Atelier d'écriture de Janvier, février, mars 2013: Les textes

Violences

Elle est là, dans un coin de l’armoire à balai, tremblante, haletante, cherchant à reprendre haleine tout en ne faisant pas de bruit. Dans l’après midi le courant a été coupé. La facture de plusieurs mois impayée.
En rentrant Jules était furieux. Encore de sa faute à cette empotée ! Elle a dit « pardon je n’ai pas fait exprès ». En réalité elle n’y est pour rien si Jules boit son salaire et le peu d’argent qu’elle gagne.
Au souper elle a fait des sandwichs. Il a pété un plomb. « C’EST QUOI CETTE MERDE ? JE SUIS QUOI MOI POUR QUE TU ME FASSES DES PUTAINS DE SANDWICHS! ».
« Mais je ne peux rien faire chauffer » elle souhaitait seulement lui expliquer pourquoi. Il a pris ça pour une rébellion. C’est toujours comme ça quand il a bu. On ne peut rien lui dire il croit qu’on le méprise ou qu’on se fout de lui. Le coup est parti « Bam ». L’os de son nez a craqué et elle a été étourdie. Elle s’est rattrapée à la table en formica mais déjà il refondait sur elle.
Elle a cherché à s’écarter et il est tombé. Furieux, hargneux, poussant des insanités qu’elle connait par cœur pour les entendre tout les jours. Et puis le petit s’est mit à pleurer. Le bruit l’a tiré de son sommeil. Jules s’est remis debout et s’est orienté en direction de la porte de la petite chambre bleue.
Alors elle n’a plus hésité. Elle a relégué la panique dans un coin de sa tête. La rage de ces cinq dernières années est remontée. En quelques secondes elle s’est remémorée les coups, les bleus, les phrases assassines, et le regard bleu de Gabriel, son ange à elle, son bébé.
Il ne le touchera pas ! Elle prend le couteau sur l’égouttoir, celui qu’elle a utilisé pour faire les sandwichs et se jette sur lui. La lame se plante dans son dos jusqu’au manche.
Jules s’affaisse. Il fait demi tour en rampant, cherche à se mettre debout, retombe près de la porte d’entrée, empêchant toute sortie. Son regard en dit long. Il ne croit pas qu’elle a fait ça. Elle court prendre le bébé, se cache dans l’armoire. Et puis elle attend, là dans un coin de l’armoire à balai, tremblante, haletante. Elle a peur mais elle sait qu’il ne leur fera plus jamais de mal.

Présence
Incarné sur terre
L’homme continue de rêver
A un au-delà

Absence
Oh, dis-moi mon père,
Pourquoi m’es-tu inconnu ?
Mystère des mystères

Émergence
Pansant mon chagrin,
L’amour à jamais constant,
Il m’a accompli