[Rule, Ann] Un tueur si proche
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[Rule, Ann] Un tueur si proche
Le livre de poche - 2002 - 541 pages
Résumé :
Ann Rule et Ted Bundy se sont rencontrés au Centre d'Aide d'Urgence (CAU) de la ville de Seattle en 1970. C'est le parcours de cet homme, tueur en série, dont le nombre de victimes, toutes des femmes, est inconnu, depuis sa rencontre jusqu'à sa mort, sur la chaise électrique en 1989, que Rule raconte.
Mon avis :
Il aura fallu du temps avant que Ann Rule accepte la culpabilité de Bundy dans plus de 36 homicides, tous les plus horribles les uns que les autres. Bundy a qui la question est posé par un inspecteur sur le nombre de ses victimes, estimé à 36, répondra qu'en ajoutant un chiffre on ne serait pas loin du compte. Oui mais comment cet ajout : 36 + 1, soit 37, 1 devant 36, soit 136 ou 1 derrière 36, soit 361 ? Le mystère demeurera, le chantage au sursis n'ayant pas été accepté par la cour suprême de Floride ou il sera, finalement, exécuté. Donnant, donnant, je vous communique le nombre et les endroits et vous commuez ma peine en réclusion à perpète. L'opinion voulant une exécution et le gouverneur d'un état où la peine de mort est appliquée, du moins à l'époque, n'appliquant pas de sursis, les meurtres resteront, pour une part, inconnus et les victimes ne trouveront pas de digne sépulture, les familles, quant-à elles restant dans l'expectative et l'attente.
Il s'agit de la vie d'un monstre génial, certes, cultivé, propre sur lui, beau, intelligent, charmant, parfois dévoué, mais un monstre quand même et malgré l'incertitude développée par Rule, à aucun moment, je n'ai eu de pitié pour un tel homme, qui n'a ni regretté, ni avoué ses crimes.
Les victimes, des belles filles, pleines de sève, à l'aube de leur vie, ont été plus sauvagement abattues que du bétail dans un abattoir, abandonnées là où elles ne risquaient pas d'être trouvées, dans ce but, en toute conscience, d'éviter la justice des hommes. Bundy fut une ordure, laissant des cadavres aux charognards et prédateurs, allant jusqu'à jeter un corps dans une bauge où les cochons l'ont nettoyé ne laissant que des os non identifiables.
L'homme Bundy est né sans père et sans autre reconnaissance que celle de sa mère qui n'a pas crû bon de lui donner un prénom, longtemps il considérera cette femme comme sa soeur et ses grands-parents comme ses parents.
La terre se serait écroulée sous ses pieds lorsqu'il connaîtra cette vérité qui, pour certains experts psychiatres serait le détonateur de sa folie. Pour d'autres, la rupture, brutale, d'avec la première et, peut-être, seule femme qu'il a aimée, rupture du fait de cette dernière, aurait engendré cette folie meurtrière.
-Je ne suis pas un Dr. Jekill, doublé d'un Mister Hyde, je suis un être sain et conscient, innocent de ce dont on m'accuse.
Déclaration dont il fera un leitmotiv lors de son (ses) procès.
Il est édifiant de savoir que ses coups étant si bien préparés et prémédités que des preuves auront toujours manqué pour le traîner devant un tribunal et, les deux reprises où il fut arrêté, le furent pour des banals manquements au code de la route.
Par la suite, habitué, certainement, à passer au travers des services de police, il lèvera sa garde et sera reconnu par plusieurs témoins oculaires dont, notamment, des femmes ayant réchappé à sa folie, lesquelles, cependant, resteront marquées à vie, dans leur chair et dans leur psychisme, devant ce qui faillit leur arriver.
Bundy fut un personnage exécrable, menteur, manipulateur, calculateur, schizophrène, enjôleur, dénué de conscience et de sens commun, il tuait comme d'autres jouent aux courses, banalement pour assouvir des pulsions incontrôlables dont il niera jusqu'à l'existence.
Il deviendra insultant, jettera ses avocats comme des kleenex, les reconnaitra incapables et demandera des révisions de procès par faute de cette incapacité à le défendre, allant jusqu'à assurer sa propre défense. Il tiendra tête aux juges auxquels il déclarera ne point les craindre, ni eux, ni leur justice.
Après avoir tenté de sauver sa peau par tous les moyens mis à sa disposition par la justice américaine, il sera exécuté en Floride, le 24 janvier 1989.
Ann Rule nous présente ce monstre comme un garçon affable, attentionné, courtois, fort intelligent et brillant. Il l'accompagne à sa voiture après leur travail commun de bénévolat au CAU, attendant son départ pour s'assurer qu'elle ne risquait plus rien de fâcheux. Cette dualité, ce dédoublement de la personnalité ne se révélera au yeux de l'auteure qu'au moment où il n'était plus possible de nier l'évidence. De 1970 à 1989, Rule restera en contact avec Bundy et je peux comprendre qu'elle ait subi un choc devant cette réalité diamétralement opposée à celle qu'elle à sue, vue et connue de ce type infâme en fait. Je ne lui jetterai pas la pierre, simplement, à aucun moment, je n'ai fait dans le misérabilisme de bas niveau, dans la sensiblerie de caniveau, rien, non aucune excuse à mes yeux !
Contrairement à son habitude, l'auteure, ancienne flic, n'écrit pas, ici, à la manière d'un rapport de police, ce qui lui est, généralement, reproché. L'écriture est simple, déliée, claire, précise et lisible. Le schéma du bouquin est entraînant pour le lecteur dans l'histoire, il permet de s'y installer, sans bruit, confortablement : chapitres bien ficelés, histoire ordonnée, faits parfaitement relatés et pudeur dans les descriptions des exactions, Rule va jusqu'à prévenir son lectorat du risque à lire certains passages particulièrement violents.
En conclusion, pour un thème aussi difficile à relater, à conter, on peut dire que l'auteure s'en sort honnêtement, voire avec mention. Ce livre n'est pas désagréable à lire si on occulte la personnalité de ce boucher que fut Bundy.
Il est, évidemment, impossible de ne pas faire un parallèle avec Le chant du bourreau de Norman Mailer narrant l'histoire de cet autre tueur, fusillé, Gary Gilmore (les deux assassins ont "fréquenté" la même prison sans, cependant, se rencontrer). Pour ce qui me concerne, ayant lu les deux, je ne choisirai pas entre l'un et l'autre.
4/5
B
Ted Bundy en 1980
Invité- Invité
Re: [Rule, Ann] Un tueur si proche
Merci Bernard pour ton avis.
Un seul mot me vient à l'esprit : effrayant.
Un seul mot me vient à l'esprit : effrayant.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Rule, Ann] Un tueur si proche
Comme j'aime tes critiques , c'est toujours un plaisir.
Je note ce livre.
Je note ce livre.
Invité- Invité
Re: [Rule, Ann] Un tueur si proche
Je me le note également , belle critique !
Sara2a- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 3030
Age : 54
Localisation : Porto-Vecchio
Genre littéraire préféré : Thrillers, fantastiques et un peu de tout ce qui peut me tomber sous les yeux .
Date d'inscription : 24/01/2010
Re: [Rule, Ann] Un tueur si proche
Merci Mesdames, Sharon, Voyager-en-Lecture, Sara de votre passage.
C'est, effectivement effrayant, Sharon.
B
C'est, effectivement effrayant, Sharon.
B
Invité- Invité
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