[Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
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[Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Quatre-vingt Treize
Victor Hugo
::: Coup d’œil sur l'auteur...
Elevé par sa mère, il se manifeste très jeune comme une figure de proue de la littérature de son temps. Victor Hugo est, à ses débuts, poète et monarchiste. Mais les événements de 1830 et sa liaison avec Juliette Drouet provoque en lui de profonds changements d'idées et en font le chef de file du mouvement romantique. Ecrivain de génie, il voit sa notoriété se transformer rapidement en célébrité. Victor Hugo est élu à l'Académie Française en 1841 et Pair de France en 1845. Il perd sa fille Léopoldine en 1845 et semble chercher dans la politique un apaisement à sa douleur. Emu par les souffrances du peuple en 1848, Victor Hugo devient républicain et affiche son hostilité à Napoléon III qui le fait exiler à Jersey, puis à Guernesey où il produira la partie la plus riche de son œuvre. De retour en France en 1870, Victor Hugo est accueilli comme le symbole de la résistance républicaine au second Empire. Sa production littéraire cède alors le pas à la politique.
Ses funérailles nationales et civiles à Paris sont grandioses, car il a été, de son vivant, le plus populaire des écrivains et un grand défenseur de la République.
Ses funérailles nationales et civiles à Paris sont grandioses, car il a été, de son vivant, le plus populaire des écrivains et un grand défenseur de la République.
::: En quatrième de couverture...
Dans la Vendée de 1793, trois personnages s'affrontent : l'aristocrate Lantenac, fidèle à son passé, son petit-neveu Gauvain, tourné vers l'avenir généreux de la République, et le conventionnel Cimourdain, plus durement soucieux des exigences présentes de la Révolution et de la Terreur. Dans cette épopée où le romancier mêle la fiction de l'intrigue et la réalité de l'Histoire - Danton, Robespierre et Marat sont au centre du livre -, chacun des trois héros se trouve ainsi guidé par une certaine idée du devoir et de l'honneur. Et chacun sera conduit à une forme d'héroïsme qui n'écarte pas la mort.
L'écrivain se refuse donc à trancher, et Quatrevingt-Treize n'est pas un roman à thèse : " Je ne veux ni du crime rouge ni du crime blanc . "
L'écrivain se refuse donc à trancher, et Quatrevingt-Treize n'est pas un roman à thèse : " Je ne veux ni du crime rouge ni du crime blanc . "
::: Un avis, comme pour lire, et relire, à l'endroit, à l'envers...
Tout commence par une date. Quatrevingt-Treize. Fichée sur ses deux majuscules, elle tombe d'entrée comme un couperet tranchant, offrant une réponse sanglante à cet abîme, la Révolution. Quatrevingt Treize. Là où tout commence, ou bien là où tout s'achève - c'est à peu près la même chose. Une tête coupée. Une couronne par terre. Et un cri : "Vive la république !"
Pourtant Quatrevingt Treize n'a rien d'un roman historique. Je ne parle pas du soi-disant conflit entre légende et vérité qui entache l’œuvre d’Hugo. En fait, pourquoi la légende ne serait-elle pas vraie ? Faudrait-il laisser au fossé, rebut de l'histoire, la "vérité de la légende" ? Non, dans Quatrevingt Treize, j’ai cru lire autre chose, qui m’a paru un mystère d’abord, un éclair terrible, ensuite, une vérité, enfin. En fait, je ne peux pas m'empêcher de laisser le combat politique à sa place. Derrière. Ou devant peut-être. En tout cas, bien loin. Car le combat n'est pas celui des bleus et des blancs (d’ailleurs, Louis XVI est déjà mort, avant que ça ne commence, et Lantenac vit encore, quand tout s’arrête), c'est le combat d’hommes.
Des hommes et des femmes qui n’ont jamais vraiment choisi leur voie. Qui ne savent jamais vraiment où aller. Comme nous tous. Souvent se présentent deux routes, et vient l'heure d’un choix. Cimourdain, le prêtre, qui suit son instinct... maternel. Lantenac, qui, devant la forêt et le ravin, refuse de faire son choix. Et la mère, partie à la recherche de ses trois enfants, qui, elle, n'a plus vraiment de chemin, parce qu’il n’y a pas de choix à faire.
"Jamais dans aucun combat, Satan n'avait été aussi visible, ni Dieu."
Quatrevingt Treize, c’est donc le récit d'un homme en souffrance. De l’homme songeur devant un précipice. De l'auteur, sans doute. Peut-on réellement faire autrement qu’avoir pitié pour ces enfants, qui n’ont rien à voir avec la guerre des hommes, enfants innocents dont l’innocence même réveille la plus pure innocence qui sommeille chez Lantenac, le marquis, le prince de Bretagne ? Cette plus pure innocence, c’est l’homme. Et Lantenac est un héros magnifique pour avoir su être homme. Comme Gauvain, qui comprend que sa république est autre et qu’il ne peut que mourir.
"Et l'on pouvait dire : non, la guerre civile n'existe pas, la barbarie n'existe pas, la haine n'existe pas, le crime n'existe pas, les ténèbres n'existent pas ; pour dissiper ces spectres, il suffit de cette aurore, l'enfance."
Une conscience tragique parmi des hommes inconscients ! Voilà ce que je trouve dans Gauvain.
Au choix de la conscience, il n'y a dès lors qu'une seule réponse possible. L’échafaud.
En définitive, en fermant ce livre, on se réconcilie avec soi-même, comme fâché avec le monde.
Car l’homme peut être sublime, dans sa cruauté.
****
Un édifice sublime, dont l'assaut est sanglant !
Un édifice sublime, dont l'assaut est sanglant !
Bonnes lectures !
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Que tu écris bien Sully ! :<;9:
Allez, hop, dans ma LAL
Allez, hop, dans ma LAL
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Je suis d'accord! Pour ma part, j'ai aussi bien aimé, même si j'ai préféré "La comtesse de Charny",de Dumas, qui parle de la même époque.
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Merci, Natiora. Pourtant, je la trouve incomplète cette critique. Je n'ai pas vraiment compris ce que j'ai ressenti en lisant, et ça la rend impersonnelle, inachevée. J'y reviendrai, un jour. Mais je suis content de t'avoir conquise !
Dada780 : je ne connais pas Dumas (enfin si, le nom ), et j'ajoute de ce pas la Comtesse de Charny dans ma LAL ! Merci bien !
Dada780 : je ne connais pas Dumas (enfin si, le nom ), et j'ajoute de ce pas la Comtesse de Charny dans ma LAL ! Merci bien !
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Belle critique Sully. J'ai bien aimé ce livre moi aussi même si je lai trouvé un peu long et très belle fin
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Merci de m'avoir lu ! C'est vrai que la deuxième partie est trèès longue et assez peu envoûtante, malgré l'entrevue Danton, Marat & Robespierre (qui n'a jamais eu lieu). Mais pour la première et la troisième, je me suis régalé.
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Je me souviens de ce livre. Je l'ai lu à 13 ans, entre deux Jules Verne. J'avais bien aimé.
pour ta critique.
pour ta critique.
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
A treize ans ! Ouah ! Belle prouesse, car il faut quand même une certaine dose de courage.
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
En effet, belle critique.
J'aime beaucoup cette oeuvre, mais je ne suis pas totalement d'accord avec toi : je trouve au contraire qu'il s'agit d'une guerre de choix, de conviction, et d'hommes qui n'ont pas peur de les montrer, même s'ils sont aveuglés puis déçus par leurs idéaux. En tous cas, ça m'a donné envie de le relire.
Je ne connais pas l'oeuvre de Dumas, la Comtesse de Charny, je vais de ce pas lal ire, je suis passionnée par cette époque et la façon dont elle est traitée dans la littérature.
J'aime beaucoup cette oeuvre, mais je ne suis pas totalement d'accord avec toi : je trouve au contraire qu'il s'agit d'une guerre de choix, de conviction, et d'hommes qui n'ont pas peur de les montrer, même s'ils sont aveuglés puis déçus par leurs idéaux. En tous cas, ça m'a donné envie de le relire.
Je ne connais pas l'oeuvre de Dumas, la Comtesse de Charny, je vais de ce pas lal ire, je suis passionnée par cette époque et la façon dont elle est traitée dans la littérature.
Invité- Invité
Re: [Hugo, Victor] Quatre-vingt Treize
Pendant mon adolescence, à une époque où je n'aimais guère que la fantasy et la science-fiction et où je considérais tout ce qu'on nous faisait lire en classe comme des platitudes ennuyeuses, Quatrevingt-treize a été a peu près le seul classique que j'ai lu de ma initiative et que j'ai absolument adoré.
Ce que j'y apprécie, c'est avant tout la description pleine de verve de l'époque révolutionnaire. Hugo fait vivre au lecteur toute l'effervescence des idées et des passions, toute la sincérité des membres des deux camps, toute l'intensité d'une époque où chacun réfléchit et se préoccupe de l'avenir de la nation.
Les personnages inventés par Hugo sont très marquants. Le trio Gauvain-Cimourdain-Lantenac se distingue bien sûr particulièrement, mais les personnages plus secondaires (comme Radoub ou Michelle Fléchard) se montrent mémorables même s'ils sont naturellement moins développés.
Les idées exprimées par Victor Hugo au fil de l'histoire sont lumineuses et parfois même visionnaires :
Ce que j'y apprécie, c'est avant tout la description pleine de verve de l'époque révolutionnaire. Hugo fait vivre au lecteur toute l'effervescence des idées et des passions, toute la sincérité des membres des deux camps, toute l'intensité d'une époque où chacun réfléchit et se préoccupe de l'avenir de la nation.
Les personnages inventés par Hugo sont très marquants. Le trio Gauvain-Cimourdain-Lantenac se distingue bien sûr particulièrement, mais les personnages plus secondaires (comme Radoub ou Michelle Fléchard) se montrent mémorables même s'ils sont naturellement moins développés.
Les idées exprimées par Victor Hugo au fil de l'histoire sont lumineuses et parfois même visionnaires :
- Spoiler:
- (Dans la dernière conversation entre Gauvain et Cimourdain, où ils opposent leurs visions de l'avenir de l'humanité)
Gauvain reprit :
- Et la femme ? qu'en faites-vous ?
Cimourdain répondit :
- Ce qu'elle est. La servante de l'homme.
- Oui. À une condition.
- Laquelle ?
- C'est que l'homme sera le serviteur de la femme.
- Y penses-tu ? s'écria Cimourdain, l'homme serviteur ! Jamais ! L'homme est maître. Je n'admets qu'une royauté, celle du foyer. L'homme chez lui est roi.
- Oui. À une condition.
- Laquelle ?
- C'est que la femme y sera reine.
- C'est-à-dire que tu veux pour l'homme et pour la femme...
- L'égalité.
Outremer- Apprenti
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