[Gide, André] Si le grain ne meurt
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[Gide, André] Si le grain ne meurt
[Gide, André] Si le grain ne meurt
Titre : Si le grain ne meurt
Auteur : André Gide (1926)
Editeur : Gallimard (Folio)
Nombre de pages : 371
Challenge Nobel n°2
Présentation de l’éditeur :
« Le motif secret de nos actes, et j'entends : des plus décisifs, nous échappe ; et non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. Sur le seuil de ce que l'on appelle : péché, hésitais-je encore ? Non ; j'eusse été trop déçu si l'aventure eût dû se terminer par le triomphe de ma vertu - que déjà j'avais prise en dédain, en horreur. Non ; c'est bien la curiosité qui me faisait attendre... ».
Mon point de vue :
Devenir soi… autant qu’une autobiographie, c’est bien un récit de la conquête de soi, par un auteur qui a le sentiment d’avoir longtemps erré dans les brumes, que nous lisons ici. Dans cette recherche, la mémoire associative prime souvent sur la chronologie, s’attardant, dans une première partie, sur une enfance qui ressemble à une longue nuit médiévale en attente de renaissance. Education puritaine, maladies plus ou moins psychosomatiques derrière lesquelles on sent une profonde détresse, amour des lettres et de la musique (avec le regret lancinant de n’être pas devenu le pianiste qu’il aurait pu être), amitiés espérées et souvent difficiles, solitude surtout, tentation du mysticisme, amour intellectuel, sublimé, pour une froide cousine… et toujours, les appels torturants de la chair, l’angoisse du péché. L’enfant, miné par le schaudern (il trouve chez Goethe la traduction de son angoisse dépressive), s’écroule un jour, « je ne suis pas comme les autres ! », sans que son cri puisse être entendu.
Gide pose sur cet enfant un regard sans concession ni apitoiement, simplement désireux de comprendre, et de montrer aussi, comment un contexte socio-culturel particulier, et sans doute un certain nombre d’erreurs éducatives, mettent du temps à être surmontés.
Les désirs sexuels sous-tendent toute l’entreprise - l’autobiographie s’ouvre, étonnement pour l’époque, sur une scène de masturbation dont le thème sera récurrent tout au long du livre - avant de s’épanouir, dans une seconde partie, dans la découverte et l’acceptation de l’homosexualité.
L'homme est désormais avide de vérité, de transparence – le temps a passé, la mère vigilante et rigide a disparu, rien ne fait plus obstacle à l’irruption du vrai Gide, débarrassé des oripeaux de l’anxiété et de la dissimulation, tourné vers la vie, créateur, assumant pleinement sa sensualité et même sa pédérastie. Long et passionnant cheminement, qui séduit par sa sincérité et par la somme incroyable de courage et d’intelligence consacrée à se (re)construire.
Que dire du style ? Il est époustouflant de maîtrise classique, de subtilité raffinée – et servi par une richesse lexicale qui laisse pantois. Magnifique !
Invité- Invité
Re: [Gide, André] Si le grain ne meurt
Le tout a été dit. C'est un bien bel hommage que le lecteur précédent a laissé à notre ami André. Le livre est en effet splendide, vivant, drôle (la scène à l'aquarium est magnifique). Le livre est bâti d'une architecture complexe, mais pourtant fluide. Petit à petit, le vrai Gide sort, laissant l'ancien être formaté par cette mère oppressante mais tant aimée. Cette carapace rejetée, il peut partir avec son ami en Algérie (ou est-ce le Maroc?) pour y rencontrer Wilde, Douglas, et ses nouveaux amis...
Magique.
Magique.
Invité- Invité
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