » devant cette lutte inutile puis se reprend et essaie encore. Elle veut faire l’amour, seul signe, pour elle, qu’il lui est encore attaché. Son histoire ne se résume pas à cela mais je ne veux pas trop en dire...
Il est à signaler que cette femme a existé et que Valentine Goby est restée proche de ce qu’on sait d’elle.
Notre époque, l’été, il fait chaud.
Claire n’aime plus Alex, son mari et elle veut le quitter. Pourtant « Alex c’était trouver une maison ». Est-ce que la fin de l’amour est arrivée lorsqu’Alex est devenu le père de son enfant ? Elle ne sait pas, ne sait plus. Elle fuit avec sa fille, sans but, pour échapper à cet amour physique avec lui dont elle ne veut plus.
Quel que soit le lieu où elle envisage de se rendre, des souvenirs « d’avant », avec Alex, lui arrivent en pleine figure.
Ces deux femmes sont reliées par leur corps, dont elles sont prisonnières en quelque sorte. Elles sont aussi reliées par la musique et la mort (mais je n’en dirai pas plus pour ne pas raconter le livre). Tout cela est subtilement amené.
On les suit dans leur questionnement, leurs tourments, leur avancée, leur reculade. Elles souffrent … en silence …
Leurs corps sont silencieux, éteints, parce qu’ils ne vibrent plus sous les caresses d’un homme mais pas pour les mêmes raisons ….
L’amour entre un homme et une femme peut-il se résumer aux seuls échanges des corps, comme si seul le désir physique unissait ces couples ?
Les chapitres alternent de l’une à l’autre. La dernière phrase de chaque chapitre est inachevée, coupée net et se termine au début du chapitre suivant avec l’autre femme (de ce fait pas de majuscule au début du chapitre).
Il y a des phrases courtes (parfois deux mots) et d’autres très longues.
L’écriture est hachée, comme si les mots étaient jetés sur le papier. Les pensées, paroles retenues ou silencieuses sont écrites en italiques. C’est parfois dur, cru…
De temps à autre, une longue description de bruits, d’ambiance et d’un coup un objet dont l’auteur nous précise la couleur. Comme une tache au milieu d’un décor en noir et blanc.
C’est moins violent, moins puissant, moins dérangeant que « Qui touche à mon corps je le tue » mais un peu douloureux malgré tout….
Cela se ressent avec une écriture dépouillée, où l’auteur se place en observateur extérieur sans que jamais on n’imagine ce qu’elle ressent face à la souffrance de ces deux femmes.
Valentine Goby a trouvé un juste équilibre pour nous permettre de pénétrer ... silencieusement ...dans la vie de ces deux femmes et essayer de les comprendre ...
Difficile, une fois encore, en lisant cet écrivain de dire si j'ai aimé ou pas.
Je dois reconnaître la qualité de l'oeuvre mais je ne peux pas dire mon sentiment parce que, finalement, ces deux femmes, n'auraient-elles pas préféré que je les laisse seules?
Dernière édition par Cassiopée le Lun 2 Aoû 2010 - 10:26, édité 1 fois (Raison : oubli de "de" entre période et vie)
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Re: [Goby, Valentine] Des corps en silence
C'est ma première découverte de Valentine Goby. Je lis partout que Qui touche à mon corps je le tue, livre publié avant celui-ci, est vraiment fort et dérangeant, mais j'ai déjà été très intéressée par Des corps en silence. Le corps a énormément d'importance pour elle, nous a dit Valentine Goby lors de la soirée littéraire à Lille, il est inséparable de l'esprit, l'humain est formé des deux et ne peut se couper de son corps. Et c'est vrai que le premier mot qui me vient à l'esprit après cette lecture est le mot "sensualité". Sensualité et souffrance, blessure et silence.
Claire et Henriette, deux femmes dont les histoires alternent et se répondent, se poursuivent et s'opposent de chapitre en chapitre. L'une est la jeune mère de Kay, cinq ans, en déroute au retour des vacances où elle a osé proposer la séparation à son mari : elle ne l'aime plus, elle se sent fourvoyée dans cet amour, enfermée comme un insecte qui se cogne aux parois d'un bocal. L'autre, en 1914, a divorcé de son mari pour épouser son amant, un homme qui lui a révélé le langage des corps amoureux, mais qui l'a petit à petit délaissée pour une autre. La première est perdue dans la grande arche de la Défense, par un jour caniculaire, la seconde a le coeur gelé par la neige sur la place de la Défense.
Les histoires des deux femmes sont parcourues d'échos et de couleurs, elles ont toutes deux une fille, la musique des pianos les touche toutes deux. Si le silence des corps les tue à petit feu, elles sont cependant différentes : la plus ancienne est prête à se tuer par amour, enchaînée à un amour enfui, la plus jeune peine à trouver une liberté nouvelle.
Ce qui m'a frappée dans ce livre, c'est l'écriture tout à fait originale de Valentine Goby. Dans de longues énumérations (peut-être un peu bavardes et décousues au début), elle dresse le catalogue des objets, des accessoires, des émois, des douleurs. D'une plume rapide, pressée, elle nous fait ressentir, le froid, la chaleur, le sel des larmes, le désarroi de ces femmes. Le roman est court (140 pages) mais elle nous amène au dénouement, à une forme d'apaisement très maîtrisée.
J'ai lu chez Cassiopée (avis ci-dessus) que le personnage d'Henriette est inspiré d'une personne bien réelle. C'est elle qui m'a le plus touchée. Claire me faisait un peu peur dans son abandon, dans sa folie, j'avais le coeur serré pour sa petite fille !
J'ai hâte de découvrir Qui touche à mon corps, je le tue !
Claire et Henriette, deux femmes dont les histoires alternent et se répondent, se poursuivent et s'opposent de chapitre en chapitre. L'une est la jeune mère de Kay, cinq ans, en déroute au retour des vacances où elle a osé proposer la séparation à son mari : elle ne l'aime plus, elle se sent fourvoyée dans cet amour, enfermée comme un insecte qui se cogne aux parois d'un bocal. L'autre, en 1914, a divorcé de son mari pour épouser son amant, un homme qui lui a révélé le langage des corps amoureux, mais qui l'a petit à petit délaissée pour une autre. La première est perdue dans la grande arche de la Défense, par un jour caniculaire, la seconde a le coeur gelé par la neige sur la place de la Défense.
Les histoires des deux femmes sont parcourues d'échos et de couleurs, elles ont toutes deux une fille, la musique des pianos les touche toutes deux. Si le silence des corps les tue à petit feu, elles sont cependant différentes : la plus ancienne est prête à se tuer par amour, enchaînée à un amour enfui, la plus jeune peine à trouver une liberté nouvelle.
Ce qui m'a frappée dans ce livre, c'est l'écriture tout à fait originale de Valentine Goby. Dans de longues énumérations (peut-être un peu bavardes et décousues au début), elle dresse le catalogue des objets, des accessoires, des émois, des douleurs. D'une plume rapide, pressée, elle nous fait ressentir, le froid, la chaleur, le sel des larmes, le désarroi de ces femmes. Le roman est court (140 pages) mais elle nous amène au dénouement, à une forme d'apaisement très maîtrisée.
J'ai lu chez Cassiopée (avis ci-dessus) que le personnage d'Henriette est inspiré d'une personne bien réelle. C'est elle qui m'a le plus touchée. Claire me faisait un peu peur dans son abandon, dans sa folie, j'avais le coeur serré pour sa petite fille !
J'ai hâte de découvrir Qui touche à mon corps, je le tue !
Invité- Invité
Re: [Goby, Valentine] Des corps en silence
J'avais aussi lu Qui touche à mon corps... pour la lecture commune et, comme toi Cassiopée, je n'avais pas vraiment réussi à déterminer si j'avais apprécié ou pas cette lecture.
Ce livre m'a l'air de rester complètement dans le même cadre que le précédent, alors peut-être que pourquoi pas, si un jour l'occasion se présente, je le lirais... Je le note en tout cas, merci pour vos deux avis
Ce livre m'a l'air de rester complètement dans le même cadre que le précédent, alors peut-être que pourquoi pas, si un jour l'occasion se présente, je le lirais... Je le note en tout cas, merci pour vos deux avis
Invité- Invité
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