[Giraud, Brigitte] Avoir un corps

Titre: Avoir un corps
Auteur : Brigitte Giraud
Edition : Stock (21 août 2013)
Nombre de page : 240

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« Des vêtements à peine écartés, des ventres et des reins maladroitement caressés. Des intentions plus que des actes. On donne, on offre, on laisse à l’autre le soin de prendre, de saisir, de posséder. Mais l’autre est dans le trouble de la conquête, avec le trop-plein de lumière qui éclaire la chambre. Il est difficile d’accéder au secret en plein jour. Alors les yeux se ferment, les doigts s’agrippent et les cuisses s’extraient des pantalons. Il cherche, soulève, accélère. Je veux bien, veux tout, ne résiste pas. »

Avoir un corps est la trajectoire d’une enfant qui devient fille, puis femme, racontée du point de vue du corps, une traversée de l’existence, véritable aventure au quotidien où il est question d’éducation, de pudeur, de séduction, d’équilibre, d’amour, de sensualité, de travail, de maternité, d’ivresse, de deuil et de métamorphoses. L’écriture au réalisme vibrant, sensible et souvent drôle, interroge ce corps qui échappe parfois, qui ravit ou qui trahit. Un roman qui rappelle que la tête et le corps entretiennent un dialogue des plus serrés, des plus énigmatiques.


Mon avis

Voici l'un de mes plus gros coups de coeur depuis janvier 2013. Ce livre est un récit, plus qu'un roman.
Ce récit, est, selon les mots de François Busnel, dans "La grande librairie" sur France 5, "l'itinéraire d'une femme à travers son corps." Ce récit est troublant, parce qu'à chaque ligne, il fait prendre conscience du corps, de ses forces et de ses faiblesses, de ses besoins, de ses équilibres, et de ses ratés. Et puis le corps de l'autre, aussi. Le corps de l'enfant qu'on a besoin de sentir à la fois fragile et petit à petit indépendant. Le corps du garçon, sa peau, son odeur... Et son corps, à soi, et toutes ses sensations, racontées dans une langue toute simple toute jolie. Qui n'a pas besoin d'artifices tant ce qu'elle dit est vrai, et touchant.

Merci Alizaryn pour ta jolie critique qui donne envie 

J'avais vu l'émission qui en parlait et j'avais noté ce roman ... sans toutefois n'avoir jamais osé sauter le pas ... ton avis me pousse à le faire !

Il fait partie d'une liste de livres que je pourrais lire pour le comité de lecture de ma bibli. S'il est dispo j'essayerai de l'emprunter, c'est vrai que ta critique fait envie

l'existence d'une petite fille, d'une ado, d'une femme décrite du point de vue de son corps, sans fausse pudeur, l'émotion s'exprime par le corps et c'est souvent extrêmement émouvant, drôle parfois , toujours authentique
Et ces émois là, je les ai partagés , je me suis sentie proche de cette enfant, de cette ado, de cette mère. Je pense que les "quinqua" s'y reconnaitront aussi
les personnages qui l'entourent ne sont pas nommés, à part l'enfant et encore il s'agit du nom que lui prononce avec maladresse Yoto qui ne ressemble à aucun prénom que je connaisse, cela rend les non pas anonymes mais universels

très très beau roman
sensuel qui parle le langage du corps.. tabou parfois, ces contradictions qui nous tiraillent
il m'a parlé et c'est peu dire, je me suis complètement fondue dedans ce corps qui n'est pas le mien et tout à fait moi en même temps!
magique
les grandes étapes de la vie d'un corps qui nous ramènent au notre si souvent oublié, dans son idiome universel.
un coup de coeur incontestable

J'ai beaucoup aimé ce roman et pourtant je l'ai laissé un long moment sur ma table de chevet au début car le fait qu'il soit construit sur des évènements de vie m'indisposait.Et puis, lorsqu'on dépasse la forme, le fond nous embarque ailleurs.
Le fait aussi qu'il n'y ait que le corps qui soit personnalisé m'a dérangé durant certaine partie du roman. Je trouve que cette approche est intéressante mais gâche un peu l'émotion ressentie dans certaine circonstance de vie. Elle parle de son mari comme étant "le garçon", elle ne mentionne à aucune reprise son propre prénom...seul le prénom de son fils est mentionné.

L'enfant serait il pour une maman la continuité de son propre corps?

Une belle réflexion sur l'évolution de son corps face au événement de la vie, ce corps qui grandit avec nous, qui nous supporte, qui nous gène. Ce corps qui est fidèle et infidèle, ce corps qu'on chéri et que nous maltraitons.
Je me suis reconnue dans ces réflexions sur mon propre corps et les expériences de vie de cette femme m'ont fait écho...
je le conseille aux femmes bien entendu.