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Atelier d'écriture de Mars/Avril 2012 :Les textes !

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Message par Invité Jeu 8 Mar 2012 - 9:22

Vous trouverez ici les textes pour l'atelier d'écriture. Je rappel le thème : "La solitude"

Vous pouvez donner vos impressions ICI !


-*-*-*-


Voici un premier texte (avec un peu de retard, toutes mes excuses...) envoyé par Nisa !

Nisa a écrit:

La survivante

Anna prit sa boîte de carottes râpées et s'assit devant son bureau.
Elle se demanda sur quel site aller ce midi pendant sa pause. La jeune femme n’avait pas envie d’aller sur son forum préféré aujourd’hui. Elle reposa la souris et décida de prendre son livre commencé la veille, elle était en plein milieu d'une trilogie captivante et était pressée de retrouver ses personnages favoris du moment. Pour Anna, les personnages prenaient vie dans son esprit, ils l'accompagnaient à chaque instant, de jour comme de nuit.

Son mari était mort l'année passée suite à un cancer long et douloureux. Pendant 5 ans, Anna avait mis sa propre vie en suspens pour s'occuper de lui et maintenant que Loïc n'était plus là, elle se rendait compte à quel point elle lui avait tout sacrifié, sa carrière, ses amis, sa famille. Cependant, elle ne regrettait pas le moins du monde ce choix. Loïc avait eu besoin d'elle, elle avait été là.

Mais maintenant? Qui avait-elle elle? Elle soupira et ouvrit le livre, l'héroïne traversait une crise amicale entre deux amies jalouses. Elle étouffa un petit rire désabusé, si c'était ça son plus gros problème à cette Louva, elle voulait bien elle qu'on l'aime au point de se disputer son amitié. Encore faudrait-il avoir au minimum deux amies, n'en ayant aucune Anna ne risquait pas ce genre de problèmes. Pourtant, il y a encore à peine 5 ans, sa vie sociable était riche. Avec Loïc ils recevaient au moins une fois tous les 15 jours dans leur belle maison. Maison bien trop grande maintenant, 4 chambres pour elle, 4 chambres qui n'entendraient jamais les rires de leurs enfants tant souhaités. Ils étaient optimistes, ils avaient même déjà fait installer une balançoire au grand chêne du jardin. C'est à cause de cette balançoire qu'Anna ne souhaitait pas vendre. Elle aimait tant s'y balancer, le rythme lent de la balançoire berçait ses pensées et ses rêves. Et puis un jour peut-être? Si elle rencontrait un homme courageux, un qui n'aurait pas peur d'une veuve. Elle avait à peine 30 ans et tout l'avenir devant elle. Bien sûr, aucun homme ne tiendrait la comparaison devant Loïc mais Anna était une femme intelligente, elle savait se contenter de ce qu'elle avait. Et là tout de suite, elle avait des carottes râpées en compagnie d'un livre.

Dans le bureau, ses collègues se préparent, enfilent leurs vestes, s'interpellent joyeusement dans le couloir. Personne ne fait attention à elle. A la question "Tout le monde est là?", on répond "oui" comme tous les jours. Elle a envie de se lever et de crier que non, elle n'est pas là! Depuis la maladie de son mari, les gens n'osent plus la regarder en face, ils sont gênés, ne savent pas quoi dire. Alors ils ne disent rien et évitent Anna au maximum. Elle a essayé de leur parler, de se mêler au groupe. Mais si elle est triste, ils sont mal à l'aise et si elle ri, ils sont choqués par la désinvolture d'une veuve.

A y est, tout est calme, tout le monde est parti à la cantine, il ne reste plus qu'Anna qui essuie une larme.
Elle referme son livre et reprends sa souris entre les mains, elle surfe et finis par trouver ce qu'elle veut. Un sourire illumine son visage quand elle clique sur "postulez en ligne".

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Message par Invité Mer 4 Avr 2012 - 8:09

Voici le texte de Mevlânâ Very Happy

La solitude

Clément s’est toujours senti seul. Toute sa vie, il s’est senti différent. Différent de l’image de lui-même que les autres lui renvoyaient. Est-il réellement arrogant ? point. Est-il hautain ? encore moins.
C’est la vie et ses épreuves, qui l’ont façonné ainsi. Mais en réalité, il est aimable, gentil et affectueux. Ces sentiments sont cachés, barricadés derrière une armure invisible de défense. De défense contre l’animosité extérieure, les moqueries et autres rabaissements qu’il a subis.
Pourtant, au cours sa vie, il a eu une famille aimante, des tas et des tas d’amis. De la petite enfance à l’âge adulte, il a été entouré. Mais aucun, parmi tous ces amis n’était là pour le soutenir. Personne n’a pris la peine de lui demander si quelque chose n’allait pas. Il faut avouer que Clément ne se laissait pas approcher intimement non plus. Tous de suite, il mettait des barrières en critiquant et lançant de longues tirades sur sa supériorité supposée face à l’autre. Comment dans ce cas conserver des amis dans le long terme ?
A chaque séparation, Clément se morfond un peu plus. Il le sent au fond de ces entrailles. Quelque chose lui manque.

L’arrivée de son petit frère Arnaud, a été une catastrophe pour lui. L’éloignement de sa mère fut une terrible épreuve et le ramena directement à sa solitude. Il haïssait ce frère, tout en sachant que c’était mal. Surtout que ce dernier était parfaitement sociable et tout le monde l’aimait. On lui pardonnait toute ses bêtises. Clément le voyait comme un monstre entré sur son territoire. Là où Clément était réservé et calme, Arnaud bougeait dans tous les sens, faisait le pitre. En grandissant, le fossé grandissait entre eux.
Clément ne comprenait toujours pas l’arrivée de se frère si différent de lui-même et se sentait encore plus seul quand on ne faisait pas attention à lui.

Le divorce de ses parents fut une autre épreuve pour Clément. L’abandon de leur père fut perçu comme une trahison et Clément décida (inconsciemment) de prendre la place du chef de famille, symboliquement. Il devait protéger sa mère et son petit frère. Il devint austère et personne ne pouvait l’approcher. De terribles sentiments contradictoires se mélangeaient à l’intérieur de lui-même. Il avait un devoir familial mais en même temps, il restait un enfant. Comment à 12 ans prendre les responsabilités d’un adulte ?
Plus tard à vingt ans, il rencontre une jeune fille Camille. Un peu perdue elle aussi, adoptée à 5 ans, elle cherche son identité. Elle aussi adore la solitude. Elle est tellement différente des autres, par sa couleur de peau mais aussi à cause de son adoption.
Ils se sont bien trouvés et s’aiment tendrement. Seulement, Clément sent toujours ce gouffre en lui qui ne lui permet pas de profiter entièrement de la vie. Sa rencontre avec Camille avait au début, un peu apaisé ce sentiment. Avec la routine, ce gouffre le rappelle à lui.
Un jour, il rencontre une personne qui se dit médium et leur propose une séance à tous les deux. Clément, par curiosité, accepte. Il ne croit pas vraiment à toutes ces salades, mais bon qu’est-ce que cela lui coûte ?
Le médium commence par lui demander sa date de naissance : 18/8/1981. Elle luit énonce : 1+8+8+1+9+8+1 = 36 = 3+6 = 9. Son chemin de vie est donc sous l’égide du 9. Le 9 est le numéro de l’ermite. Le numéro de la solitude, de l’introspection.
Clément commence à se poser des questions. Est-ce la raison pour laquelle il s’est senti si seul ? Balivernes !!! cela peut arriver à n’importe qui !
Sans poser de questions, le médium demande où se trouve son père. Clément sourit et dit :
- « Je ne sais pas ».
Selon le médium, c’est la première chose à travailler. Le ressentiment envers son père.
- « Bon, coup de chance ! » se dit Clément.
Puis, le médium lui annonce qu’il a un frère. Clément sourit de manière ironique : ça, il le savait !!
- « Non, non, vous ne comprenez pas !. Un autre frère, un frère jumeau ! »

Cataclysme dans le ventre – le gouffre- de Clément. Quelque chose se passe, de plus grand que lui sans qu’il sache vraiment ce que c’est. Ces propres cellules émettent une énergie. Clément a envie de pleurer, il sent que c’est la vérité. Ce quelque chose qui lui a toujours manqué. Ce jumeau inconnu, dont personne ne connaît l’existence, a pourtant toujours été présent pour Clément.
Il sort de chez le médium complètement bouleversé. S’est-il fait avoir ? s’est-on moqué de lui ? non, il n’y paraît pas. Après quelques instants de réflexion, il téléphone à sa mère pour lui parler de ce qu’il vient d’apprendre. Sa mère lui explique alors qu’elle n’a jamais eu l’impression qu’ils soient deux dans son ventre. Elle n’a jamais eu non plus de perte de sang durant sa grossesse.
Ils en reste là. A-t-on menti à Clément ? Le médium s’est-il moqué de lui ? Qu’elle est alors l’origine de ce « gouffre » ?

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Message par Invité Jeu 5 Avr 2012 - 11:36

Voilà le texte de Dreydrey Smile

La solitude

Une nouvelle journée commençait, encore une. Comme tous les matins, le soleil s’était levé, enveloppant la ville de Berlin de ses rayons chauds et lumineux. Comme tous les matins, le réveil avait sonné et sorti Lisa de sa torpeur artificielle. Comme elle aurait aimé rester dans cet état semi-comateux toute la journée. Pendant ce temps la douleur était moins présente, latente.
Elle prit sa douche, s’habilla, grignota une biscotte et elle prit sa voiture pour aller travailler. Le même rituel, tous les matins, tous les jours.

La journée, tant que le soleil brillait encore, Lisa arrivait à faire bonne figure. Elle faisait en sorte que personne ne se doute du mal qui la rongeait à l’intérieur. Elle arrivait à afficher un faux sourire, une fausse bonne humeur, une fausse vie heureuse et normale.
Et les gens n’y voyaient que du feu. Pas un seul ne se doutait que quand elle souriait, elle avait envie de pleurer, pas un seul ne se doutait que quand elle riait, elle avait envie de crier.
Des talents de comédienne ? Non, juste l’habitude.

Lisa arrivait même à avoir une vie sociale, bien que superficielle, en côtoyant ses collègues de bureau. Elle s’était peu à peu éloignée de ses anciens amis et ses nouvelles connaissances n’avaient pas très envie de savoir pourquoi parfois le visage de Lisa se fermait et son regard se perdait dans le vide comme si elle était absente.

Le soir venu, Lisa rentrait chez elle.
Elle avait pris l’habitude d’avaler une soupe vite fait avant de se mettre en survêtement, survêtement qui était devenu trop grand pour elle. Elle avait beaucoup maigri ces derniers mois mais Lisa n’y avait pas prêté attention.
Ensuite, elle glissait dans sa chaine stéréo un disque de musique classique dont elle écoutait les chansons en boucle.
L’hiver s’était installé et Lisa s’enveloppait à présent de cette vieille couverture chaude et moelleuse imprégnée de ce parfum masculin qu’elle aimait tant.
A partir de ce moment, alors que la nuit était tombée, Lisa se plongeait alors dans un autre monde, un monde de douceur et de souffrance. Elle ouvrait sa mémoire comme on ouvre une boite remplie de trésors. Elle laissait ses souvenirs émerger petit à petit, détail par détail.
Elle se souvenait par exemple de la première fois où elle l’avait rencontré et de la carte de visite qu’il lui avait glissée dans la poche avec inscrit au dos « appelez-moi ». Dire qu’elle avait bien failli ne jamais composer ce numéro. Mais elle l’avait fait et ne l’avait jamais regretté, pas même maintenant.
Elle avait passé avec lui les quatre plus belles années de sa vie. Il n’avait cessé de l’entourer d’amour et d’attention, sans faillir. Il n’oubliait jamais une seule date importante et la couvrait toujours de roses.
Elle avait parfois pensé que tout ça n’était pas réel, trop beau pour être vrai. Pourtant elle avait vécu chaque minute pleinement.
A l’époque, elle avait été sûre d’avoir trouvé l’homme de sa vie et elle en était toujours convaincue. Pourquoi aimer faisait-il si mal ? Pourquoi aimer avec autant de passion et se voir priver de cet amour à jamais ?

Aujourd’hui, Lisa était seule. Il était parti et tous ses rêves d’une longue vie à deux avec lui. Tant de projets et d’espoir s’étaient envolés ce jour là. Plus de grande maison chaleureuse, plus d’enfants courant dans le jardin, plus de chien s’amusant avec ces mêmes enfants. Tout était parti en fumée sans possibilité que cela se réalise un jour.
David était mort et une partie de Lisa aussi. Trois ans après leur rencontre, David avait découvert qu’il était atteint d’un cancer et aucun des traitements n’avaient fonctionnés.
Lisa l’avait soutenu et n’avait jamais cessé de croire que peut-être le destin leur laisserait une chance. Mais ses prières n’avaient pas été entendues et David était mort. Il avait beaucoup souffert lors des derniers mois mais Lisa avait essayé de lui rendre la vie plus douce et elle avait l’impression par moments d’avoir réussi, à d’autres pas du tout.
Cette épreuve les avait encore plus rapprochés, soudés et la séparation n’en avait été que plus dure.

C’était à ce moment là que les larmes de Lisa coulaient d’ordinaire, lorsqu’elle se remémorait sa mort. La même sensation s’emparait d’elle à chaque fois. C’était comme si son corps et son âme se brisaient en un millier de morceaux, elle avait l’impression de mourir, de se noyer au milieu de cette souffrance intolérable et qu’elle ne pourrait jamais refaire surface. Comment survivre après ça ? Un an passé et la douleur était toujours aussi vive et seuls les somnifères lui permettaient de dormir la nuit. Pourrait-elle un jour se remettre de la perte de l’être qu’elle avait le plus aimé ? Il lui semblait que non, et pourtant, il fallait refaire surface, recommencer à vivre au lieu de survivre. David n’était plus là mais elle était encore en vie et elle se devait de profiter de cette chance le plus longtemps possible. Elle en avait conscience mais ne savait pas comment faire, cela lui semblait être un défi impossible à relever.

Ce soir là, Lisa rentra donc chez elle et accompli ses gestes habituels. Mais la sonnette de la porte d’entrée retentie et Lisa laissa tomber sa couverture pour aller ouvrir.
Sur le pas de la porte se tenait quelqu’un qui avait refusé de fermer les yeux lorsqu’il apercevait le visage dévasté de Lisa et qui avait décidé de l’aider. Cela faisait trop longtemps qu’il assistait à ce spectacle impuissant et même s’il la connaissait peu, il lui était inconcevable que quelqu’un puisse connaitre une telle souffrance et il avait décidé de l’aider à remonter à la surface de l’eau.
Pour la première fois, Lisa avait une chance de sortir de l’abîme qui l’avait engloutie.

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Message par Invité Ven 6 Avr 2012 - 18:52

Je vous présente maintenant mon texte Wink

La solitude

Linda était assise sur le canapé, dans le petit salon baigné de soleil en cette fin d’après-midi de septembre. La chaleur des rayons était douce sur son visage. Par la fenêtre elle voyait les passants plus bas, pressés, mais elle ne s’en préoccupait pas. Elle regardait le Baby Phone posé sur la petite table en chaîne devant elle. Tout était calme depuis deux heures. Il lui semblait entendre un petit souffle, paisible, et elle se retenait de sans cesse aller observer ce petit être paisible, là-bas dans la petite chambre rose au fond du couloir.
Son mari ne tarderait pas à rentrer du travail, et il lui reprocherait encore d’être suspendu cet appareil au lieu de profiter du sommeil lourd de l’enfant pour vaquer à d’autres occupations. Mais comment lui faire comprendre que sans ce petit bout d’elle-même à ces côté toutes les activités du monde paraîtraient fades et sans intérêts ? Alors c’était comme ça tous les après-midi. Elle restait là sur le canapé douillet, devant la fenêtre tantôt chauffée par le soleil, tantôt affrontant la pluie d’automne, le souffle court, guettant le moindre bruit suspect.

Le bruit des clés dans la serrure la fit sursauter. Elle vît entrer Maxime, son mari depuis 6ans. Elle fût frappée par les cheveux gris qui se mêlaient à sa tignasse rebelle d’un châtain sombre. Il avait perdu du poids ces derniers mois… « Sûrement à cause de l’arrivée du bébé » se dit-elle. Quand il s’approcha, elle crut distinguer des rides autour de ses yeux rieurs, sur son front aussi, comme lorsqu’il est contrarié.
-« Bonjour mon chéri, dure journée au boulot ? »
Il s’approcha sans répondre, mais poussa un petit soupir dont elle ne comprit pas tout de suite le sens.
-« Le bébé dors encore, cela fait deux bonne heures maintenant. Je m’ennuie tellement tu sais ! »
-« Linda… »
Il prononça son nom dans un soupir las, résigné, désolé. Elle eut alors une impression étrange de déjà-vu. Ne se passait-il pas la même scène tous les soirs depuis quelques temps ? Pourquoi avait-elle cette impression étrange de vouloir se souvenir de quelque chose sans y parvenir. Elle chassa cette idée d’un geste de la tête.
-« La journée à dû être éprouvante mon chéri. Je vais te faire du café. Et puis c’est le weekend tu vas pouvoir te reposer. On pourrait descendre un peu au parc tout à l’heure histoire de profiter des derniers rayons de soleil. »
De là cuisine où elle se trouvait elle entendit un petit « Oui » peu convaincu, un froissement de tissus puis son mari la rejoint pour la prendre dans ses bras.

Depuis combien de temps était-elle dans cette pièce vide ? Recroquevillée dans un coin de la petite chambre, les évènements lui revenaient par vagues, telles des lames de rasoir frôlant son cœur. Le Baby Phone était resté sur la table dans le petit salon. Qu’importe ?
Maxime avait fait appel au médecin après la crise de folie qui avait suivi leur discutions dans la cuisine. Ces deux hommes alors lui avaient paru être des inconnus lorsqu’ils lui expliquèrent la situation pour la troisième fois.
Linda avait accouché il y avait quelques semaines d’une petite fille. Mais suite à une complication cardiaque ils l’avaient perdu. A ce souvenir Linda poussa une plainte douloureuse. Elle ne comprenait pas.
Elle regardait autour d’elle. Le mur peint en rose était décoré de stickers multicolores. Mais le petit lit à barreau avait été démonté et posé dans un coin. C’était tout ce qu’il restait.
Le médecin avait tenté de lui expliquer que les médicaments prescrit suite à sa dépression pouvaient la déstabiliser, et provoquer des hallucinations.

Elle resta là une bonne partie de la soirée, refusant de suivre son mari qui lui conseilla d’aller se coucher. Elle était revenue à la réalité, cette réalité douloureuse, destructrice. Elle était seule à présent. Ce petit bout d’elle-même n’existait plus. Elle vit du coin de l’œil le regard désespéré de Maxime mais elle ne fit aucun geste. Elle l’entendit allumer la télévision, mais elle garda le regard fixé sur le mur. Comment serait sa vie à présent ? Comment pourra-t-elle continuer de vivre auprès de cet homme qui, lui semblait-il, ne partagera jamais sa souffrance ?
Elle était seule à présent…



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Message par Invité Sam 7 Avr 2012 - 9:37

Encore un texte Smile Celui de Sara2a :

La pendule indique qu'il est l'heure....J'enregistre ma journée sur le serveur, « Objectif réalisé à 98,7 % » ... une marge de 10% d'objectifs non atteints par semaine est tolérée pour l'équipe dont je fais partie nous sommes mardi...Je suis presque surprise par ce résultat, je n'ai pas vu le temps passer, je n'ai pas observé la moindre pause de la journée, en me levant j'ai soudain l'impression que la pièce se met à tourner autour de moi, le plafond est anormalement bas et le parquet tangue dangereusement....Au bout de quelques minutes je me redresse en inspirant profondément....

En arrivant dans la salle de détente, je remarque que la seconde lune s'est déjà levée, j'entends Martin qui s’affaire dans la cuisine, lui-ai-je demandé quelque chose de spécial ce matin ? Une préparation qui requerrait un long moment de labeur ? J'appuie sur la télécommande, Sonia et Vincent apparaissent dans le couloir, un sourire parfait sur le visage de la petite fille, Vincent a son air à la fois rêveur et sérieux juste comme je l'aime.

Je les embrasse, ils me font un compte rendu mécanique de leur journée.. Vincent a eu une punition pour avoir contesté l'avis de son instructeur, une sombre mésentente sur l'origine de la 3eme guerre mondiale, je lui rappelle calmement mais sévèrement que les enfants doivent le respect aux maîtres instructeurs...Sonia s'est bien amusée, elle a encore changé d'avis sur le choix de son prochain grade, elle voudrait désormais s'engager dans une brigade de réprimandes. Ils se chamaillent un instant tentant d'attirer mon attention, mais ce soir leur représentation m'ennuie....Encore une fois, peut-être la fois de trop. J’appuie à nouveau sur le bouton bleu de la télécommande.

Dans la rue, une patrouille passe, ils ne vont pas manquer d'apercevoir ma silhouette, l'interphone sonne déjà :
« Tout va bien ? Un problème ?
Aucun, bonne soirée« ma voix est sereine, froide, comme l'exige le code .

Je m'installe le dîner est déjà servi, Martin se tient face à moi, un doux sourire donne à son visage l'aspect honnête et aimant comme je l'aime … Sa discussion m'ennuie encore une fois et je mange sans faim....La soirée égraine son habituelle monotonie, Martin caresse mon dos machinalement, son parfum suave ...Il m'entraîne amoureusement en me susurrant de douces paroles, nous prenons une douche, nous savonnant mutuellement comme un vieux couple qui connaît chaque parcelle du corps de l'autre...Ces yeux me couvent tendrement....

Nous avons fait l'amour comme j'aime le faire, tendrement puis passionnément, cherchant désespérément cette hauteur où l'on retrouve son autre moi, mais je me suis retrouvée à nouveau seule comme hier, et avant hier, comme je m'y retrouverai demain et après demain.... Il s'est endormi, ma main se soulève sur son torse au rythme lent et rassurant de sa respiration….J'appuie sur la télécommande …

Dans l'armoire, en bas à droite se trouve une boîte ...De cette boîte je retire le médaillon sur lequel est écrit mon numéro de naissance A 092756, suivi de ma date de naissance 07-07-2030….Le médaillon me glisse des doigts... Je sors un vieux cahier trouvé dans le dernier appartement où j'ai programmé une famille XT , une troisième génération.

Les première générations ont subi plusieurs méthodes d'enseignement , certaines parties ont été modifiées ou supprimées au fil du temps, jugées trop permissive s ou dangereuses, je fais partie de la section à laquelle il reste une bonne partie de la mémoire de « l'Avant « mais j'ai été estampillée « non-contagieuse » après de nombreux tests...Certains de mes équipiers on eu moins de chance ….Je m'allonge sur le lit et entends avec un plaisir intense la plume crisser sur le papier rugueux, jauni ...Nous sommes en l'an 2089 ….« Je fais partie de la première génération d'expérimentation , Je suis née cinq ans après la Grande guerre... les « grands états « ont décidé, secrètement, d'éliminer les pays dits « inappropriés à l « évolution » . Ils ont décimé peu à peu une partie de l’Afrique ,de l'Inde et de l'Amérique du Sud...Une prolifération de virus est parvenue à réduire la totalité des pays du tiers monde …Devant cet immonde holocauste, , les « grands états »se sont divisés, certains pays se sont rendus compte de l'erreur irréversible qu'ils venaient de commettre, d'autres ont vu la possibilité de tirer un avantage de ces mésententes. Le groupe des « Grands sages » s'est formé et a pris lentement le dessus. Au fil du temps, une solution s'est imposée … Comment éviter les guerres, les épidémies, les rivalités ?….Comment sauver l'être humain ?

Un humain seul ne peut pas se battre...

Un humain éduqué …peut devenir productif pour la communauté....

Un humain habitué à vivre seul ne peut pas envier son voisin.....

Un humain a qui l'on donnerait l'illusion d'une famille idéale, pourrait-être heureux....

Il suffit d'un plan, un plan qu'on maîtrise :dès la naissance.
En choisissant une population saine et éduquée pour concevoir des enfants qui une fois sevrés seraient pris en charge par des instructeurs... En les changeant de centres au moindre signe d'attachement affectif … J'ai connu une multitude d’instructeurs auxquels j'ai feins de ne pas m'attacher...

Je fais partie de l'équipe de conception et de mise en place d'hologrammes interactifs...Mes plus belles réussites sont Martin, Sonia et Vincent, mais la solitude est devenue pour moi un domaine que je ne peux plus surmonter...Ce monde parfait, où chacun de mes désirs peut-être exhaussé sans efforts, sans combats, sans véritables envies , cette solitude n'est plus supportable aujourd'hui, demain matin je programmerai Martin pour qu'il me prépare mon ultime repas... Cette vie aseptisée, cette vie dont j'ai programmée chaque seconde, chaque minute, ces semblants de vies, ces réactions que je crée jour après jour, ces scénarios qui au fil du temps ne provoqueront plus aucune surprise, aucun désir, aucun sentiment, ces solitudes je n'en veux plus ….. Je ne suis pas à la hauteur de ce projet... Seule ...Sans vie.... Sans sentiments qu'ils soient bons ou mauvais...

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Message par Invité Mer 11 Avr 2012 - 8:24

Un nouveau texte qui nous vient de Takac !

Bienheureuse solitude

Ma journée a été difficile, les clients qui ne savent pas ce qu’ils veulent, ma patronne qui pleure que les ventes sont en baisse. Je rentre à la maison avec soulagement, je ferme la porte, un tour au petit coin puis à la salle de bains et… Ce n’est pas possible !

Sa brosse à dents n’est plus là. Mon cœur s’emballe, je l’entends résonner dans mon corps vide. Mon gel douche n’a plus que mon shampooing comme compagnon dans la douche. Ma serviette de toilette paraît bien isolée sur la moitié du séchoir. Il a repris ses affaires ! Il est parti !

Un mois que j’attendais cela et pourtant, une immense tristesse m’envahit. J’ai l’impression de trembler mais ma main ne bouge pas d’un poil. Je n’ose pas aller dans notre chambre, peur d’y découvrir son armoire vide.

Je suis perdue, je ne sais plus quoi faire. Du bruit, du bruit pour casser ce silence. Vite la télévision ! Un verre, un petit verre après tout, j’ai le droit de fêter ça ou d’oublier. C’est maintenant officiel, je suis célibataire. Je m’assoie sur le fauteuil. Je suis confuse, j’ai envie d’hurler, de pleurer et de rire, tout ça à la fois. Je suis hébétée, enfin il est parti. Ca y est, il est parti, il est trop tard.

J’ai 40 ans, et je viens de foutre toute ma vie en l’air. Mais qu’est ce que j’ai fait ? C’est vrai que je m’ennuyais, que nous étions dans un train train d’enfer. On ne se regardait plus, on ne s’aimait plus. Mais maintenant, je suis seule, comment vais-je faire ? Vais-je y arriver ? J’aurais peut être pu continuer de faire semblant ? C’est peut être normal après 14 ans de vie commune que l’amour s’endorme ?

Deux mois plus tard

Je rentre de formation, je vais réaliser mon grand projet, ouvrir mon magasin ! J’ai peur mais j’ai hâte. Il n’y croyait pas, il me disait que je n’y arriverais jamais, que je n’étais pas faite pour entreprendre, diriger.

Il m’endormait, il m’anesthésiait, il ne croyait pas en moi. Il voulait m’avoir que pour lui.

Depuis son départ, je revis. Je suis allée mangée chez les voisins, ils sont très sympas finalement. Avec Julie, la fille qui prend tous les jours le bus avec moi, on est allée au cinéma. On s’est bien amusé. Je me suis inscrit à l’aquagym. Il y a des filles très agréables et je pense que l’on pourra devenir amie. Tiens et si, je les invitais samedi soir ?

Ce n’est pas facile tous les jours mais finalement je me sens bien dans cette solitude. Je me retrouve petit à petit. Ma vitalité, mon enthousiasme, mon amour de la vie a repris le dessus.
Oui, il y a parfois des soirs où mes sanglots reprennent le dessus. Il y a des matins où mes doigts brûlent d’envie d’appuyer sur cette petite touche verte lorsque son prénom apparaît sur mon téléphone. Je n’ai pas encore eu le courage de supprimer son numéro dans mon répertoire. Il ne m’a pas appelé. Il croit que je vais craquer, et le supplier de revenir.

Je résiste, je suis bien seule. Je dois penser à moi. Ma vie m’appartient. L’avenir est une page à écrire. Et c’est moi qui tient le stylo !

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Message par Invité Mer 11 Avr 2012 - 17:15

Un texte de Cassiopée Very Happy

C’est un vagabond, un vagabond solitaire. Pourquoi ces deux mots sont-ils souvent associés ? Ne peut-on pas vagabonder à plusieurs ?

Il marche. Il trace la route. On pourrait croire que c’est sans but.
Mais non, il en a un.
La retrouver, elle, Elle avec une majuscule, sa compagne, son amante, sa moitié d’orange…
Elle l’a abandonné il y a quelque temps.
Un jour, plusieurs jours, une semaine, des semaines, des mois ?
Il ne sait plus, il ne sait pas.
Rien n’est pareil lorsqu’elle n’est pas là, sa chaude présence lui manque, terriblement, infiniment…
Bien sûr, elle lui a laissé un chien, un fidèle compagnon de route qui l’accompagne dans son errance, dans ses recherches, mais c’est elle qu’il voudrait à ses côtés…

Il croise des gens, questionne, interroge, mais rien, elle n’est pas là…
Où est-elle passée, pourquoi l’a-t-elle abandonné après tant et tant d’années main dans la main, à se comprendre sans avoir besoin de se parler, pourquoi lui a-t-elle infligé ça ?

Il ne saisit pas, il a l’impression sans elle, de ne plus exister, de devenir transparent.
Une béance s’est formée en lui, une plaie ouverte faite de manque, d’absences répétées….

Lorsqu’il passe la main près de son cœur, qui le fait souffrir, il sent le trou dans sa poitrine, ce trou qui ne se referme pas, que rien ne peut combler.
Au départ cavité, léger creux, ce vide devient de plus en plus important, son souffle change, se transforme, passant d’un simple essoufflement à un besoin de longues inspirations pour rester en vie, l’air vient à lui manquer proportionnellement au temps de l’absence de celle qu'il aime….

La béance est telle qu’il sent la vie le quitter, il va lui falloir passer de l’autre côté.
Laisser sa quête pour mieux la reconquérir car en mourant il sait qu’il retrouvera son aimée, son amante. Sa solitude sera à nouveau là et lui tiendra la main une dernière fois….

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Message par Invité Dim 15 Avr 2012 - 21:51

Merci à Le Motard pour ce texte :

Solitude


Il est dix neuf heures, la neige tombe à gros flocons et les phares de la voiture font scintiller les milliers de petits papillons blancs qui volètent sur la route. Bientôt arrivé, plus qu'une heure, pourvu que la route reste dégagée suffisamment longtemps. Une fois de plus les schtroumphs orange ont merdé, rien n'est sablé, ça promet. Je jette un coup d'œil sur la campagne environnante, il fait presque nuit et la clarté laiteuse du jour restant donne une atmosphère irréelle au paysage. On se croirait dans un autre monde, heureusement Tom Tom, Facedebouc et les autres avatars du monde réel sont là pour nous rassurer et nous donner le sentiment qu'un monstre bienveillant veille sur notre vie.
Le gros derrière d'un camion émerge brusquement de la nuit. Soudain, comme dans un film, il se met à dévier tout doucement. Je mets du temps à réagir et j'écrase la pédale de frein. La voiture, à son tour, décide de vivre sa vie et échappe à mes coups de volant désespérés. Je vois le fossé qui me tend les bras mais heureusement, décidé à ne pas se froisser, mon véhicule s'arrête juste à temps. Mon cœur bat à cent à l'heure et une sueur glacée me trempe le dos. Bon dieu je l'ai échappé belle.!
Le camion a disparu, j'allume les warning et je descends faire le tour. Dehors le vent me fouette le visage et les flocons me couvrent rapidement d'une pellicule blanche, rien à signaler, tout semble OK. Je réintègre rapidement l'habitacle bien chauffé et je repars : mes mains tremblent sur le volant.
Il vaut mieux que je m'arrête un peu, le temps de me calmer, personne ne m'attend et un quart d'heure de plus ou de moins ne changera pas grand chose. Une petite route apparaît à ma droite, je la prends et roule un peu, le temps de trouver une aire pour m'arrêter. Voilà, parfait, un petit chemin, je m'y engage et stoppe la voiture. Bon dieu quelle frousse rétrospective, il suffit d'un petit rien pour que la vie bascule. J'éteins le moteur, incline le siège, un petit somme me fera le plus grand bien. Je repartirai dans une petite demi-heure.
J'ouvre les yeux, dehors la tempête ne s'est pas calmée, quelle heure peut-il bien être ? deux heures du mat, bon dieu, j'ai dormi tout ce temps, j'aurais dû mettre la sonnerie du portable. Il ne me reste plus qu'à attendre le lever du soleil pour repartir, dans la nuit avec ce temps ce serait de la folie.
Il ne fait pas bien chaud dans l'habitacle, je récupère mon manteau et mes gants et tâche de m'endormir, je n'ai pas oublié de mettre la sonnerie cette fois ci.
Le jour se lève, il est huit heures, dehors rien n'a changé, le vent et la neige continuent leur sarabande infernale. Il est temps que je me bouge. Contact, le moteur ronronne doucement et petit à petit la chaleur envahit mon petit cocon. Marche arrière, j'entends les roues patiner mais rien ne bouge. Je tente d'ouvrir la portière, bloquée, j'ouvre la vitre et je penche la tête dehors, la neige atteint presque le bas de la vitre, il a dû tomber au moins un mètre cette nuit, je suis bien moi.
Bon pas de panique, j'allume mon portable, les petites icônes de bienvenue s'agitent doucement sur l'écran et m'annoncent avec douceur que je n'ai pas de signal, c'est pas vrai, avec la tempête peut être que certaines antennes ont été abimées ou que l'électricité a été coupée. Mais qu'est ce que je vais faire, attendre, mais il peut se passer des jours avant que quelqu'un passe par ici. En plus je n'ai rien à manger ou à boire, je commence vraiment à paniquer et des larmes me montent aux yeux. Bon, avant tout respirer un bon coup, se calmer surtout qu'un besoin urgent pointe le bout de son nez, comment faire, il n'y a pas de toilettes dans l'auto. Sortir par la fenêtre, je vais m'enfoncer jusqu'à la taille et j'ignore s'il n'y a pas un fossé à proximité, c'est un coup à se retrouver complètement enseveli, ça urge, il faut vraiment que je trouve une solution, bon il n'y a qu'une seule possibilité. Je passe derrière en me tortillant entre les sièges, ouvre la vitre et passe mon postérieur dehors, heureusement que je suis souple, bon dieu le vent et la neige mordent avec férocité mes fesses, c'est horrible.
J'ai dû battre des records de rapidité, mais il y a vraiment des situations d'urgence dans la vie.
J'allume la radio et cherche avec fébrilité un bulletin météo, après avoir erré quelques minutes je tombe enfin sur un bulletin d'information. La tempête qui sévit sur le nord de la France fait bien entendu la une du journal. La charmante journaliste, bien au chaud dans son studio parisien, m'annonce, avec des tremolos dans la voix, que je ne suis pas seul à me retrouver désemparé, que je partage le sort de dizaines de milliers de personnes qui, elles aussi, sont coupées du reste du monde, que, les pompiers, agents EDF, armée, les schtrounphs orange travaillent d'arrache-pied pour rétablir la situation mais que la tempête va encore durer plusieurs jours. Suit un reportage de l'envoyé spécial sur le front qui raconte avec conviction que c'est terrible, qu'il n'a rien vu de pire depuis Bagdad et que les pauvres naufragés de la terreur blanche en sont réduits à manger des raviolis froids.
Des raviolis, j'en salive, ça fait douze heures que je n'ai rien mangé et je sens poindre au creux de mon estomac une petite crampe qui m'indique que la faim va bientôt venir me tenailler.
Soudain l'horreur de ma situation me saute à la figure, je suis seul, il va falloir des jours avant que l'on déneige la petite route sur laquelle je me suis engagé et je ne parle pas du petit chemin où je suis garé, une vague d'angoisse m'étreint et je me mets à chialer, je vais mourir de faim, de froid et on retrouvera mon corps au dégel. Si ça se trouve, la voiture, elle, démarrera au quart de tour et j'aurai plein de messages de mes amis sur facedebouc.
Voyons restons calme, il y a des gens qui ont survécu des semaines sans manger, il faut que je rentre en hibernation, comme les ours au fond de leur grotte. Quand je pense qu'il y en a qui vont au fin fond de la Sibérie pour se retrouver seul face à la nature hostile, quel rigolo il n'a qu'à venir partager ma banquette. Si je m'en sors j'écrirai un bouquin, je l'appellerai « Dans les bois pas loin de chez moi ».
Je m'allonge à l'arrière, couché en chien de fusil et j'essaie de m'endormir, mais la pollution des pensées m'asphyxie le cerveau, mon demi sommeil est entrecoupé de souvenirs de merveilleux dîners où petites mousses de légume, magret au miel et autre soufflé au chocolat dansent une sarabande au fond de ma tête à défaut de mon estomac qui se rappelle de plus en plus fréquemment à mon souvenir.
Je pense à ma vie, aux évènements qui l'ont marquée, aux souvenirs heureux de mon adolescence et de mon entrée dans la vie étudiante : fêtes, discussions jusqu'à point d'heure, copines qui ont partagé ma vie et surtout mes nuits. Puis mes débuts dans la vie active, jeune financier plein d'ambition, bien décidé à mordre dans la vie à pleines dents.
Aujourd'hui personne ne m'attend. Aucune compagne à réchauffer au creux du lit, mais cela ne me pèse pas, un jour je trouverai la personne avec qui partager un bon bout de chemin et peut être construire quelque chose à deux, je ne suis pas pressé. Les heures s'écoulent lentement. Est ce mon état d'épuisement, je ne me rends plus compte du temps qui passe, la nuit arrive, puis le jour, je sombre dans un état de semi conscience, curieusement je ne sens plus ni le froid, ni la faim.
Mon esprit se débarrasse du superflu, il paraît que c'est cela la méditation, je préférerais la faire chez moi, au chaud, le ventre bien rempli. C'est comme un jeûne spirituel, les pensées de peu d'importance disparaissent, mon esprit s'affine.
Je commence à comprendre la signification profonde du jeûne, qu'il soit chrétien ou musulman, cette possibilité offerte, de temps en temps, de se recentrer sur ce qu'il y a d'important dans son existence.
Je me rends compte à quel point la vie que je mène est futile, sans but, s'amuser, profiter, amasser, détenir le dernier gadget, quelle importance au fond. Partager, mais partager quoi, des propos futiles et tellement convenus, planifier une vie cadrée avec jolie femme et enfant, postes à responsabilité, repas avec les potes ou la famille qui s'éternisent le Dimanche, comparaison de nos réussites respectives, de nos voitures, écoles des mômes, nounous, cuisines équipées, résidences secondaires, placements financiers et marchés bio.
J'ai complètement oublié la notion du temps, mais je suis bien dans ma grotte, je n'écoute plus la radio, quelle importance, arrivera ce qui arrivera, Inch Allah. Je réfléchis à la mort qui m'attend au bout de cette nuit blanche, que restera t'il de moi, qu'aurais je fait de ma vie ?
J'entends des coups dehors, soudain une main essuie la neige sur la fenêtre, une face rouge coiffée d'un bonnet orange apparait, comme un nain de jardin monstrueux surgi du néant.
« Monsieur, monsieur, vous m'entendez »
Je lève la main.
On s'active dehors, la porte s'ouvre. On m'extrait de l'habitacle, je suis soulevé, emporté par de robustes bras, couché, enveloppé d'une couverture brillante et enfourné dans un camion de pompier.
Je me retrouve à l'hôpital dans une grande chambre blanche.
Un médecin entre.
« Bonjour, vous êtes resté deux semaines dans votre voiture, c'est un miracle que l'on vous ait retrouvé et en bonne condition physique de plus
- comment m'a t on repéré
- un hélicoptère a vu la bosse que formait votre voiture sur le chemin et a donné l'alerte
- quand pourrais je sortir
- dans deux jours, je pense, le temps de vous remettre de cette épreuve.»

Mon histoire a fait la une du vingt heures, famille, amis, journalistes défilent dans ma chambre. Puis tout retombe et la vie reprend son train train. Je n'arrive pas à me remettre de cette expérience, le bruit, la foule, la famille, les amis, tout me pèse, j'ai envie de partir à l'écart du monde. Je passe des heures à penser, à rêver, et puis, un jour, une certitude me remplit le cœur.
Il me faut un peu de temps pour accepter ce choix et le faire comprendre à ma famille et à mes amis, mais par une belle journée de printemps :
« En ce jour béni, nous avons la joie d'accueillir parmi nous, un nouveau frère qui va partager notre vie de recueillement, de prière et de silence, frère Neige »
Je rentre dans ma cellule, les murs sont blancs et un sentiment de joie profonde m'envahit.
Je suis enfin seul
avec Lui.

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