[De Luca, Erri] Le poids du papillon
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[De Luca, Erri] Le poids du papillon
Titre : Le poids du papillon
Auteur : Erri De Luca
Traduit de l'italien par Danièle Valin
Editeur : Gallimard (aussi en Folio)
Année : 2011 (Folio : 2012)
Nombre de pages : 81
Présentation de l’éditeur :
Quelque part dans les Alpes italiennes, un chamois domine sa harde depuis des années. D’une taille et d’une puissance exceptionnelles, l’animal pressent pourtant que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie est désormais menacée par les plus jeunes. En face de lui, un braconnier revenu vivre en haute montagne, ses espoirs en la Révolution déçus, sait lui aussi que le temps joue contre lui. À soixante ans passés, sa dernière ambition de chasseur sera d’abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé malgré son extrême agilité d’alpiniste, ce chamois à l’allure majestueuse. Et puis, face à ces deux forces, il y a la délicatesse tragique d’une paire d’ailes, cette «plume ajoutée au poids des ans».
Le poids du papillon, récit insolite d’un duel entre l’homme et l’animal, nous offre une épure poétique d’une très grande beauté. Erri De Luca condense ici sa vision de l’homme et de la nature, nous parle de la montagne, de la solitude et du désir pour affirmer plus que jamais son talent de conteur, hors du temps et indifférent à toutes les modes littéraires.
Mon avis :
C’est difficile de parler avec justesse de cette nouvelle d’Erri De Luca (accompagnée d’une autre, beaucoup plus courte, Visite à un arbre), difficile d’être à la hauteur de cette écriture poétique et puissante à la fois…
Lecture de saison puisque le mois de novembre prête les frissons de ses premières neiges à cette rencontre, le récit met en présence deux forces de la nature : d’abord un animal, le roi des chamois, ensuite un homme, le roi des braconniers. Une rencontre placée dès les débuts sous le double signe de la vie et de la mort, une recherche de liberté, de beauté, de plénitude, une vie entière sur le fil des précipices. Et si le chamois et l’homme sentent leurs forces décliner, le versant qui les conduit à la mort n’est pas, contrairement aux apparences, une pente descendante : il me semble que ces deux vivants poursuivent une ascension mystique vers les étoiles et le bout de la course voltige au-dessus des abîmes.
En fait, ils se ressemblent, ces deux-là, ils pourraient vivre en harmonie, mais ils se sont placés – à cause de l’home – sur le plan de la lutte, du duel. Comme les mâles chamois qui doivent conquérir le pouvoir pour féconder les femelles. Et cet affrontement de deux forces vieillissantes est profonde, touchante.
Le poids du papillon est une plongée puissante et rafraîchissante au coeur de la nature alpine, dans les flancs d’un noble chamois, dans les secrets d’un homme presque sage… Une fable intemporelle, un opéra alpin qui n’a pas fini de déployer en moi ses harmoniques.
"Les sabots des chamois sont les quatre doigts d’un violoniste. Ils vont l’aveuglette sans se tromper d’un millimètre. Ils giclent sur des à-pics, jongleurs en montée, acrobates en descente, ce sont des artistes de cirque pour le public des montagnes. Les sabots des chamois s’agrippent à l’air. Le cal en forme de coussinet sert de silencieux quand il veut, sinon l’ongle divisé en deux est une castagnette de flamenco. Les sabots des chamois sont quatre as dans la poche d’un tricheur. Avec eux, la pesanteur est une variante du thème, pas une loi." (p. 16)
"Sous le toit des branches, il levait son museau la nuit vers la voûte du ciel, un pierrier de cailloux lumineux. De ses grands yeux et le souffle fumant, il fixait les constellations, où les hommes voient des silhouettes d’animaux, l’aigle, l’ourse, le scorpion, le taureau.
Lui y voyait des brisures d’éclairs et les flocons de neige sur le pelage noir de sa mère, le jour où il avait fui loin d’elle avec sa soeur, loin de son corps abattu.
L’été, les étoiles tombaient comme des miettes, brûlaient en vol pour s’éteindre dans les champs. Alors, il s’approchait de celles qui étaient tombées près de lui pour les lécher. Le roi goûtait le sel des étoiles." (p. 30)
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