[Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
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Qu'en avez-vous pensé?
[Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Sam Braun (entretien avec Stéphane Guinoiseau)
Editions France Loisirs
317 pages
Quatrième de couverture :
Il aura fallu quarante ans à Sam Braun pour témoigner. Jusqu’à ce jour où il décide de rompre le silence et entreprend un travail de mémoire.
L’auteur a tiré une sagesse peu commune de son incarcération à Buna-Monowitz, un des nombreux camps du complexe concentrationnaire d’Auschwitz.
C’est ce récit d’une densité extraordinaire qu’a recueilli Stéphane Guinoiseau qui raconte avec précision et sincérité l’expérience des camps et le difficile retour à la parole, retenant le flot sensible de l’émotion pour mieux nous parler d’humanisme.
Mes impressions :
Des témoignages sur la Seconde Guerre Mondiale et notamment sur les camps de concentration, il en existe des dizaines et pourtant je n’ai jamais osé en ouvrir un seul. J’avais en moi cette peur d’être choquée, d’être trop sensible pour pouvoir lire ce genre de récit. Cependant, j’ai pris sur moi et je me suis lancée dans celui-ci.
J’ai apprécié cet entretien entre Sam Braun et Stéphane Guinoiseau. C’est agréable de sentir une interaction entre ces deux personnes et cela permet de prendre du recul par rapport à ce qui est raconté. Le récit de Sam Braun est évidemment poignant, et même terriblement douloureux à certains moments mais les questions posées nous permettent de regarder les choses autrement.
Cet homme a mis plus de quarante années avant de se confier, de raconter ce qu’il avait vécu étant jeune. Au début, cela paraît incroyable mais lorsqu’il l’explique, on se rend compte que pour lui, cela a sûrement été salutaire. Cela lui a permis de sortir de tout ça, de prendre du recul, de la distance. De ne plus être seulement ce jeune homme rescapé d’un camp de concentration mais d’essayer de comprendre tout ce qu’il s’était passé. Sam Braun étonne par sa sagesse, on se demande même comment il peut n’en vouloir à personne. Mais il l’explique très bien ou du moins, je l’ai compris comme ça. Quand on a vu tant de violence, comment pourrait-on être également violent ? Ne serait-on pas au même niveau que ceux qui nous ont fait souffrir ? A ce moment là, tout semble logique.
Dans ce témoignage, il parle plusieurs fois de Primo Levi, avec qui il a partagé la même expérience. Ils ne se connaissaient pas mais l’auteur s’est rendu compte qu’ils étaient en fait dans le même camp. C’est alors qu’il parle de leur différence face à ce drame. L’un a décidé de parler tout de suite, au risque de ressasser sans cesse les mêmes douleurs tandis que l’autre a préféré se taire.
Cet entretien dérive parfois vers le philosophique, les grandes réflexions et ce serait mon seul bémol. C’est intéressant, certes, mais cela s’éloigne du sujet principal. A la fin, j’avais presque l’impression de lire un essai plutôt qu’un témoignage.
Mais ce dont je parle ne concerne que quelques pages dans ce livre, ce n’est pas la majorité. L’essentiel du livre est touchant même si ce mot est extrêmement faible face aux dires de Sam Braun.
C’est un livre qui m’a réellement bouleversée à certains moments. On a beau savoir ce qu’il s’est passé, on ne comprend pas. Et je crois que je ne comprendrais jamais. Jamais une explication ne sera valable face à une telle barbarie.
En lisant son témoignage, on y croit sans y croire. On sait que tout est réel, malheureusement mais cela semble tellement inimaginable. Chaque mot est un vrai coup de poing.
Je suis impressionnée face à ce Monsieur plein de sagesse. Face à cet homme qui malgré les douleurs, les horreurs a décidé de faire face et de construire sa vie. Parce que lorsque l’on a été considéré bien moins qu’un être humain, c’est une belle revanche de relever la tête et d’avancer. Une belle leçon de courage qui va droit au cœur.
Invité- Invité
Re: [Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Merci pour cet avis, Voyager, ce livre doit être en effet intéressant !
Ce thème en particulier. Je ne crois pas que "ressasser" soit le problème, mais de témoigner sans pouvoir être entendu, sans trouver de résonance en autrui - c'est particulièrement mortifère, on le sait maintenant (même si, finalement, on feint souvent de l'ignorer en arguant qu'il est toujours bon de parler). Cette question, de ce qui n'est pas partageable, qui est tellement atroce que personne ne veut l'entendre, m'intéresse beaucoup.
Voyager-en-lecture a écrit:Dans ce témoignage, il parle plusieurs fois de Primo Levi, avec qui il a partagé la même expérience. Ils ne se connaissaient pas mais l’auteur s’est rendu compte qu’ils étaient en fait dans le même camp. C’est alors qu’il parle de leur différence face à ce drame. L’un a décidé de parler tout de suite, au risque de ressasser sans cesse les mêmes douleurs tandis que l’autre a préféré se taire.
Ce thème en particulier. Je ne crois pas que "ressasser" soit le problème, mais de témoigner sans pouvoir être entendu, sans trouver de résonance en autrui - c'est particulièrement mortifère, on le sait maintenant (même si, finalement, on feint souvent de l'ignorer en arguant qu'il est toujours bon de parler). Cette question, de ce qui n'est pas partageable, qui est tellement atroce que personne ne veut l'entendre, m'intéresse beaucoup.
Invité- Invité
Re: [Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Mina a écrit:Merci pour cet avis, Voyager, ce livre doit être en effet intéressant !Voyager-en-lecture a écrit:Dans ce témoignage, il parle plusieurs fois de Primo Levi, avec qui il a partagé la même expérience. Ils ne se connaissaient pas mais l’auteur s’est rendu compte qu’ils étaient en fait dans le même camp. C’est alors qu’il parle de leur différence face à ce drame. L’un a décidé de parler tout de suite, au risque de ressasser sans cesse les mêmes douleurs tandis que l’autre a préféré se taire.
Ce thème en particulier. Je ne crois pas que "ressasser" soit le problème, mais de témoigner sans pouvoir être entendu, sans trouver de résonance en autrui - c'est particulièrement mortifère, on le sait maintenant (même si, finalement, on feint souvent de l'ignorer en arguant qu'il est toujours bon de parler). Cette question, de ce qui n'est pas partageable, qui est tellement atroce que personne ne veut l'entendre, m'intéresse beaucoup.
J'emploie ce terme parce que c'est celui que l'auteur utilise. Mais je suis d'accord avec ce que tu dis et Sam Braun en parle justement en disant que Primo Levi en a peut-être parlé trop tôt, à un moment où personne n'avait envie d'entendre toutes ces horreurs.
Invité- Invité
Re: [Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Merci Voyager en Lecture pour ce profond et touchant ressenti.Voyager-en-lecture a écrit:
C’est un livre qui m’a réellement bouleversée à certains moments. On a beau savoir ce qu’il s’est passé, on ne comprend pas. Et je crois que je ne comprendrais jamais. Jamais une explication ne sera valable face à une telle barbarie.
En lisant son témoignage, on y croit sans y croire. On sait que tout est réel, malheureusement mais cela semble tellement inimaginable. Chaque mot est un vrai coup de poing.
Je suis impressionnée face à ce Monsieur plein de sagesse. Face à cet homme qui malgré les douleurs, les horreurs a décidé de faire face et de construire sa vie. Parce que lorsque l’on a été considéré bien moins qu’un être humain, c’est une belle revanche de relever la tête et d’avancer. Une belle leçon de courage qui va droit au cœur.
Comme tu le soulignes très justement, malgré tous les témoignages poignants, qu'ils soient recueillis à la sortie des camps ou, comme celui-ci, mûris et émis de nombreuses années après la reconnaissance de la barbarie extrême, il n'existe à ce jour aucune justification rationnelle à cette horreur vécue et que les humains civilisés que nous sommes, ont effectivement du mal à imaginer que cela ait pu exister!
Et la vraie grandeur d'âme est là, c'est apprendre ou réapprendre pour certains à vivre après avoir survécu!
Invité- Invité
Re: [Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Comme les autres, je te remercie pour ce ressenti, mais je souhaite néanmoins te demander un avis sur une autre réflexion: comme tu le dis, ton bémol se pose sur le côté philosophique de l'écrit. Si on part du principe que cette oeuvre à été écrite longtemps après les aveux de Primo Levi (entre autres), ne se pourrait-il pas qu'il faille le prendre comme un complément?
Je m'explique et reformule ma question: si on part du principe que les écrits "spontannés" sur cette période sont là pour relater les faits bruts, peut-on estimer que ceux, plus réfléchis (et donc plus tardifs) ne cherchent au contraire un peu de recul?
En bref, n'aurais-tu pas plus apprécié l'oeuvre en aillant lu d'autres livres plus anciens sur le sujet avant ?
Je m'explique et reformule ma question: si on part du principe que les écrits "spontannés" sur cette période sont là pour relater les faits bruts, peut-on estimer que ceux, plus réfléchis (et donc plus tardifs) ne cherchent au contraire un peu de recul?
En bref, n'aurais-tu pas plus apprécié l'oeuvre en aillant lu d'autres livres plus anciens sur le sujet avant ?
Nephtys- Grand expert du forum
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Re: [Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Nephtys a écrit:Comme les autres, je te remercie pour ce ressenti, mais je souhaite néanmoins te demander un avis sur une autre réflexion: comme tu le dis, ton bémol se pose sur le côté philosophique de l'écrit. Si on part du principe que cette oeuvre à été écrite longtemps après les aveux de Primo Levi (entre autres), ne se pourrait-il pas qu'il faille le prendre comme un complément?
Je m'explique et reformule ma question: si on part du principe que les écrits "spontannés" sur cette période sont là pour relater les faits bruts, peut-on estimer que ceux, plus réfléchis (et donc plus tardifs) ne cherchent au contraire un peu de recul?
En bref, n'aurais-tu pas plus apprécié l'oeuvre en aillant lu d'autres livres plus anciens sur le sujet avant ?
Je ne l'ai pas pris comme un complément car ces réflexions sont parfois très éloignées du sujet, voire sans rapport. C'est ce tout petit point qui m'a dérangée, et encore le mot est fort. J'ai juste eu l'impression en lisant ces passages que l'on parlait de tout autre chose. Mais comme je le dis, c'est un tout petit bémol car le livre m'a énormément plu.
J'espère avoir répondu à ta question . En tout cas, j'ai tout à fait compris ce que tu voulais dire et pourquoi. Et en effet, je pense que c'est normal qu'un texte plus tardif soit plus réfléchi.
Invité- Invité
Re: [Braun, Sam] Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Tout le monde pourrait se dire « Tiens, encore un livre sur la Seconde Guerre Mondiale », mais pour moi, tout est différent. J'en ai lu des dizaines et pourtant, celui la n'est pas comme les autres …
En ce qui me concerne, la différence avec les autres livres, c'est notamment le récit de Sam Braun sous forme d'entretien, réalisé par Stéphane Guinoiseau. Cet entretien qui est poignant, véritablement bouleversant !
Sam Braun, un jeune garçon de seize ans vivait une vie paisible à Clermont-Ferrand lorsqu'il fut arrêté avec ses parents et sa petite sœur. Ils seront déportés vers Drancy puis Auschwitz. Malheureusement, et il l'a compris dès le début de son arrivé au camp, Sam Braun en reviendra seul. Après un long silence, Sam Braun va enfin se décider à parler de cette période noire de sa vie, celle qui la hantera à tout jamais.
Dans cet entretien, Stéphane Guinoiseau va poser les bonnes questions, pour que Sam Braun nous raconte l'horreur qu'il a vécu à seulement seize ans. Je suis vraiment touché par ce Monsieur, qui pour moi à un courage plus que merveilleux. Il a aussi une force de caractère qui à mes yeux me paraît surhumaine. Comment fait-il, après avoir vécu la misère, pour être aussi sage que cela ? Comment fait-il pour n'en vouloir à personne ? Beaucoup de personnes, sans l'avoir vécu, pense que le sentiment de vengeance est obligatoire mais Sam Braun, avec ses mots que l'on boit sans hésiter, va nous démontrer que la violence ne se résout pas par la violence, bien au contraire, qu'elle ne pourra de toute façon rien effacer de la souffrance intérieure qu'il ressent.
Dans ce témoignage, je trouve que Sam Braun nous donne une véritable leçon de vie, qu'il nous aide à comprendre un peu mieux ce que l'on ne pourra jamais comprendre vraiment, parce que nous ne l'avons pas vécu et que même si l'on s'imagine certaines choses avec les détails qu'il nous fournit, on ne pourra jamais vraiment tout ressentir. Il nous explique aussi le pourquoi de son silence, ce qui fait aussi la différence avec certains auteurs ou réalisateur, tels que Primo Levi avec Si c'est un homme ou encore Claude Landzmann avec son film Shoah.
Ce témoignage est pour moi un des mieux écrits et mieux raconter de tout ceux que j'ai lu. En effet, il nous raconte sa vision personnelle dans ce camp de la mort, avec des mots simples mais à la fois forts, très forts. J'ai été marqué par pas mal de passages, que je vous laisserais découvrir si vous lisez ce livre, mais en aucun cas je n'ai été choquée par les mots employés par Sam Braun. Quand on y réfléchi, venant de lui, cet homme si sage, si tranquille, si posé, je trouve que ce n'est pas étonnant.
Je pense aussi que c'est un témoignage qui peut-être lu par des adolescents, comme des adultes, du moment où le sujet de la guerre et des camps de concentration et d'extermination ne nous est pas inconnu.
En ce qui me concerne, la différence avec les autres livres, c'est notamment le récit de Sam Braun sous forme d'entretien, réalisé par Stéphane Guinoiseau. Cet entretien qui est poignant, véritablement bouleversant !
Sam Braun, un jeune garçon de seize ans vivait une vie paisible à Clermont-Ferrand lorsqu'il fut arrêté avec ses parents et sa petite sœur. Ils seront déportés vers Drancy puis Auschwitz. Malheureusement, et il l'a compris dès le début de son arrivé au camp, Sam Braun en reviendra seul. Après un long silence, Sam Braun va enfin se décider à parler de cette période noire de sa vie, celle qui la hantera à tout jamais.
Dans cet entretien, Stéphane Guinoiseau va poser les bonnes questions, pour que Sam Braun nous raconte l'horreur qu'il a vécu à seulement seize ans. Je suis vraiment touché par ce Monsieur, qui pour moi à un courage plus que merveilleux. Il a aussi une force de caractère qui à mes yeux me paraît surhumaine. Comment fait-il, après avoir vécu la misère, pour être aussi sage que cela ? Comment fait-il pour n'en vouloir à personne ? Beaucoup de personnes, sans l'avoir vécu, pense que le sentiment de vengeance est obligatoire mais Sam Braun, avec ses mots que l'on boit sans hésiter, va nous démontrer que la violence ne se résout pas par la violence, bien au contraire, qu'elle ne pourra de toute façon rien effacer de la souffrance intérieure qu'il ressent.
Dans ce témoignage, je trouve que Sam Braun nous donne une véritable leçon de vie, qu'il nous aide à comprendre un peu mieux ce que l'on ne pourra jamais comprendre vraiment, parce que nous ne l'avons pas vécu et que même si l'on s'imagine certaines choses avec les détails qu'il nous fournit, on ne pourra jamais vraiment tout ressentir. Il nous explique aussi le pourquoi de son silence, ce qui fait aussi la différence avec certains auteurs ou réalisateur, tels que Primo Levi avec Si c'est un homme ou encore Claude Landzmann avec son film Shoah.
Ce témoignage est pour moi un des mieux écrits et mieux raconter de tout ceux que j'ai lu. En effet, il nous raconte sa vision personnelle dans ce camp de la mort, avec des mots simples mais à la fois forts, très forts. J'ai été marqué par pas mal de passages, que je vous laisserais découvrir si vous lisez ce livre, mais en aucun cas je n'ai été choquée par les mots employés par Sam Braun. Quand on y réfléchi, venant de lui, cet homme si sage, si tranquille, si posé, je trouve que ce n'est pas étonnant.
Je pense aussi que c'est un témoignage qui peut-être lu par des adolescents, comme des adultes, du moment où le sujet de la guerre et des camps de concentration et d'extermination ne nous est pas inconnu.
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