[Beckett, Samuel] Molloy
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Molloy ?
[Beckett, Samuel] Molloy
Molloy
Auteur : Samuel Beckett
Éditeur: Les Éditions de Minuit
Nombre de pages : 276 pages
Prix : 8.10 €
4è de couverture : De même que Dante chemine de cercle en cercle pour atteindre son Enfer ou son Paradis, de même Samuel Beckett situe-t-il, chacun dans un cercle bien distinct, les trois principaux protagonistes des romans de sa trilogie, Molloy, Malone meurt et L'Innommable, afin qu'ils atteignent, peut-être, le néant auquel ils aspirent. D'un roman à l'autre, ce cercle est de plus en plus réduit.
Si Molloy est enfermé dans un cercle, c'est celui-là même de son récit cyclique qui commence par la fin et se termine au commencement. Molloy n'est pas confiné dans un seul lieu, il possède encore un relatif degré de mobilité malgré sa mauvaise jambe. À bicyclette d'abord, muni de béquilles ensuite, puis ne pouvant plus que ramper, le voilà parti à la recherche de sa mère, dit-il. N'est-il pas plutôt en quête de lui-même, ou bien d'une certitude qui lui échappe toujours ?
Dans la deuxième partie du roman, la boucle que décrit la trajectoire de Molloy se dédouble : c'est le rapport, cyclique aussi, que rédige Moran. Détective de l'agence Youdi, Moran a reçu l'ordre de se lancer à la recherche de Molloy. Lorsque Moran entame sa poursuite, il est en pleine possession de tous ses moyens physiques, de toutes ses certitudes. Au fil de sa quête, peu à peu son état se modifie profondément et se détériore à tous égards : Moran va ressembler de plus en plus à Molloy lui-même. Moran trouvera-t-il Molloy ? Ne seraient-ils que deux facettes d'une seule et même personne ? Les deux boucles de leurs trajectoires respectives vont peut-être finir par se rencontrer pour former l'image du huit horizontal, signe de l'infini recommencement d'une impossible quête de soi
Mes impressions :
J'ai commencé à lire Beckett à travers son théâtre ; très mauvaise idée. J'ai littéralement été rebuté par ses pièces dont je ne voyais pas l'intérêt. Mais maintenant je le vois grâce à Molloy. En effet, ce livre, le premier en français de l'auteur, s'avère être une des bases sa philosophie. Il s'agit de la quête de sens, pourquoi sommes-nous sur Terre ? Notre existence a-t-elle un but ?
Dans ce roman, Beckett passe tout d'abord par le personnage d'un vieil homme incontinent , parfois vulgaire, pathétique, mais tellement réel. Dans la première partie du roman, il est donc question de Molloy, qui, arrivé à la fin de sa vie se pose tout un tas de questions sur lui même. Dans la seconde partie, il est question d'un détective qui part à la recherche de Molloy.
Le style est à la fois complexe et simple. Je m'explique : dans la première partie il s'agit de gros blocs, il n'y a que quelques paragraphes à compter sur les doigts d'une main. D'autre part il est question de phrases très succinctes et donc parfois difficiles à comprendre, d'autant plus que l'on suit la pensée de ce vieil homme.
Je dois dire que j'ai bien aimé ce roman, mais sans plus, la première partie demande un effort de lecture du fait de sa forme mais une fois appréhendée on prend du plaisir. Sachez par ailleurs que ce livre est le premier d'une trilogie qui comprend donc Molloy ; Malone Meurt ; L'Innommable
Extraits :
Extrait de la première partie :
- Spoiler:
Et chaque fois que je dis, Je me disais telle ou telle chose, ou que je parle d’une voix interne me disant, Molloy, et puis une belle phrase plus ou moins claire et simple, ou que je me trouve dans l’obligation de prêter aux tiers des paroles intelligibles, ou qu’à l’intention d’autrui il sort de ma propre bouche des sons articulés à peu près convenablement, je ne fais que me plier aux exigences d’une convention qui veut qu’on mente ou qu’on se taise.
Extrait de la seconde partie :
- Spoiler:
J’avais commencé au commencement, figurez-vous, comme un vieux con. Voici mon commencement à moi. Ils vont quand même le garder, si j’ai bien compris. Je me suis donné du mal. Le voici. Il m’a donné beaucoup de mal. C’était le commencement, vous comprenez. Tandis que c’est presque la fin, à présent. C’est mieux, ce que je fais à présent ? Je ne sais pas. La question n’est pas là. Voici mon commencement à moi. Ca doit signifier quelque chose pour qu’ils le gardent. Le voici.
Cette fois-ci, puis encore une je pense, puis c’en sera fini je pense, de ce monde-là aussi. C’est le sens de l’avant-dernier. Tout s’estompe. Un peu plus et on sera aveugle. C’est dans la tête. Elle ne marche plus, elle dit, Je ne marche plus. On devient muet aussi et les bruits s’affaiblissent. A peine le seuil franchi c’est ainsi. C’est la tête qui doit en avoir assez. De sorte qu’on se dit, J’arriverai bien cette fois-ci, puis encore une autre peut-être, puis ce sera tout. C’est avec peine qu’on formule cette pensée, car c’en est une, dans un sens. Alors on veut faire attention, considérer avec attention toutes ces choses obscures, en se disant, péniblement, que la faute en est à soi. La faute ? C’est le mot qu’on a employé. Mais quelle faute ? Ce n’est pas l’adieu, et quelle magie dans ces choses obscures auxquelles il sera temps, à leur prochain passage, de dire adieu. Car il faut dire adieu, ce serait bête de ne pas dire adieu, au moment voulu. Si l’on pense aux contours à la lumière de jadis c’est sans regret. Mais on n’y pense guère, avec quoi y penserait-on ? Je ne sais pas.
Dernière édition par Findus le Mar 29 Mai 2012 - 21:29, édité 2 fois
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