[Abulhawa, Susan] Les matins de Jénine
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VOTRE AVIS SUR CE LIVRE
[Abulhawa, Susan] Les matins de Jénine
Michèle Valencia (Traducteur)
EAN : 9782283022849
432 pages
Editeur : BUCHET-CHASTEL (06/03/2008)
Lu en version Kindle (355 pages)
Susan Abulhawa née le 3 juin 1970 dans un camp de réfugiés palestiniens au Koweit, est une journaliste, une femme de lettres et une militante des droits de l’homme palestino-américaine.
Ses parents palestiniens sont originaires de Jérusalem. Après avoir vécu dans différents pays arabes, elle doit émigrer aux États-Unis à l’âge de 13 ans. Elle effectue des études de sciences biomédicales à l’Université de Caroline du Sud et travaille dans ce secteur d’activité.
En 2001, elle fonde une organisation non-gouvernementale, Playgrounds for Palestine (Aire de jeux en Palestine) pour la construction d’aires de jeux dans les camps de réfugiés. En 2002, elle visite le camp de réfugiés palestiniens de Jénine en tant qu’observateur international, à la suite de l’opération Rempart de l’armée israélienne cette année-là. Sa vocation littéraire s’impose à elle lors de ce séjour au Moyen-Orient, avec la volonté de raconter par la création romanesque l’histoire douloureuse des habitants de Palestine et faire comprendre la cruauté des situations.
Présentation de l’éditeur :
Les Matins de Jénine est né du conflit politique le plus inextricable du siècle. En 1948, l'année de la naissance d'Israël, la famille d'Hassan et de Dalia, Palestiniens soudés à la terre de leurs ancêtres dans le village d'Ein Hod, vit au rythme des récoltes d'olives. Mais leur destin bascule le jour où Ismaïl, leur petit second, est enlevé par Moshe et Jolanta, un couple d'Israéliens en mal d'enfants. Rebaptisé David, Ismaïl est élevé dans l'ignorance de ses véritables origines et dans la haine des Arabes. Le restant de sa famille, dépossédé et chassé de ses terres, est dirigé vers les tentes fragiles et vulnérables des camps réfugiés. Quand et comment Ismaïl pourra-t-il retrouver les siens, son frère Youssef, nourri par la haine issue de l'injustice et de la misère, puis tenté par la folie du terrorisme ? Et sa soeur Amal, qui, établie aux États-Unis et vivant le " rêve américain ", reste toujours hantée par l'amour de parents trop tôt disparus et le regret d'avoir fui sa Palestine ? Tiré de la longue page d'histoire des relations israélo-arabes, ce bouleversant roman sur trois générations d'une famille palestinienne éclaire d'une lumière intimiste mais impitoyable deux peuples prisonniers d'une spirale infernale en attente d'aubes qui chantent.
Mon avis :
Je dois avouer mon ignorance en ce qui concerne la guerre continue entre Israël et la Palestine. Ce roman m'a beaucoup éclairée sur la situation. Fin 1992, je me suis rendue en Israël, en voyage professionnel, et j’ai visité un kibboutz situé à la frontière libanaise. Il était entouré de miradors avec des soldats qui surveillaient tout. A l’époque, j’avais été impressionnée par le calme des habitants vivant sous la menace permanente d’être attaqués. Et, pour être tout à fait honnête, je les ai plaints, comme s’ils étaient des victimes. Bien-sûr je savais qu’Israël avait été créé de toutes pièces, en chassant les palestiniens de leurs maisons et terres, mais en lisant ce roman j’ai été horrifiée par toutes les exactions et massacres commis. Et cela en étant convaincus qu’ils en avaient le droit parce qu’ils étaient des rescapés de la Shoah. Le droit !
C’est l’exemple parfait de la façon dont un ouvrage a le pouvoir nous informer et de changer nos opinions.
Jénine est une ville palestinienne située au nord de la Cisjordanie occupée. Le nom désigne également le camp de réfugiés palestiniens.
Amal est née dans ce camp. Comment sa famille s’est retrouvée là ? Comment vont-ils s’adapter à cette nouvelle vie et surtout, vont-ils survivre ? Qu’auront-ils à offrir à leurs enfants ?
Le récit est puissant et on ne peut que s’attacher à chaque membre qui tantôt nous émeut, tantôt force notre admiration en faisant montre d’un incroyable courage.
La présentation de l’éditeur est assez complète, je n’en dirai pas plus pour ne pas « divulgâcher ».
Le style est tout simplement parfait et souvent très poétique, malgré le contexte. Des poèmes sont parfaitement insérés dans le texte (surtout de Khalil Gibran, poète libanais 1883-1931), comme ici :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles du désir de la Vie pour elle-même.
Ils passent par vous, mais ne viennent pas de vous,
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez loger leurs corps, mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même en rêve.
Vous pouvez vous efforcer d’être semblables à eux, mais ne cherchez pas à les rendre semblables à vous.
Car la vie ne revient pas en arrière et ne s’attarde pas avec le passé.
(Le Prophète – 1923)
Mais l’autrice doit aussi parler de massacres et ne rien épargner au lecteur afin qu’il prenne la mesure de ce que les palestiniens ont subi. Dans cet extrait, un gamin vient d’être abattu, sans aucun motif :
J’ai entendu et utilisé moi-même « par exemple » d’innombrables fois. Pourtant, un mot aussi insignifiant, aussi banal, envahit soudain les jours heureux de ma jeunesse et me vole le souvenir d’avoir joué au foot avec Jamal, ce Jamal dont les Juifs font un « exemple » sous mes yeux. Je vois la vie s’écouler par la blessure d’un « exemple » âgé de seize ans, et je m’étonne en constatant que des choses anodines, voire de simples mots, deviennent odieuses et impitoyables en gagnant en force, et ce malgré la raison et l’histoire.
Je vous donne aussi cet extrait qui nous éclaire parfaitement sur l’inexorable enchaînement de violences, au nom de la vengeance.
Nous étions le 31 mars 2002. Le 20 mars, un attentat suicide avait fait sept victimes israéliennes en Galilée. Cet attentat voulait venger les trente et un Palestiniens tués par les Israéliens le 12 mars, à titre de représailles après la mort de onze Israéliens le 11 mars, abattus pour venger quarante Palestiniens tués le 8 mars, et ainsi de suite.
Un coup de coeur !
Dulcie- Grand expert du forum
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Re: [Abulhawa, Susan] Les matins de Jénine
Merci Dulcie, c'est vrai que je suis tentée d'en apprendre un peu plus sur le conflit israélo-palestinien. Je note le titre pour plus tard.
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