[Gaudé, Laurent] Ouragan

C'est beau. C'est même très beau. Et fort. Et ça se lit tout seul, comme un poème, comme une caresse. Qui passe, mais il me restera quelque chose. Je retiendrai que "ce qui nous tue, nous, c'est de participer", et que "Heureux sont ceux qui ont la force de fuir".

Demain, je retournerai participer à la gabegie générale. Oh non, je n'aurai pas la force de fuir. Mais j'essaierai, comme Joséphine, de rester debout. Je n'oserai jamais chanter, mais j'aimerais réussir à aider mes proches à rester debout... Tout un programme

joli programme Pistou

Pistou 117 a écrit:
C'est beau. C'est même très beau. Et fort. Et ça se lit tout seul, comme un poème, comme une caresse. Qui passe, mais il me restera quelque chose. Je retiendrai que "ce qui nous tue, nous, c'est de participer", et que "Heureux sont ceux qui ont la force de fuir".

Demain, je retournerai participer à la gabegie générale. Oh non, je n'aurai pas la force de fuir. Mais j'essaierai, comme Joséphine, de rester debout. Je n'oserai jamais chanter, mais j'aimerais réussir à aider mes proches à rester debout... Tout un programme

C'est tout simplement superbe Pistou!

Question: qu'est-ce qu'une (probablement féminin) "gabegie"? :<|G:

une gabegie, c'est un gâchis

Merci beaucoup Cassiopée!

Merci Louloute et Moulin. Oui, c'est ambitieux, comme programme et je ne suis pas sûre d'être à la hauteur de mes ambitions... Tant pis, un tout petit succès éventuel sera toujours mieux que rien du tout...

Quel plaisir de retrouver la plume de cet auteur que j'affectionne. J'ai succombé à nouveau!

Devant cette tempête qui approche, nous suivons tour à tour différents personnages qui se croisent, se cherchent, se rencontrent. En promettant de tout balayer sur son passage, cet ouragan remet les pendules à l'heure et offre à chacun la possibilité de voir ce qu'il y souhaite: la vengeance de la nature, la promesse d'une seconde chance, la main de Dieu et son ultime épreuve, la liberté et même l'espoir...

Laurent Gaudé nous fait vivre avec une réalité poignante cette catastrophe, non pas par les faits qu'il nous rapporte mais par le jeu des changements de narrateurs qu'il manie de main de maître. J'ai particulièrement aimé le rythme avec lequel il nous fait changer de personnages, de réflexions, de pensées. Pas de mise en page particulière, de chapitres, de sous titres. A un moment donné même, tout s'accélère, et les narrateurs se succèdent au sein de la même phrase. Magique.

J'ai également adoré le personnage de Joséphine, qui veut attendre cette garce sur le péron de sa maison. De son plaisir matinal à monter dans le bus à son regard sur la foule noire et meurtrie dans le stade, elle amène la réflexion sur la différence raciale, sur l'Homme... Un regard cru, mais criant de vérité. L'auteur nous amène à mettre de côté tout ce que l'on sait, tout ce que l'on pense savoir, et à nous laisser emporter par ce flot, cette vague qui balaye tout.

Ce roman est plein de force et de justesse.

La nature n'en peut plus de notre présence, de sentir qu'on la perce, qu'on la fouille et la salit sans cesse. Elle se tord et se contracte avec rage. Moi, Josephine Linc. Steelson, pauvre négresse au milieu de la tempête, je sais que la nature va parler. Je vais être minuscule, mais j'ai hâte, car il y a de la noblesse à éprouver son insignifiance, de la noblesse à sa voir qu'un coup de vent peu balayer nos vies et ne rien laisser derrière nous, pas même le vague souvenir d'une petite existence.

C'est beau, c'est fort, je me suis laissée engloutir par cet ouragan.
 
"Moi  Joséphine Linc. Steelson,  négresse depuis presque 100 ans".....ainsi débute le roman qui va nous entrainer dans une violence exacerbée par la dureté des événements, Joséphine est la seule à rester maitresse d'elle-même, debout et digne.
 
Ainsi s'entrecroisent plusieurs personnages, dans une succession d'évènements  liés les uns aux autres, qui montent en intensité au cours du récit.
Un révérant devenu fou de Dieu, des prisonniers abandonnés à leur sort, un zoo ravagé et des caïmans prenant possession de la ville....La peur règne et le chaos s'installe.
 
Le récit se termine par "le chant de Joséphine vieille négresse de 100 ans" qui reste maitresse de sa mort comme elle l’a été de sa vie.
C'est un livre à ne pas manquer,  oscillant entre tragédie et poésie...
 
Coup de cœur pour moi.

Merci Piplo et Step pour vos critiques  

Quand je lis autant de critiques positives, je me dis que je ne peux qu'aimer ! En plus, j'aime beaucoup les livres tirées d'histoires vraies ... Allez je le rajoute à ma liste à lire, merci pour ces critiques !

Adelas a écrit:Quand je lis autant de critiques positives, je me dis que je ne peux qu'aimer ! En plus, j'aime beaucoup les livres tirées d'histoires vraies ... Allez je le rajoute à ma liste à lire, merci pour ces critiques !

 Oui, Adelas n'hésite pas....Je regrette de ne pas l'avoir lu avant....

OUPS , et bien moi je n'ai pas aimé , à cause du style surtout
j'aimais bien Joséphine  et Keanu des personnages très forts et auxquels je me suis attachée mais j'ai peiné à lire jusqu'au bout ( j'ai sauté des paragraphes !)

en fait je crois qu'il me manquait l'émotion , l'intensité - j'avais beaucoup aimé le soleil des Scorta
Ici , j'ai trouvé trop ambitieux voire un peu prétentieux , comme si l'auteur voulait nous en jeter plein la vue
  je vais me faire huer !

Pourquoi huer ??????, ce qui fait la richesse de ce forum est bien que nous n'ayons pas tous les mêmes gouts et la même sensibilité, sinon ce serait monotone. Pouvoir comparer nos avis ouvre l'esprit...
Merci à toi.  

Je dois lire "le soleil des Scorta" j'espère ne pas être déçue....  

LE SOLEIL DES SCORTA pour moi THE BEST

En lisant ce roman, pas de doute nous sommes en plein coeur d' une tempête, ouragan de la nature, tempête dans le coeur et la tête des héros.
Ils sont une dizaine, tous en quête d' eux même ou de reconnaissance...et on est emporté par le tourbillon de l' écriture...
Comme elle est belle, comme elle m' a envoutée Joséphine linc. Steelson, drapée dans sa dignité de "négresse", elle revendique le droit à sa négritude, et à travers elle ce mot devient noble.
Malgré ma préférence pour Joséphine, j'ai aimé tous les personnages... De Byron, le petit "négrillon" à Buckeley le prisonnier.
Tous se mêlent, s' entremêlent au milieu du chaos, et Gaudé jamais ne nous laisse respirer. Nous sommes hors d' haleine, au milieu des immondices, des crocodiles et nous ne pouvons faire que comme les héros...continuer…

Les lectures de Joëlle

un livre fort..comme tous les livres de cet auteur!

Un auteur que je découvre, j'ai beaucoup de retard !!! Mais je galope à la recherche de ses romans, je viens de finir le quatrième de ma liste. Ecriture toujours aussi sublime,  réaliste, et des personnages dans la tempête de leur vie ainsi que celle de la nature .

pour vos avis

Merci Creuse pour ton avis, contente qu'il t'ai plut 

Tiens, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas été lu, 4 ans... J'ai voté "apprécié", je mettrais 3,5/5.

zazy a écrit:Moulin-à-vent essaie celui-ci, il vient de sortir Pour seul cortège

Ah ce que j'ai aimé ce livre! Un livre coup de poing que ce Pour seul cortège. Un roman qui ne se fait pas oublier et l'épilogue: magnifique! Magique!