[Gomez Barcena, Juan] Le ciel de Lima
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[Gomez Barcena, Juan] Le ciel de Lima
Titre : Le ciel de Lima (El cielo de Lima)
Auteur : Juan GOMEZ BARCENA
Traducteur : Thomas EVELLIN
Parution : en espagnol en 2014, en français (Baromètre) en 2020
Pages : 336
Présentation de l'éditeur :
Lima, 1904. Deux jeunes bourgeois épris de littérature partagent la même passion pour l’écrivain Juan Ramón Jiménez. Frustrés de ne pouvoir se procurer le dernier recueil du célèbre poète espagnol, ils se décident à lui écrire en se faisant passer pour une admiratrice du nom de Georgina Hübner. D’un simple canular naîtra une correspondance entre le futur prix Nobel de littérature et cette muse singulière. Histoire d’une vaste supercherie, entre fresque historique et fantaisie littéraire.
Inspiré d’une anecdote réelle, le roman de Juan Gómez Bárcena nous plonge dans le quotidien tumultueux de la capitale péruvienne alors marquée par la crise, les grèves prolétariennes et la répression policière. Au milieu de ce chaos, deux apprentis poètes en quête de reconnaissance cherchent pourtant leurs mots… Un récit plein d’ironie dans lequel se dresse un subtil tableau de la société liménienne du début du XXe siècle.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Publié en Espagne en 2014, Le Ciel de Lima est le premier ouvrage de Juan Gómez Bárcena traduit en français. Né en 1984 à Santander, il est l’auteur d’un recueil de nouvelles et de trois romans. L’année de sa parution en Espagne, Le Ciel de Lima a obtenu divers prix, dont le « Premio Ojo Crítico de Narrativa » attribué par la Radio nationale espagnole, et a terminé finaliste du prix du Festival du premier roman de Chambéry.
Avis :
A Lima en 1904, deux jeunes bourgeois se piquent de littérature et de poésie. Pressés de se procurer l’introuvable dernier recueil de leur maître à penser, le célèbre écrivain espagnol Juan Ramón Jiménez, ils entreprennent de lui écrire en se faisant passer pour une admiratrice. Une correspondance assidue se met en place entre le poète et cette muse inventée sur mesure…
Peu connu en France, Juan Ramón Jiménez est pourtant une figure majeure de la poésie hispanique, consacrée en 1956 par le prix Nobel de littérature. Il est donc la personnalité idéale pour incarner les fantasmes de deux jeunes apprentis écrivains péruviens en quête de reconnaissance, imaginés par l’auteur à partir d’une anecdote réelle. Le résultat est un petit bijou de fantaisie et d’humour que Juan Gómez Bárcena nous cisèle avec un plaisir perceptible, entre fresque historique et comédie pétillante, intelligemment troussée sur le thème de l’inspiration et de la création romanesque.
Tandis qu’outre-Atlantique, le grand homme de lettres se pique au jeu d’une correspondance qu’il croit authentique, la petite supercherie, conçue pour approcher leur idole, ouvre bientôt des perspectives inespérées à l’orgueil des deux jeunes manipulateurs. Si cette Georgina Hübner qu’ils ont inventée réussissait à séduire le poète, ne finirait-il par par lui dédier quelques poèmes inédits, qu’ils pourraient se vanter de lui avoir inspiré ? Voici donc les deux compères engagés dans ce qui devient une véritable entreprise de création littéraire, centrée sur un personnage qu’il leur faut apprendre à incarner avec la plus grande justesse. Georgina, en qui ils investissent de plus en plus de leurs projections personnelles, s’impose peu à peu comme une créature qu’ils ne parviennent plus totalement à modeler à leur guise. Si elle est une part d’eux-mêmes, elle leur impose aussi sa cohérence intrinsèque et les entraîne dans des développements qui pourraient bien les dépasser. De la comédie à la tragédie, il n’y a qu’un pas.
Bluffante satire de la soif de reconnaissance de l'écrivain et de sa relation à son œuvre et à ses personnages, Le ciel de Lima ne restreint toutefois pas le champ de son ironie à ses réflexions sur les détours de la création littéraire. Tout roman se nourrit d’un ressenti et, par conséquent, d’un fond de réalité. Georgina est ainsi directement issue du vécu de ses deux auteurs, dans un environnement lui aussi restitué par Juan Gómez Bárcena dans ses contradictions les plus subtiles. Et c’est avec la même finesse souvent savoureuse que l’auteur brocarde la société de Lima à l’orée du XXe siècle, quand, sous les yeux à peine curieux d’une bourgeoisie plus préoccupée de ses alliances matrimoniales entre aristocrates ruinés et nouveaux riches pressés de dorer d’un blason leur complexe d’un sang parfois mêlé, la misère jette sans recours les filles du peuple dans la prostitution et les ouvriers dans des grèves violemment réprimées.
Ce roman de Juan Gómez Bárcena s’est révélé un succès en Espagne, récompensé par plusieurs prix. Il n’était que temps de le découvrir enfin, superbement traduit en français. Coup de coeur. (5/5)
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