[Castillon, Claire] Les Merveilles

La 4ème de couverture :

"Le plaisir, ça m'avait bien secouée, mais le plaisir à faire du mal, ça devient mille fois meilleur et ce serait ma façon d'aimer."

Ainsi parle Evelyne, petite fille dérangée, puis jeune femme détraquée. A son compagnon Luiggi, le pizzaïolo, elle dit qu'elle fait des ménages dans une usine. Mais du lundi au vendredi, elle est escort-girl en secret.
C'est une histoire qui finit mal.

Mon avis :

Pour son onzième roman, Claire Castillon livre une histoire familiale des plus cinglantes ! Dans un cadre contemporain, ce roman, tiré d'une histoire vraie, atteint un paroxysme de l'horreur "banale", "ordinaire".

Avant de commencer la critique de ce roman, permettez-moi un aparté.
Pour ceux qui ne connaissent pas Claire Castillon, je dois vous dire qu'aucun de ses romans (je les ai quasiment tous lus) n'est rempli d'amour! Ou plutôt si. Mais d'une forme très particulière : obscène, éclaboussant, violent. On ne ressort jamais indemne d'un roman de Claire Castillon, je la conseille rarement et lorsque je m'aventure à le faire, c'est que je suis certaine que la personne est assez "solide" pour comprendre le propos sans le vivre. J'ai découvert cette auteur à travers ses nombreux recueils de nouvelles. Et je dois vous avouer qu' à 18 ans, j'ai beaucoup aimé sa noirceur.

Pour revenir au roman Les Merveilles, j'ai un peu grandi depuis ma découverte de Claire Castillon. Et mes goûts et ma résistance ont certainement grandi (ou changé) aussi, parce que cette lecture a été, par moments, insoutenable.

Le roman s'ouvre sur une première scène d'une forte violence, une scène de destruction mais de destruction mentale. A partir de là, aucune obscénité ne nous est épargnée.
Evelyne est un personnage dérangeant, victime de violence elle deviendra bourreau à son tour. Impossible de ressentir de la compassion pour elle, ni pour aucun des autres personnages secondaires, si ce n'est ce pauvre toutou ! Les parents d'Evelyne, les amants, la voisine, tous se montrent, tout à tour, dérangés, dérangeants, peureux et effrayants.
Ce roman est comme une ode à la haine, la haine qui vient en contraire de l'amour. La haine d'un couple, la haine d'une petite fille envers ses parents, la haine d'une ado envers les hommes, la haine d'une femme envers elle. Toute construction est réalisée pour mieux être détruite.
Concernant le style, Claire Castillon est fidèle à ses habitudes : l'écriture est incisive, pas de longue description ni de long passage, les mots sont crus et vrais. Dans ses romans, tout est vif du sentiment à la construction des phrases, et rien n'épargne le lecteur. C'est la réaction du lecteur qui est recherchée.

Au final, c'est un roman qui m'a dérangé. Mais parfois, être dérangé c'est un bon point aussi.

Je comprends que c'est très spécial, merci pour ton avis Elo!

J'ai "Les couplets" et "La reine Claude" dans ma Pal, qu'en n'as-tu pensé Elo ?

Les Couplets est un recueil de nouvelles sur le couple, et la famille aussi. A son habitude, Claire Castillon dépeint une vie amoureuse et familiale cruelle. On est loin du conte de fée mais dans l'ensemble, j'ai trouvé le recueil assez réussi. De façon générale, je préfère Claire Castillon dans l'exercice de la nouvelle ; qui correspond bien à son style d'écriture ciselé et vif.

Concernant le roman La Reine claude, c'est difficile d'en parler sans révéler l'histoire. Bien qu'il soit assez court, je me souviens l'avoir trouvé un peu long parce que tout est métamorphe, rien n'est clairement dit. Elle raconte une épreuve de la vie en suggestion. C'est un roman intéressant mais pas son meilleur, pour moi.

Bonnes lectures Marie Do !

Merci Elo !