[Merle, Olivier] Identité numérique

Auteur : Merle Olivier
Edition : Editions de Fallois
Date de parution : mars 2011
Nombre de pages : 236

L'histoire :
Trente ans se sont écoulés depuis la grande crise économique du début du XXIe siècle : la communauté européenne a éclaté, la monnaie unique n'est plus, l'appauvrissement des populations est consommé, la xénophobie ronge l'Europe.
Jan Petrec, 28 ans, habite un petit pays d'Europe centrale. Salarié d'une puissante compagnie d'assurance chinoise, passionné de jeu d'échecs, Jan mène une existence discrète, partageant sa vie entre Anna, jeune femme libre de 27 ans, et une bande de copains fêtards, dominée par la figure de Bogdan.
Comme ses amis, Jan est convaincu de vivre dans un pays libre et démocratique. Pourtant, à son insu, les nouvelles technologies façonnent jour après jour un monde invisible, où la plupart des faits et gestes des citoyens sont numérisés et stockés dans les plus grandes archives virtuelles de tous les temps. A qui, et à quoi, servent ces innombrables données ?
Un matin, Jan reçoit une convocation du ministère des Evaluations. Pour quelles raisons monsieur Kovac, Délégué aux Questions identitaires, s'intéresse-t-il à Jan Petrec, jeune homme honnête et sans histoire ?
Un roman passionnant, qui est aussi une réflexion sur un avenir proche.

L'auteur :
Olivier Merle, fils de Robert Merle, est professeur de géologie à l'université de Clermont-Ferrand.
Ce livre est son troisième roman.



Mon avis :
J'ai lu ce livre par hasard... et ça a été un véritable coup de coeur. Je le relirai, c'est certain.

L'année 2042 touche à sa fin. Jan Petrec, 28 ans, mène une vie paisible, réglée comme du papier à musique.
Il croise son voisin tous les matins, va au travail, voit sa petite amie pour le déjeuner, termine sa journée et rentre chez lui.
C'est un homme sans histoires.

Il était honnête, voilà tout. C'était dans sa nature.
Il avait toujours respecté les règles, les considérant comme une contrainte utile à la bonne marche de la société.

Un jour, cependant, un grain de sable va s'introduire dans cette mécanique bien huilée. Jan est convoqué au ministère des évaluations.
Il va y rencontrer monsieur Kovac, un fonctionnaire consciencieux, qui s'appuie sur des faits avec une rigueur qui fait froid dans le dos.

- Comme vous le savez, à notre époque, il n'y a plus aucune donnée qui ne soit numérisée et toutes les données du monde sont interconnectées dans le cyberespace, de sorte que sonder la base de données centralisée permet d'obtenir une réponse fiable à n'importe quelle question.
Tant que celle-ci a un sens, bien entendu.

La force de ce roman tient justement à cette approche minutieuse, qui nous plonge dans une ambiance kafkaïenne.
Il m'a donné envie de relire Le procès de Kafka.
D'ailleurs, petit détail : deux des personnages ont un nom commençant par la lettre K, ce qui m'a fait penser au Krapulax de Pif Gadget (petit clin d'oeil à mon enfance).

- Voyez vous, monsieur Petrec, un profil numérique ne se trompe pas, c'est son avantage.
Les algorithmes utilisés sont d'une redoutable efficacité, ils rendent un verdict d'une parfaite exactitude que nul n'est en mesure de contester.

Cette confrontation avec son "profil numérique" va conduire Jan à une recherche personnelle.
Qui est-il ? D'où vient-il ? Est-il vraiment libre ? Est-il coupable ?
Cette quête d'identité du personnage nous ouvre les portes d'une réflexion plus générale.
On se prend à s'interroger sur nos droits, notre liberté, dans la société actuelle, et sur les dérives que pourraient entraîner le "tout numérique".

- De nos jours, la population est coincée entre le portable, la télévision et l'ordinateur. Elle n'a plus comme horizon que ces écrans, qui sont autant de murs qui l'empêchent de voir au-delà.
- Mais ce sont ces écrans qui nous informent !
- Justement. Ils nous désinforment plus qu'ils ne nous informent. Voyez-vous la réalité de la rue quand vous êtes enfermé dans le tram avec des écrans publicitaires en guise de vitres ?

Lisez ce livre... et vous regarderez votre téléphone portable d'un autre œil !

Ma note :
10/10

Autres citations :

Spoiler:

Spoiler:

Merci Virgule pour cette belle critique semée de citations

Merci Virgule !! Je me le note !!

Merci pour cette critique, j'ajoute également ce titre à ma Làl !

J'ai très envie de le lire maintenant!

Tu l'as dans ta PAL, titibus ?

N'hésite pas, ça se lit très bien.
Et puis, ça m'intéressera d'avoir ton avis.

Merci Virgule, il me plait bien aussi !

virgule a écrit:Tu l'as dans ta PAL, titibus ?

N'hésite pas, ça se lit très bien.
Et puis, ça m'intéressera d'avoir ton avis.

A vrai dire, je n'ai pas vraiment de PAL... Je lis au gré vent, mais ce livre-ci n'est pas à la médiathèque, zut!

Très bonne critique.
Du coup, je me le note dans ma LAL...

Merci pour vos remarques élogieuses. Vous me faites rougir.

Ce livre m'a tellement plu qu'il n'est pas difficile d'en faire une belle critique.

J'aimais beaucoup Robert Merle.
Je constate que son fils en est le digne successeur, dans un style différent.

Lu dans le cadre du challenge PL 2015/2016

Premièrement, j'ai beaucoup aimé cette couverture, ce monde à l'envers...

Ensuite, j'ai été séduite par l'écriture très fluide de l'auteur. Sans m'en rendre compte, en 24h, j'avais fini ce roman.

Nous comprenons la réflexion où nous entraîne l'auteur. Jan, son personnage principal, n'a rien contre la surveillance de l'état, en tant qu'homme honnête, qu'a-t-il à craindre ?
Jusqu'au jour, où, pour une broutille, les problèmes commencent. Si un algorithme le dit, c'est inattaquable. 
Identité numérique, ou les risques de dérive d'un système vers lequel nous nous précipitons.

Avec tout ça, je ne vote "que" apprécié. Pourquoi ?
Car j'ai trouvé l'auteur trop peu ambitieux au niveau technologie.
Nous sommes en 2042, il y a encore des chauffeurs de tram (et des trams), des voitures (avec levier de vitesse  ), des montres (!), des téléphones portables.
Le papier existe toujours et un inspecteur rempli son rapport au stylo 

Il y a bien quelques changements, mais plus au niveau de la mise en application, pas de nouvelles technologies. Au rythme où ça avance, j'ai eu du mal avec la crédibilité de ce côté là. J'aurais aimé que l'auteur se lâche plus dans la vision futuriste ou qu'il imagine un avenir moins lointain (10 ans au lieu de 30 par exemple).