[Bodineau, Louison] Le nom des fleurs

Présentation du site éditeur :
Un recueil de poèmes
sur la vie,
la mer,
le goût amer de la société,
l'amour,
comme des fleurs
que l'on nomme
sur son passage.

Un premier recueil de poésies, confectionné dans un papier recyclé à la main à l'atelier, feuille après feuille pour en envelopper les mots. Un recueil sur la vie, la mer, le goût amer de la société, l'amour, comme des fleurs que l'on nomme sur son passage.

Conçu comme un objet sensible à garder précieusement, comme une lettre reçue ou un souvenir à conserver.

Louison Bodineau est co-fondatrice du studio de création les persiennes, basé dans la campagne nantaise. Le studio réalise des vêtements, sacs, mais aussi ce livre unique, tiré à 80 exemplaires. L'artiste est également photographe, elle réalise en particulier des photos de concerts dan la salle de spectacle Stéréolux (Nantes).

Mon avis :
Ce joli livre de petit format, blanc aux caractères rouges, est présenté dans une belle enveloppe. Les feuilles sont cousues avec du fil. Il m'a été offert par une amie, c'est le numéro 56 dans la liste. Il est agréable à tenir, à parcourir, à retenir,  et pensé comme un objet durable, non nuisible pour l'environnement.

Les poèmes tiennent chacun une page, sans titre, sans ponctuation sinon quelques virgules ; c'est donc une forme moderne, en vers libres. On se demande parfois s'ils se suivent ou se complètent. Parfois, deux vers seuls sont disposés en des endroits variés sur une page. Le regard du lecteur ne s'arrête jamais, il est vrai que cela s'apparente à une promenade curieuse, où l'on se dit qu'on va prendre le temps, qu'on s'arrêtera au prochain point de vue... et finalement on continue, mais tranquillement, à son rythme. Le style et le vocabulaire sont assez simples, mais l'œil de la photographe ne fait pas défaut. On y retrouve souvent des images vives, comme on verrait un paysage d'été à travers ses cils abaissés, sous une vive lumière.

Les scènes peuvent être urbaines ou campagnardes, sous le soleil ou même la pluie (on est à Nantes, je le rappelle). Les gens déambulent et vaquent aveuglément à leurs occupations, ou se regardent en amoureux, parfois on croit en l'autre, parfois on est découragé, les nuages passent, le ciel se découvre. Lorsque l'éclaircie est là, il fait de nouveau bon vivre, surtout quand les écrans s'éteignent, quand la lumière bleue laisse place aux éléments naturels. Les sensations sont à la fois crédibles, réalistes et poétiques, c'est beau et émouvant comme un petit bouquet de fleurs des champs, telles que Louison Bodineau les montre sur son compte Instagram.

J'ai aimé ces poèmes et je conserverai ce joli recueil sur moi, pour en relire à l'occasion. Le poème que j'ai le plus aimé se situe en Corse : un de ces immenses paquebots à étages croise un petit voilier, c'est une confrontation dont le géant ne sort pas grandi. Il est vrai que je suis parfois restée perplexe devant le sens à tirer de certains poèmes, j'y ai trouvé quelques redites, par exemple l'idée de la pluie, l'eau, les larmes qui lavent, revenant dans plusieurs textes. C'est un recueil qui a une lumière et une odeur douces et sèches d'été, de conversation avec soi-même. On peut le trouver sur le site du studio les persiennes, ou dans un point de vente comme la librairie de la HAB galerie sur l'île de Nantes. 4/5

Citations :
la lumière est belle
je ferme les yeux souvent
pour que le soleil imprime
ses rayons blancs
sur mes paupières violettes

l'immeuble impassible
tranche les vagues,
le voilier, lui,
continue de déambuler avec poésie

loin des réseaux qui
me brûlent la rétine
tout va mieux quand j'éteins
la lumière bleue

nous ne nous voyons plus
nous ne nous ressentons plus
qu'à travers les notes tapées,
les messages envoyés
et les voix enregistrées

tout le sublime réside dans les instants
qui échappent à notre vigilance