[Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
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[Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Joyce Carol Oates
Petite soeur, mon amour
Philippe Rey 667 p
Présentation de l'éditeur
S'emparant d'un fait-divers, un mystère jamais résolu, qui bouleversa l'Amérique - l'assassinat le soir de Noël 1996 de la petite JonBenet Ramsey, six ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté -, Joyce Carol Oates reconstruit l'affaire qu'elle n'hésite pas, elle, à dénouer. Une histoire effarante racontée dix ans après par le frère de la victime. La petite fille s'appelle maintenant Bliss, c'est une championne de patinage sur glace, l'enfant adoré de ses parents, la coqueluche d'un pays, la soeur aimée et jalousée par son frère, son aîné de trois ans, Skyler. Skyler qui, depuis le meurtre, a vécu dans un univers de drogues, de psys et d'établissements médicalisés. Agé aujourd'hui de dix-neuf ans, il fait de son récit une sorte de thérapie. Ses souvenirs sont à la fois vivaces et disloqués. Peu à peu émerge le nom du coupable : est-ce le père - homme d'affaires ambitieux, la mère - arriviste forcenée, un étranger cinglé ou bien... le narrateur lui-même ? Tous les ingrédients préférés de Joyce Carol Oates sont là : la vanité féminine, la stupidité masculine, la famille dysfonctionnelle, l'angoisse du parvenu, le christianisme de charlatan, les dérives de la psychanalyse, le vampirisme des médias, l'incompétence de la police. Pour produire en fin de compte un chef-d'oeuvre hallucinant, un dépeçage au scalpel de l'âme humaine et de l'horreur ordinaire...
Biographie de l'auteur
Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, professeur de littérature à Princeton, titulaire de multiples récompenses littéraires (dont le prix Femina étranger en 2005 pour "Les Chutes"), Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place au tout premier rang des écrivains contemporains.
Mon avis:
Il faut être un fan de J C Oates pour lire ce livre. La construction est originale, l'histoire racontée par le fils est le récit de sa vie écrit quelques années après le drame, sorte de psychanalyse, enrichi de nombreuses notes de bas de page. L'écriture est hachée, heurtée, souvent à la limite de la cohérence, le fils étant quelque peu perturbé.
A travers le récit se développe une critique sans pitié de la haute bourgeoisie Américaine, de cette lutte pour l'excellence entamée dès le plus jeune age et dénonce de ce qui mène cette société; l'argent, le pouvoir, le sexe, la morale puritaine et met en lumière son hypocrisie, en particulier vis à vis de la religion. Il y a des passages absolument terrifiant sur la vision de ce monde.
Mais le livre est vraiment long et le procédé qui séduit au premier abord finit par lasser. La lecture est souvent difficile et il faut s'accrocher pour continuer.
En conclusion, si vous êtes un admirateur de J C Oates, essayez de le lire, il y a des passages époustouflants, si vous ne la connaissez pas, commencez par des œuvres plus abordables.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Ce livre est noté dans mon pense-bête car le résume me plaisait beaucoup. Mais je vois que tu ne le conseilles pas à ceux qui ne connaissent pas encore l'auteur.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Je suis loin d'avoir tout lu car elle a énormément écrit mais je garde un bon souvenir de "Reflets en eau trouble", "Zombi", "Gang de filles" entre autre, je crois que "La chute" avait eu un prix (Femina ?).
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Mon avis :
Joyce Carol Oates ne montre pas l'envers du rêve américain, elle le fait littéralement voler en éclats. Pour atteindre son but, elle détourne une forme convenue : le livre-confession autobiographique. Ce genre littéraire commercial fleurit aux Etats-Unis mais aussi en France (je n'ai pas de titres en tête, je ne lis pas ce genre de prose, je sais simplement qu'elle existe. Joyce Carol Oates donne l'illusion du réel en concentrant tous les codes du genre sur sept cents pages, en écrivant avec une maestria, une ironie douloureuse, une lucidité sans faille ce récit sordide.
Elle s'est inspirée d'un fait divers tristement célèbre : l'assassinat non résolu d'une mini-miss JonBennet Ramsey. Des reportages, et même un téléfilm ont été consacrés à ce meurtre, montrant la manière dont les parents exploitaient leur fille, mais aussi insufflant l'idée que le frère aîné n'était pas étranger à sa mort. Un pédophile est passé aux aveux en 2006, mais les enquêteurs ont montré les incohérences de son témoignage. Le dossier a été rouvert fin 2010. Voilà pour les faits "réels". Retournons maintenant au roman.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la famille Rampike. Le père a un excellent travail, qui lui a permis d'acheter une maison dans un quartier chic. Sa femme ne travaille pas, comme il se doit, elle se consacre à l'éducation de son fils, Skyler, le "petit homme" de maman, puis d'Edna Louise, sa fille, un bébé qui passe son temps à pleurer. Leur but ultime, déjà ? Paraître, à tout prix. Personne ne fait attention à madame Rampike, qui essaie d'initier son fils au patinage artistique. Elle peine à entrer en relation avec les familles en vue, celles qui habitent dans des quartiers encore plus chic que le sien. Le drame survient. Non, je ne parle pas du meurtre - pas déjà - je parle de la chute qui laissera Skyler handicapé, à la suite d'un accident à l'entraînement de gymnastique. Skyler perd dès lors presque tout intérêt aux yeux de son père, qui n'en fera jamais le grand champion dont il rêvait. Par contre, il pourra intenter un procès à son entraîneur et d'obtenir une somme d'argent substantielle - première dénonciation du système judiciaire américain - et reporter la responsabilité sur lui, et non sur sa volonté de paraître - déjà.
L'image est ce qui compte plus que tout. Paraître, toujours. Le jugement moral n'est pas écrit noir sur blanc, non, il est là, dans le ton employé par Skyler, dans ses remarques persiflantes. Bientôt, Edna Louise ne sera plus, elle sera Bliss, et tant pis si ce choix déplaît à madame Rampike mère dont elle porte le prénom, ce choix ne l'avait pas amadoué, pourquoi le conserver ? Bliss entre sur cette scène qu'est la patinoire, et tous les regards convergent vers cette enfant de quatre ans qui patine si bien. Cette enfant aura très vite les mêmes costumes qu'une patineuse adulte (les descriptions, précises, sont autant d'invites pour un certain public masculin), elle sera maquillée, non pour aguicher, non parce qu'elle n'est pas très jolie mais parce que c'est nécessaire, ses cheveux seront teints, bref, Edna Louise est complètement dépossédée de son identité première, afin de plaire, pas seulement au jury, mais surtout à ses propres parents, passés maître, surtout la mère, dans le chantage affectif et religieux.
Bigote, madame Rampike ? Sans doute, elle qui prie si souvent, et se reproche de ne pas avoir prié assez en cas de défaite. Elle s'est forgée une foi à son image, je l'imagine fort bien en championne de la casuistique, elle qui déforme chaque précepte pour l'utiliser à son avantage. Le pire, bien sûr, est qu'elle n'en a aucunement conscience, tout comme son mari n'a aucunement conscience que sa culture n'est que de la cuistrerie, qui en serait presque risible n'étaient son attachement viscérale à ses principes, aussi déformés qu'un reflet dans un palais des glaces.
Risibles, oui, ils le seraient si la tragédie n'était au milieu du chemin. Ils le seraient par le décalage flagrant entre leurs paroles et leurs actes. Ils sont surtout abjects, et tout une industrie avec eux. Pas besoin de dénoncer, il suffit juste pour Skyler d'annoncer le nombre de maladies mentales qui lui ont été diagnostiquées, le nombre de médicaments que lui et sa soeur ont été contraints de prendre, pour soigner les sus-dites maladies ou pour augmenter les performances sportives, pour rendre plus dociles aussi. La moindre rébellion est aussitôt étiquetée et soignée, à la plus grande joie des industries pharmaceutiques. Il lui suffit aussi de révéler ce qui a été fait des images de sa soeur, et des batailles autour de ce "droit à l'image", chèrement remportée par la famille éplorée. Il suffit de montrer sa mère, devenue écrivain (!) afin de raconter la véritable histoire de sa fille puis de montrer comment elle avait surmonté sa douleur.
Pour jouer le jeu de la vérité, Joyce Carol Oates montre Skyler en train de s'interroger. Sur la justesse de ses souvenirs ou de sa reconstitution. Sur son droit à raconter tel ou tel fait. Etre multiple, le Skyler lecteur sourit presque du Skyler écrivain, encore sous le coup de ses névroses, tout comme celui-ci se détache du Skyler souffrant qui est pourtant le personnage de base de ce récit - lui et Bliss, indéfectiblement liés. Paradoxe ultime ou pirouette finale, Skyler choisit de ne pas révéler la vérité sur le meurtre de sa soeur, tout en le montrant à lire dans le récit. Skyler ne peut pas dire quelque chose qu'il n'a pas fait.
Tous les sujets peuvent être traités en littérature. Il faut juste avoir la puissante écriture de Joyce Carol Oates pour en tirer un ouvrage destabilisant, dérangeant, et parfaitement réussi.
Joyce Carol Oates ne montre pas l'envers du rêve américain, elle le fait littéralement voler en éclats. Pour atteindre son but, elle détourne une forme convenue : le livre-confession autobiographique. Ce genre littéraire commercial fleurit aux Etats-Unis mais aussi en France (je n'ai pas de titres en tête, je ne lis pas ce genre de prose, je sais simplement qu'elle existe. Joyce Carol Oates donne l'illusion du réel en concentrant tous les codes du genre sur sept cents pages, en écrivant avec une maestria, une ironie douloureuse, une lucidité sans faille ce récit sordide.
Elle s'est inspirée d'un fait divers tristement célèbre : l'assassinat non résolu d'une mini-miss JonBennet Ramsey. Des reportages, et même un téléfilm ont été consacrés à ce meurtre, montrant la manière dont les parents exploitaient leur fille, mais aussi insufflant l'idée que le frère aîné n'était pas étranger à sa mort. Un pédophile est passé aux aveux en 2006, mais les enquêteurs ont montré les incohérences de son témoignage. Le dossier a été rouvert fin 2010. Voilà pour les faits "réels". Retournons maintenant au roman.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la famille Rampike. Le père a un excellent travail, qui lui a permis d'acheter une maison dans un quartier chic. Sa femme ne travaille pas, comme il se doit, elle se consacre à l'éducation de son fils, Skyler, le "petit homme" de maman, puis d'Edna Louise, sa fille, un bébé qui passe son temps à pleurer. Leur but ultime, déjà ? Paraître, à tout prix. Personne ne fait attention à madame Rampike, qui essaie d'initier son fils au patinage artistique. Elle peine à entrer en relation avec les familles en vue, celles qui habitent dans des quartiers encore plus chic que le sien. Le drame survient. Non, je ne parle pas du meurtre - pas déjà - je parle de la chute qui laissera Skyler handicapé, à la suite d'un accident à l'entraînement de gymnastique. Skyler perd dès lors presque tout intérêt aux yeux de son père, qui n'en fera jamais le grand champion dont il rêvait. Par contre, il pourra intenter un procès à son entraîneur et d'obtenir une somme d'argent substantielle - première dénonciation du système judiciaire américain - et reporter la responsabilité sur lui, et non sur sa volonté de paraître - déjà.
L'image est ce qui compte plus que tout. Paraître, toujours. Le jugement moral n'est pas écrit noir sur blanc, non, il est là, dans le ton employé par Skyler, dans ses remarques persiflantes. Bientôt, Edna Louise ne sera plus, elle sera Bliss, et tant pis si ce choix déplaît à madame Rampike mère dont elle porte le prénom, ce choix ne l'avait pas amadoué, pourquoi le conserver ? Bliss entre sur cette scène qu'est la patinoire, et tous les regards convergent vers cette enfant de quatre ans qui patine si bien. Cette enfant aura très vite les mêmes costumes qu'une patineuse adulte (les descriptions, précises, sont autant d'invites pour un certain public masculin), elle sera maquillée, non pour aguicher, non parce qu'elle n'est pas très jolie mais parce que c'est nécessaire, ses cheveux seront teints, bref, Edna Louise est complètement dépossédée de son identité première, afin de plaire, pas seulement au jury, mais surtout à ses propres parents, passés maître, surtout la mère, dans le chantage affectif et religieux.
Bigote, madame Rampike ? Sans doute, elle qui prie si souvent, et se reproche de ne pas avoir prié assez en cas de défaite. Elle s'est forgée une foi à son image, je l'imagine fort bien en championne de la casuistique, elle qui déforme chaque précepte pour l'utiliser à son avantage. Le pire, bien sûr, est qu'elle n'en a aucunement conscience, tout comme son mari n'a aucunement conscience que sa culture n'est que de la cuistrerie, qui en serait presque risible n'étaient son attachement viscérale à ses principes, aussi déformés qu'un reflet dans un palais des glaces.
Risibles, oui, ils le seraient si la tragédie n'était au milieu du chemin. Ils le seraient par le décalage flagrant entre leurs paroles et leurs actes. Ils sont surtout abjects, et tout une industrie avec eux. Pas besoin de dénoncer, il suffit juste pour Skyler d'annoncer le nombre de maladies mentales qui lui ont été diagnostiquées, le nombre de médicaments que lui et sa soeur ont été contraints de prendre, pour soigner les sus-dites maladies ou pour augmenter les performances sportives, pour rendre plus dociles aussi. La moindre rébellion est aussitôt étiquetée et soignée, à la plus grande joie des industries pharmaceutiques. Il lui suffit aussi de révéler ce qui a été fait des images de sa soeur, et des batailles autour de ce "droit à l'image", chèrement remportée par la famille éplorée. Il suffit de montrer sa mère, devenue écrivain (!) afin de raconter la véritable histoire de sa fille puis de montrer comment elle avait surmonté sa douleur.
Pour jouer le jeu de la vérité, Joyce Carol Oates montre Skyler en train de s'interroger. Sur la justesse de ses souvenirs ou de sa reconstitution. Sur son droit à raconter tel ou tel fait. Etre multiple, le Skyler lecteur sourit presque du Skyler écrivain, encore sous le coup de ses névroses, tout comme celui-ci se détache du Skyler souffrant qui est pourtant le personnage de base de ce récit - lui et Bliss, indéfectiblement liés. Paradoxe ultime ou pirouette finale, Skyler choisit de ne pas révéler la vérité sur le meurtre de sa soeur, tout en le montrant à lire dans le récit. Skyler ne peut pas dire quelque chose qu'il n'a pas fait.
Tous les sujets peuvent être traités en littérature. Il faut juste avoir la puissante écriture de Joyce Carol Oates pour en tirer un ouvrage destabilisant, dérangeant, et parfaitement réussi.
Sharon- Modérateur
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Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Bravo, superbe critique Sharon, je vois que tu as vraiment apprécié ce livre, J C Oates est vraiment une auteure majeure de la littérature Américaine et j'ai été surpris à chaque lecture de ses œuvres et souvent enthousiasmé même si, pour ce roman, j'ai quand même trouvé la lecture difficile et le roman un petit peu long.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Merci Le Motard.
J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à rédiger cet avis, j'avais peur de passer à côté de ce roman (et peut-être y suis-je passée, après tout) ou de trop en dévoiler. Maintenant, j'espère lire Blonde.
J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à rédiger cet avis, j'avais peur de passer à côté de ce roman (et peut-être y suis-je passée, après tout) ou de trop en dévoiler. Maintenant, j'espère lire Blonde.
Sharon- Modérateur
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Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Mon avis :
Joyce Carol Oates s'inspire d'un fait réel, l'assassinat de JonBenet Ramsey, peite Miss Colorado de 6 ans, pour composer ce roman angoissant. C'est Skyler, le frère aîné de Bliss qui raconte les faits. Alors âgé de 19 ans, après des années d'errance dans des hôpitaux psychiatriques ou des écoles pour adolescents spéciaux, à peine sorti de la consommation intensive de psychotropes, il tente de reconstruire l'histoire de sa famille et de l'assassinat de sa sœur.
Le lecteur descend alors au cœur de l'horreur. On ne peut qu'être indigné par le comportement des parents. Une mère prête à tout pour être sous les feux de la caméra, et être admise par la jet set, gave ses enfants de médicaments, les pousse au maximum de leurs possibilités. Le comble de l'horreur est de voir comment elle exploite la mort de sa fille pour vendre des livres et des produits miracles. On retrouve ici le comportement américain d'aller jusqu'au bout pour faire de l'argent. Elle est aussi infâme que les journalistes de ces tabloïds qui accablent leurs proies.
Le père, lui, ne pense qu'à sa carrière et à ses maîtresses. Toujours très aimants avec ses enfants, il brille par son absence et ses promesses non tenues.
Comment Skyler peut-il se construire au sein d'une telle famille, alors que sa propre mère lui laisse penser qu'il est le meurtrier de sa sœur?
Le style est à l'image des pensées du narrateur. Même si je n'ai pas apprécié toutes ces notes en bas de page,Skyler les justifie comme le reflet de ce qu'il était pour ses parents. L'auteur, par l'intermédiaire du narrateur nous convoque en permanence, nous pousse à réagir, nous questionne et nous sermonne.
Les titres de chapitre, les formes du récit témoignent de l'esprit perturbé du jeune homme.
Je reproche un peu à Joyce carol Oates de s'étaler un peu dans cette narration, tant par les évènements que par la forme mais elle traite si bien des émotions, des névroses que c'est un vrai régal que de suivre tous ces débordements.
Joyce Carol Oates s'inspire d'un fait réel, l'assassinat de JonBenet Ramsey, peite Miss Colorado de 6 ans, pour composer ce roman angoissant. C'est Skyler, le frère aîné de Bliss qui raconte les faits. Alors âgé de 19 ans, après des années d'errance dans des hôpitaux psychiatriques ou des écoles pour adolescents spéciaux, à peine sorti de la consommation intensive de psychotropes, il tente de reconstruire l'histoire de sa famille et de l'assassinat de sa sœur.
Le lecteur descend alors au cœur de l'horreur. On ne peut qu'être indigné par le comportement des parents. Une mère prête à tout pour être sous les feux de la caméra, et être admise par la jet set, gave ses enfants de médicaments, les pousse au maximum de leurs possibilités. Le comble de l'horreur est de voir comment elle exploite la mort de sa fille pour vendre des livres et des produits miracles. On retrouve ici le comportement américain d'aller jusqu'au bout pour faire de l'argent. Elle est aussi infâme que les journalistes de ces tabloïds qui accablent leurs proies.
Le père, lui, ne pense qu'à sa carrière et à ses maîtresses. Toujours très aimants avec ses enfants, il brille par son absence et ses promesses non tenues.
Comment Skyler peut-il se construire au sein d'une telle famille, alors que sa propre mère lui laisse penser qu'il est le meurtrier de sa sœur?
Le style est à l'image des pensées du narrateur. Même si je n'ai pas apprécié toutes ces notes en bas de page,Skyler les justifie comme le reflet de ce qu'il était pour ses parents. L'auteur, par l'intermédiaire du narrateur nous convoque en permanence, nous pousse à réagir, nous questionne et nous sermonne.
Les titres de chapitre, les formes du récit témoignent de l'esprit perturbé du jeune homme.
Je reproche un peu à Joyce carol Oates de s'étaler un peu dans cette narration, tant par les évènements que par la forme mais elle traite si bien des émotions, des névroses que c'est un vrai régal que de suivre tous ces débordements.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
C'est une de mes dernières acquisitions !
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Voila encore une lecture pour moi
Merci à vous
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lalyre- Grand sage du forum
-
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Localisation : Liège (Belgique )
Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
Date d'inscription : 07/04/2010
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Résumé
En 1996, en Amérique, dans un quartier huppé d’une petite ville, on fait la connaissance d’une famille, le père est cadre dans une grande société, la mère que je qualifie comme une femme abominable, la petite Edna-Louise âgée de quatre ans, qui pour le public sera connue sous le nom de Bliss,nom imposé par la mère et voici Skyler, le grand frère un peu psychotique mais très doué pour les études. Bliss malgré son jeune âge aime patiner et sous l’égide de sa mère va participer à tous les concours, toujours déguisée, coiffée et manucurée car comme dit sa mère, ses admirateurs doivent la voir comme une poupée, elle devient très vite championne de patinage dans plusieurs catégories, jusqu’au jour ou une défaillance brise sa carrière. Mais tout se disloque dans cette famille lorsqu’on retrouve Bliss assassinée et c’est dix ans après le drame que Skyler névrosé et drogué ayant passé par plusieurs centres de désintoxication, décide de raconter la véritable histoire de sa petite soeur, de la vie chaotique de sa vie, de son père qui gagne beaucoup d’argent , un homme infidèle, de sa mère qui se fait valoir en utilisant la petite Bliss, du désintéressement des parents à son égard, il avoue avoir éprouvé de la jalousie. Il y a eu aussi les soupçons sur lui et ses parents. Tout cela il l’écrit presque sur un ton d’excuse comme si la moitié de sa vie passée dans les écoles spécialisées pour enfants de riche et dans les hôpitaux psychiatriques l’avaient diminués aux yeux des lecteurs qu’il prend souvent comme témoins car il ne sait pas lui-même ou il en est....Des petits textes en bas de page ou Skyler s'adresse aux lecteurs...
Mon avis
J’ai trouvé ce livre spécial dans sa forme, un peu comme si les personnages étaient auprès de moi, j’ai ressenti les peines et les pensées de Skyler, j’ai aimé la malheureuse petite Bliss exploitée par sa mère indigne, j’ai détesté le père lâche et hypocrite. J’ai aussi aimé la façon dont l’auteure a prêté sa plume à Skyler. Il est certain que ce livre dénonce les parents indignes qui volent l’enfance de leur progéniture et cela par vanité. On peut lire ce livre un peu comme un polar car bien sûr il y a une fin, car qui a tué Bliss ? Est-ce l’obsédé sexuel qui a avoué et s’est donné la mort ? Peut-être l‘un des parents ou Skiler ? Un livre qui est mon premier gros coup de coeur de l’année5/5
En 1996, en Amérique, dans un quartier huppé d’une petite ville, on fait la connaissance d’une famille, le père est cadre dans une grande société, la mère que je qualifie comme une femme abominable, la petite Edna-Louise âgée de quatre ans, qui pour le public sera connue sous le nom de Bliss,nom imposé par la mère et voici Skyler, le grand frère un peu psychotique mais très doué pour les études. Bliss malgré son jeune âge aime patiner et sous l’égide de sa mère va participer à tous les concours, toujours déguisée, coiffée et manucurée car comme dit sa mère, ses admirateurs doivent la voir comme une poupée, elle devient très vite championne de patinage dans plusieurs catégories, jusqu’au jour ou une défaillance brise sa carrière. Mais tout se disloque dans cette famille lorsqu’on retrouve Bliss assassinée et c’est dix ans après le drame que Skyler névrosé et drogué ayant passé par plusieurs centres de désintoxication, décide de raconter la véritable histoire de sa petite soeur, de la vie chaotique de sa vie, de son père qui gagne beaucoup d’argent , un homme infidèle, de sa mère qui se fait valoir en utilisant la petite Bliss, du désintéressement des parents à son égard, il avoue avoir éprouvé de la jalousie. Il y a eu aussi les soupçons sur lui et ses parents. Tout cela il l’écrit presque sur un ton d’excuse comme si la moitié de sa vie passée dans les écoles spécialisées pour enfants de riche et dans les hôpitaux psychiatriques l’avaient diminués aux yeux des lecteurs qu’il prend souvent comme témoins car il ne sait pas lui-même ou il en est....Des petits textes en bas de page ou Skyler s'adresse aux lecteurs...
Mon avis
J’ai trouvé ce livre spécial dans sa forme, un peu comme si les personnages étaient auprès de moi, j’ai ressenti les peines et les pensées de Skyler, j’ai aimé la malheureuse petite Bliss exploitée par sa mère indigne, j’ai détesté le père lâche et hypocrite. J’ai aussi aimé la façon dont l’auteure a prêté sa plume à Skyler. Il est certain que ce livre dénonce les parents indignes qui volent l’enfance de leur progéniture et cela par vanité. On peut lire ce livre un peu comme un polar car bien sûr il y a une fin, car qui a tué Bliss ? Est-ce l’obsédé sexuel qui a avoué et s’est donné la mort ? Peut-être l‘un des parents ou Skiler ? Un livre qui est mon premier gros coup de coeur de l’année5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Lalyre, je suis ravie que ce roman t'ait plu autant qu'à moi.
Sharon- Modérateur
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Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Voilà un roman pour le moins original dans le style et la construction. Ce n’est plus Joyce Carol Oates mais Skyler Rampike, le personnage principal, qui tient la plume. Dans ce roman, elle disparait totalement derrière le narrateur et lui fait dire des vérités tel un témoignage, ici un peu maladroit et enfantin. L’écriture est parfois dérangeante mais fidèle à la personnalité torturée de ce personnage, qui se définit lui-même d’amateur-narrateur. Construit à la manière d’un document, il regroupe un journal intime, des pièces personnelles (lettres, messages) et une multitude de notes en bas de page laissées par le personnage pour aiguiller le lecteur dans sa lecture.
On en oublie totalement l’auteure au profit de cet anti-héros attachant. Et pourtant, on y retrouve son style si particulier qui restitue à merveille la psychologie de ses personnages. Une écriture efficace qui touche le lecteur, et qui fait de Petite sœur, mon amour un récit magnifique, bouleversant et saisissant.
S’inspirant d’un fait divers qui défraya les chroniques américaines (le meurtre irrésolu de mini-miss-America en 1996), elle utilise la réalité pour sa fiction et propose d’élucider cette affaire par le bais de son personnage. Bien que Petite sœur, mon amour prenne ses sources sur un fait divers, Joyce Carol Oates l’annonce comme une œuvre purement imaginaire utilisant cette énigme criminelle comme la base de son roman. En effet, sur près de 600 pages elle relate la vie des Rampike à l’image de celle des Ramsey, magistralement contée par l’ainé de la victime jusqu’au dénouement final. Dans la triste histoire originale, le meurtre n’a jamais été élucidé et aussi bien les parents que le frère furent soupçonnés. Jusqu’aux dernières pages on est tenté ici d’accuser l’un ou l’autre. Mais la force de la fiction permet à J.C.Oates d’élucider le crime et elle décide ainsi de lever le voile sur les faits.
Sa retranscription des faits et de cette société fait froid dans le dos. A travers ce récit, l’auteure analyse avec beaucoup de finesse la société américaine dans tout ce qu’il y a de médiocre : les adultes manipulateurs arrivistes et avides de reconnaissance sociale, la ferveur religieuse, la sur-médicamentation des enfants et les institutions qui encouragent tout cela.
Entre thriller et drame psychologique, Petite sœur, mon amour est un roman haletant, difficile à lâcher. L’auteure maintient la tension de la première à la dernière page. Comme dans un bon polar, on participe à l’enquête, on cherche, suppose le coupable jusqu’à l’épilogue glaçant. Comme souvent dans les romans de J.C.Oates, on est balloté d’un sentiment à l’autre : la beauté, l’écœurement, la haine, la pitié… mais toujours en restant fidèle au ressenti du personnage. On pénètre instantanément dans le monde de Skyler pour devenir le témoin du drame de sa vie. Une efficacité redoutable !
Pour conclure, je dirai que c'est un bon roman dont je me souviendrai longtemps, comme la plupart des romans de Joyce Carol Oates ! Je l'ai beaucoup aimé, même si j'ai pris pas mal de temps pour le lire car il est un peu long (plus de 600 pages). Par contre, si vous ne connaissez pas J.C. Oates, je vous conseille de ne pas commencer pas celui-ci car ce n’est pas un des plus faciles de cette grande dame de la littérature.
On en oublie totalement l’auteure au profit de cet anti-héros attachant. Et pourtant, on y retrouve son style si particulier qui restitue à merveille la psychologie de ses personnages. Une écriture efficace qui touche le lecteur, et qui fait de Petite sœur, mon amour un récit magnifique, bouleversant et saisissant.
S’inspirant d’un fait divers qui défraya les chroniques américaines (le meurtre irrésolu de mini-miss-America en 1996), elle utilise la réalité pour sa fiction et propose d’élucider cette affaire par le bais de son personnage. Bien que Petite sœur, mon amour prenne ses sources sur un fait divers, Joyce Carol Oates l’annonce comme une œuvre purement imaginaire utilisant cette énigme criminelle comme la base de son roman. En effet, sur près de 600 pages elle relate la vie des Rampike à l’image de celle des Ramsey, magistralement contée par l’ainé de la victime jusqu’au dénouement final. Dans la triste histoire originale, le meurtre n’a jamais été élucidé et aussi bien les parents que le frère furent soupçonnés. Jusqu’aux dernières pages on est tenté ici d’accuser l’un ou l’autre. Mais la force de la fiction permet à J.C.Oates d’élucider le crime et elle décide ainsi de lever le voile sur les faits.
Sa retranscription des faits et de cette société fait froid dans le dos. A travers ce récit, l’auteure analyse avec beaucoup de finesse la société américaine dans tout ce qu’il y a de médiocre : les adultes manipulateurs arrivistes et avides de reconnaissance sociale, la ferveur religieuse, la sur-médicamentation des enfants et les institutions qui encouragent tout cela.
Entre thriller et drame psychologique, Petite sœur, mon amour est un roman haletant, difficile à lâcher. L’auteure maintient la tension de la première à la dernière page. Comme dans un bon polar, on participe à l’enquête, on cherche, suppose le coupable jusqu’à l’épilogue glaçant. Comme souvent dans les romans de J.C.Oates, on est balloté d’un sentiment à l’autre : la beauté, l’écœurement, la haine, la pitié… mais toujours en restant fidèle au ressenti du personnage. On pénètre instantanément dans le monde de Skyler pour devenir le témoin du drame de sa vie. Une efficacité redoutable !
Pour conclure, je dirai que c'est un bon roman dont je me souviendrai longtemps, comme la plupart des romans de Joyce Carol Oates ! Je l'ai beaucoup aimé, même si j'ai pris pas mal de temps pour le lire car il est un peu long (plus de 600 pages). Par contre, si vous ne connaissez pas J.C. Oates, je vous conseille de ne pas commencer pas celui-ci car ce n’est pas un des plus faciles de cette grande dame de la littérature.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Merci Stéphanie pour cet avis.
Je suis toujours heureuse de lire que ce livre a été apprécié.
Je suis toujours heureuse de lire que ce livre a été apprécié.
Sharon- Modérateur
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Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
serais tu une fan ?Sharon a écrit:Merci Stéphanie pour cet avis.
Je suis toujours heureuse de lire que ce livre a été apprécié.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Mon avis :
L'idée de départ de cette histoire est intéressante mais arrivée à la deuxième moitié de ce livre, j'ai décroché et donc je l'ai abandonné car beaucoup trop long et le style est pour ma part trop lourd.
De plus, les annotations en bas de page de l'auteure m'ont fait perdre le fil de l'histoire et cassent également le rythme. Aussi, le narrateur m'a dérouté à cause de ses écarts avec le sujet principal et aussi, avec ses apartés rendant l'écriture de ce récit saccadée.
En conclusion, vous l'aurez compris, j'ai été déçue par cette lecture qui aurait pû me plaire mais au final m'a ennuyé au fil des pages.
L'idée de départ de cette histoire est intéressante mais arrivée à la deuxième moitié de ce livre, j'ai décroché et donc je l'ai abandonné car beaucoup trop long et le style est pour ma part trop lourd.
De plus, les annotations en bas de page de l'auteure m'ont fait perdre le fil de l'histoire et cassent également le rythme. Aussi, le narrateur m'a dérouté à cause de ses écarts avec le sujet principal et aussi, avec ses apartés rendant l'écriture de ce récit saccadée.
En conclusion, vous l'aurez compris, j'ai été déçue par cette lecture qui aurait pû me plaire mais au final m'a ennuyé au fil des pages.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
J'ai redige ce commentaire sur un autre forum et je me permets de le partager ici. J'apprecie beaucoup les romans de Joyce Carol Oates, j'aime sa maniere de presenter la vie de nos jours a l'americaine. Le commentaire en dira plus:
Puis j’ai lu sur sur l’auteur et j’ai compris que pour Oates avec son sensibilite pour le sinistre et le gothique, avec son don de faire des grotesques de la societe americaine, ainsi que pour les situations (melo)dramatiques, il n’aurait pas ete impossible de broder sur un fait divers qui a declanche un ouragan d’indignation et de chagrin chez la nation americaine. Cela aurait pu donner un melodrame, mais loin de la.
Mais Oates a decide de traiter l’histoire comme un satire de la rapacite, le caractaire mercenaire, la venalite de la classe des riches bourgeois americains se prenant pour des aristocrates.
Nat, Kervinia et d’autres grains ont deja parle du sujet raconte par le fere aine se prenommant Skyler de Bliss, la petite patineuse de genie, cruellement assassinee. Bliss est un personnage tres interessant tout comme les autres – une fille de 4, 5, 6 ans qui semble deja sexuellement reveillee « grace » a sa mere ambitieuse qui exploite le talent de la petite afin de briller elle-meme, de realiser ses reves, de s’introduire dans la haute societe.
Il y a soit l’auteur, soit Skyler qui prend la parole, Skyler traumatise par la tragedie, separe de ses parents, culpabilisant car soupconne d’avoir assassine sa soeur, surtout dans le web. A 19 ans, Skyler decide de raconter l’histoire de sa soeur pour se apaiser ses demons et ses fantomes.
Les familles dysfonctionnelles sont tous pareils – ils survivent (periphrase du debut du roman de Tolstoi « Anne Karenine »).Les parents, monstrueusement egoistes, negligents, superficiels, sont formidablement presentes d’une maniere caricaturale par l’ecrivaine.C’est aussi une famille-cliche de sa classe – femme arriviste qui ignore tout sur ses enfants a part s’ils servent ses ambitions narcissiques et mari materialiste, grossiers, coureur de jupons. Ce sont des parent qui tourmentent les enfants en les manipulants, des parents aussi stupides que meprisables.
Le pere, Bix Rempike est ridicule et pas a plaindre du tout avec ses impropriete de langage, avec ses « monogrami » et « polygramie » en se referant a un « palyontologiste ». La mere ecrit avec plein de fautes d’orthographes. Les solecismes des Repike font ressortir leur vulgarite, pourtant ils restent hautains et egocentriques. Cette grossierete et la turpitude morale accompagne les parents lors de toute l’histoire. Nous sommes dans un systeme moral qui place le philistinisme sur le meme spectre des enfants maltraites et assassines.
Ce qui me degoutait surtout chez les parents Rimpike, c’etait leur permanent discours d’auto-justification vis-a-vis de leurs enfants sur n’importe quel probleme, dans n’importe quelle situation.
Je ressentais un profond degout pour les Rempike-parents, mais il faut dire que ce ne sont pas des caracteres exageres, ils sont bien vraisemblables, credibles. Des personnes comme Betsey et Bix existent sans doute, et on pourrait leur trouver une vertu redemptrice, une certaine complexite psychologique... JCOates les a crees sans cela et le roman n’en souffre guere.
A part ce couple, au cours de la narration, nous sommes confrontes tout le temps a des personnages de leur entourage egalement antipathiques, faisant partie de ce monde de riches banlieusards.
Une exception dans ce monde – notre narrateur Skyler. Il ne partage pas les lacunes de ses parents et il croit qu’il a des lacune linguistiques. Il explique qu’il n’est pas un tres bon ecrivain, mais parfois, on le voit presque « a la hauteur » de JC Oates » Skyler nous dit aussi que son recit est surement genant a cause de ses troubles cognitifs et comportementaux et qu’il se repete « ad nauseam ». Oates est genial – avec une fameuse maitrise elle nous mene suivre l’evolution de Skyler, mais pour l’imitation de l’ecriture d’un enfnat naif tout perturbe, elle est incroyable – style souvent saccage, nerveux, narration maladroite et en meme temps avec conscience de soi.
Je me suis demandee sur certains moments dans le romans s’il etaient tragiques ou ridicules.
Ma soeur, mon amour est aussi un roman-accusation contre une fausse complicite culturelle dans la societe americaine vis-a-vis de la maltraitance des enfants.
Je n’ai pas compris si la petite amie de Skyler a ete enceinte ou non et pourquoi son pere le questionnait sur cela apres l’enterrement de la mere. C’est peu important.
Skyler truve son salut, sa redemption apres d’un pasteur, au sein de son eglise. Je lu sur cette hysterie religieuse des eglises americaines, mais il faut que le jeune homme trouve quand meme des personnes qui l’acceptent de bon coeur. A la fin du livre, il y a quelques phrases sur ses projets de reintegration.
Petite soeur, mon amour
Je me rappelle que lorsque je le lisais, j’ai vecu avec “Petite soeur, mon amour” de JC Oates plus de deux semaines. Et je reviens vite dans son monde, dans ce merveilleux conte si lugubre si j'y repense. Puis j’ai lu sur sur l’auteur et j’ai compris que pour Oates avec son sensibilite pour le sinistre et le gothique, avec son don de faire des grotesques de la societe americaine, ainsi que pour les situations (melo)dramatiques, il n’aurait pas ete impossible de broder sur un fait divers qui a declanche un ouragan d’indignation et de chagrin chez la nation americaine. Cela aurait pu donner un melodrame, mais loin de la.
Mais Oates a decide de traiter l’histoire comme un satire de la rapacite, le caractaire mercenaire, la venalite de la classe des riches bourgeois americains se prenant pour des aristocrates.
Nat, Kervinia et d’autres grains ont deja parle du sujet raconte par le fere aine se prenommant Skyler de Bliss, la petite patineuse de genie, cruellement assassinee. Bliss est un personnage tres interessant tout comme les autres – une fille de 4, 5, 6 ans qui semble deja sexuellement reveillee « grace » a sa mere ambitieuse qui exploite le talent de la petite afin de briller elle-meme, de realiser ses reves, de s’introduire dans la haute societe.
Il y a soit l’auteur, soit Skyler qui prend la parole, Skyler traumatise par la tragedie, separe de ses parents, culpabilisant car soupconne d’avoir assassine sa soeur, surtout dans le web. A 19 ans, Skyler decide de raconter l’histoire de sa soeur pour se apaiser ses demons et ses fantomes.
Les familles dysfonctionnelles sont tous pareils – ils survivent (periphrase du debut du roman de Tolstoi « Anne Karenine »).Les parents, monstrueusement egoistes, negligents, superficiels, sont formidablement presentes d’une maniere caricaturale par l’ecrivaine.C’est aussi une famille-cliche de sa classe – femme arriviste qui ignore tout sur ses enfants a part s’ils servent ses ambitions narcissiques et mari materialiste, grossiers, coureur de jupons. Ce sont des parent qui tourmentent les enfants en les manipulants, des parents aussi stupides que meprisables.
Le pere, Bix Rempike est ridicule et pas a plaindre du tout avec ses impropriete de langage, avec ses « monogrami » et « polygramie » en se referant a un « palyontologiste ». La mere ecrit avec plein de fautes d’orthographes. Les solecismes des Repike font ressortir leur vulgarite, pourtant ils restent hautains et egocentriques. Cette grossierete et la turpitude morale accompagne les parents lors de toute l’histoire. Nous sommes dans un systeme moral qui place le philistinisme sur le meme spectre des enfants maltraites et assassines.
Ce qui me degoutait surtout chez les parents Rimpike, c’etait leur permanent discours d’auto-justification vis-a-vis de leurs enfants sur n’importe quel probleme, dans n’importe quelle situation.
Je ressentais un profond degout pour les Rempike-parents, mais il faut dire que ce ne sont pas des caracteres exageres, ils sont bien vraisemblables, credibles. Des personnes comme Betsey et Bix existent sans doute, et on pourrait leur trouver une vertu redemptrice, une certaine complexite psychologique... JCOates les a crees sans cela et le roman n’en souffre guere.
A part ce couple, au cours de la narration, nous sommes confrontes tout le temps a des personnages de leur entourage egalement antipathiques, faisant partie de ce monde de riches banlieusards.
Une exception dans ce monde – notre narrateur Skyler. Il ne partage pas les lacunes de ses parents et il croit qu’il a des lacune linguistiques. Il explique qu’il n’est pas un tres bon ecrivain, mais parfois, on le voit presque « a la hauteur » de JC Oates » Skyler nous dit aussi que son recit est surement genant a cause de ses troubles cognitifs et comportementaux et qu’il se repete « ad nauseam ». Oates est genial – avec une fameuse maitrise elle nous mene suivre l’evolution de Skyler, mais pour l’imitation de l’ecriture d’un enfnat naif tout perturbe, elle est incroyable – style souvent saccage, nerveux, narration maladroite et en meme temps avec conscience de soi.
Je me suis demandee sur certains moments dans le romans s’il etaient tragiques ou ridicules.
Ma soeur, mon amour est aussi un roman-accusation contre une fausse complicite culturelle dans la societe americaine vis-a-vis de la maltraitance des enfants.
Je n’ai pas compris si la petite amie de Skyler a ete enceinte ou non et pourquoi son pere le questionnait sur cela apres l’enterrement de la mere. C’est peu important.
Skyler truve son salut, sa redemption apres d’un pasteur, au sein de son eglise. Je lu sur cette hysterie religieuse des eglises americaines, mais il faut que le jeune homme trouve quand meme des personnes qui l’acceptent de bon coeur. A la fin du livre, il y a quelques phrases sur ses projets de reintegration.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Petite soeur, mon amour
Merci Libellule pour ta critique très complète
louloute- Grand sage du forum
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