[Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
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[Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Auteur: Boris Vian
Titre: J'irai cracher sur vos tombes
Editeur : Christian Bourgois
Publication : 17/1/1997
Nombre de pages : 208 pages
ISBN : 2267011646
Résumé :
Lee Anderson s'installe à Buckton, une petite ville du sud des Etats-Unis. Il s'intègre facilement malgré sa peau légèrement métissée (Anderson a un père noir et une mère blanche). Contrairement à lui, ses frères ont la peau très noire, et sont victimes de racisme, jusqu'au jour où l'un d'entre eux se fait assassiner par des Blancs. Aveuglé par la colère et la haine, Lee entreprend, pour se venger, de tuer deux jeunes bourgeoises blanches. Il s'invente alors une vie de toutes pièces mais ne se détourne pas de son dessein.
Mon avis :
C'est dur, sombre et cruel.... et tout simplement grandiose! Ce livre est court, concis, il va droit au but avec une franchise brute comme seul Vian savait le faire. Le fond est autant amoral que la forme est soignée et captivante. Voilà une oeuvre qui fait frissonner en même temps qu'elle laisse en bouche un goût de vraie littérature française.
Tout le dilemne de Vian se concrétise dans ce livre: Une histoire tout simplement horrible mijotée à la sauce aigre-douce. Les personnages sont tous plus bizarres et mauvais les uns que les autres. Il y a des mauvais encore et encore, mais pas l'ombre d'un bon. Ou bien on parle de lui à la troisième personne comme d'un naïf un peu idiot (C'est le cas de Tom par exemple).
Derrière le semblant de légèreté qu'offrent les premières pages, se glisse un plan machiavélique, derrière la désinvolture de Lee, une haine implacable et impitoyable. Vian ne laisse aucun sentiment en surface, le lecteur est plongé dans l'âme la plus noire et la plus macabre. Au bout du compte, ce livre est d'une profondeur qui donne à réfléchir.
Le dénouement et sa rapidité (loin d'être baclée, la fin est finement préparée) sont à couper le souffle jusqu'au dernier mot.
Pour résumer ce livre, il suffit d'une phrase: c'est du 100% Boris Vian!
Ne passez à côté sous aucun prétexte!
Nephtys- Grand expert du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
un des romans de Boris VIan le plus violent ... il aborde le racisme et la condition des noirs américains...
à lire absolument
merci Nephtys de nous le rappeler à notre bon souvenir
à lire absolument
merci Nephtys de nous le rappeler à notre bon souvenir
Pinky- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Nephtys a écrit:
Ce livre est court, concis, il va droit au but avec une franchise brute comme seul Vian savait le faire.
Il n'est pas le seul, il en existe d'autres, Charles Bukowski par exemple.
Merci pour ta critique.
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Si vous êtes intéressé(e)s, "Le livre de Poche" a sorti, il y a peu un boitier avec le livre de Boris Vian "Manuel de Saint Germain des Prés, un petit carnet des dessins de l'auteur et un CD d'hommage à Boris Vian.
Quant à la condition des noirs aux USA, notamment dans les années '60 tout particulièrement, il existe en folio un incontournable témoignage : celui J.H. Griffin "Dans la peau d'un noir" où l'auteur raconte son expérience. Grâce à l'aide d'un médecin, il est devenu un "noir" et pendant 6 semaines, il a mené la vie authentique des hommes de couleurs au pays de la défense des libertés et de la démocratie.
J.H. Griffin : Dans la peau d'un noir" Coll Folio n° 809
Quant à la condition des noirs aux USA, notamment dans les années '60 tout particulièrement, il existe en folio un incontournable témoignage : celui J.H. Griffin "Dans la peau d'un noir" où l'auteur raconte son expérience. Grâce à l'aide d'un médecin, il est devenu un "noir" et pendant 6 semaines, il a mené la vie authentique des hommes de couleurs au pays de la défense des libertés et de la démocratie.
J.H. Griffin : Dans la peau d'un noir" Coll Folio n° 809
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Exactement Michel, j'ai lu le livre de Griffin il y a longtemps dans le cadre du lycée, je me souviens avoir aimé la sensibilité de cette oeuvre. Mais je considère que Vian relate moins la condition des noirs américains que la noirceur des âmes. Si on prend du recul sur cette oeuvre, il ne prend véritablement aucun parti, ou bien pas assez pour en faire une vératible diatribe.
On peut également citer Un jour en mai de George Pelecanos en ce qui concerne la condition des noirs américains. Il nous avait été proposé lors d'un partenariat, et relate la discrimination avec équité.
FrançoisG, c'était une façon de parler Je lirai Bukowski à l'occasion, jusque là l'auteur est pour moi inconnu.
On peut également citer Un jour en mai de George Pelecanos en ce qui concerne la condition des noirs américains. Il nous avait été proposé lors d'un partenariat, et relate la discrimination avec équité.
FrançoisG, c'était une façon de parler Je lirai Bukowski à l'occasion, jusque là l'auteur est pour moi inconnu.
Nephtys- Grand expert du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Il faut aussi tenir compte et reconnaître que l'immédiate après-guerre et la période "Saint Germain des Prés" que j'ai vécue de loin (c'était de mon âge, à l'époque) était un peu fofolle et on ne prenait guère la peine de véirifer les assertions qu'on assénait dans notre euphorie et notre insouciance !
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Bien sûr! Le but, à l'heure actuelle, n'est d'ailleurs pas de juger mais de comprendre. Il faut situer les faits dans leurs contextes, sans quoi les conclusions se font trop hâtivement et donc de travers.
Nephtys- Grand expert du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Vian était aussi un bon trompetiste et féru du jazz que les jeunes (comme moi à l'époque) découvrions en même temps que Saint Germain des Prés, Sartre, Juliette Gréco, Brassens, Brel, et les autres dans la foulée.
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Et un parolier d'exception
Nephtys- Grand expert du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Michel33 a écrit:Si vous êtes intéressé(e)s, "Le livre de Poche" a sorti, il y a peu un boitier avec le livre de Boris Vian "Manuel de Saint Germain des Prés, un petit carnet des dessins de l'auteur et un CD d'hommage à Boris Vian.
Quant à la condition des noirs aux USA, notamment dans les années '60 tout particulièrement, il existe en folio un incontournable témoignage : celui J.H. Griffin "Dans la peau d'un noir" où l'auteur raconte son expérience. Grâce à l'aide d'un médecin, il est devenu un "noir" et pendant 6 semaines, il a mené la vie authentique des hommes de couleurs au pays de la défense des libertés et de la démocratie.
J.H. Griffin : Dans la peau d'un noir" Coll Folio n° 809
J'ai lu Dans la peau d'un noir, livre touchant évidemment et qui amène à la réflexion. Mais je pense que je m'attendais à plus grave, plus profond.
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
dans la peau d'un noir est un très bon livre... l'an dernier, il y a une émission où une famille blanche devenait noire et découvrait dans notre pays, le quotidien et les difficultés.... de même une famille noire devenait blanche...
il y avait 4 émissions, et la 5ème les familles étaient réunies pour échanger autour de leurs impressions...
édifiant...
il y avait 4 émissions, et la 5ème les familles étaient réunies pour échanger autour de leurs impressions...
édifiant...
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Pinky a écrit:dans la peau d'un noir est un très bon livre... l'an dernier, il y a une émission où une famille blanche devenait noire et découvrait dans notre pays, le quotidien et les difficultés.... de même une famille noire devenait blanche...
il y avait 4 émissions, et la 5ème les familles étaient réunies pour échanger autour de leurs impressions...
édifiant...
Je les ai ratées. Dommage, car elles m'auraient intéressé. Sur quelle chaîne ont-elles été diffusée ?
"Dans la peau d'un noir", il fallait quand même l'oser à l'époque où il a fait l'expérience. Il est vrai que le livre relève plutôt du journalisme. En fait, il est d'abord paru morceau par morceau dans un hebdomadaire belge à l'époque. C'est ainsi que j'en avais eu connaissance.
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
sur canal + il y a 2 ans peut être ...
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Nous, y en a pas avoir canal + dans pauvre petite belgique !Pinky a écrit:sur canal + il y a 2 ans peut être ...
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
voici Michel de plus ample explications, peut être les trouveras-tu en DVD
Dans la peau d'un Noir
Quand deux familles échangent leurs couleurs de peau sous l'?il des caméras de Canal Plus . Entre documentaire et spectaculaire
En 1959, pour dénoncer le racisme, l'écrivain blanc J. H. Griffin s'infligeait un traitement dermatologique à base d'UV et de mélanine et, ainsi noirci, traversait le sud des Etats-Unis à la rencontre de l'Amérique ségrégationniste. Près d'un demi-siècle plus tard, Canal Plus reprend le titre de son livre, Dans la peau d'un Noir, pour deux soirées documentaires exceptionnelles, les 30 et 31 janvier (à 20 h 50). Mais, cette fois, l'action a lieu de nos jours, en France.
Durant un mois, deux familles, l'une blanche, l'autre noire, ont accepté d'échanger leurs couleurs de peau pour se frotter à la discrimination et à leurs propres préjugés. Le miracle s'opère chaque matin au prix de quatre heures de maquillage par personne. Les protagonistes, réunis dans une maison de la banlieue parisienne, sont filmés, à l'extérieur, en caméra cachée. Les séquences s'enchaînent: sortie en boîte de nuit, entretien d'embauche, recherche d'appartement… Et le racisme, paré de ses atours quotidiens, se révèle aussi accablant que les cris de singe entendus dans certains stades de football.
Le réalisateur Renaud Le Van Kim a acheté les droits de l'émission auprès de la chaîne américaine Fox TV. Aux Etats-Unis, le show - car, là-bas, c'en est un - est classé à la rubrique télé-réalité. Le Van Kim, d'origine vietnamienne et qui, gamin, s'est souvent prétendu eurasien, «car, en France, on juge d'abord sur les origines», fait ce qu'il peut pour se démarquer du côté «gadget» d'un tel programme. Divers intervenants - sociologues, dirigeants associatifs, syndicaliste policier - attestent le sérieux de l'entreprise. Avec beaucoup d'infos et un peu de spectacle, Dans la peau d'un Noir crée un genre: l'émission métisse.
Article de l'express paru en décembre 2007
________________________________________________________
"Dans la peau d'un Noir" :
2ème partie mercredi soir
Pour ce documentaire, une famille de Blancs a été soigneusement grimée en Noirs et une famille de Noirs en Blancs. L'idée est de montrer "ce qu'est le racisme au quotidien en France".
La deuxième partie du documentaire de Canal+ sur les problèmes de société, "Dans la peau d'un Noir", est diffusée mercredi 31 janvier. L'émission présente le quotidien d'une famille de Blancs soigneusement grimés en Noirs et d'une famille de Noirs en Blancs.
"On a voulu illustrer ce qu'est le racisme au quotidien en France", explique Rodolphe Belmer, directeur général délégué de la chaîne cryptée. La famille de Blancs est composée de Laurent Richier, 40 ans, son épouse Stéphanie, 35 ans, et leur fils Jonathan, 16 ans, celle de Noirs, de Romuald Berald, 41 ans, Antillais, sa compagne Ketty Sina, 48 ans, d'origine camerounaise, et la fille de cette dernière, Audrey Verges, 19 ans, métisse camerounaise et catalane.
En 1959, l'écrivain Blanc américain John Griffin s'était transformé en Noir à coup d'ultra-violet pour vivre pendant six semaines la vie d'un homme de couleur dans le sud des Etats-Unis. En France, un journaliste du magazine Actuel avait réédité l'expérience. Enfin, Canal+ a acheté les droits de l'émission américaine créée par la Fox, "Black and White", fondée sur le même principe d'un échange de race, pour mettre au point sa propre émission.
Une "accumulation de micro-vexations"
Selon Renaud Le Van Kim, d'origine asiatique, réalisateur de ce long documentaire (deux fois 100 minutes) avec Adrien Soland et Stéphanie Pelletier, le documentaire ne montre pas de comportements racistes flagrants mais plutôt une "accumulation de micro-vexations".
Comparant le racisme en France et aux Etats-Unis, il note qu'aux Etats-Unis, les Noirs ne sont pas considérés a priori comme étrangers, alors qu'en métropole, on les considère spontanément comme étrangers ou, tout au moins, originaires d'outre-mer.
Selon lui, même si la société n'est pas majoritairement raciste, "la somme des microcomportements, des microvexations, des microdiscriminations amène de nombreuses personnes noires à s'autocensurer, à se sentir inférieures".
Les caméras de Canal+ suivent donc les deux familles, tantôt grimées, tantôt non, en quête d'un emploi, d'un logement, ou en train de faire des achats. Le soir, autour d'une table, Blancs et Noirs échangent leurs impressions.
Laurent Richier très marqué
Renaud Le Van Kim a constaté que les volontaires ont beaucoup évolué au cours de l'expérience qui a duré un mois, souligne Renaud Le Van Kim. Laurent Richier, en particulier, discriminé à cause de sa surcharge pondérale quand il était jeune, se montre de plus en plus choqué par les vexations qu'il subit "dans la peau d'un Noir".
"Si ce film peut changer le idées de 10, 20 ou 30 personnes, je serais super heureux", conclut-il.
article du nouvel obs en date de début 2008
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Si la France cuvée 2007 se veut plus tolérante que l'Amérique ségrégationniste décrite par J. H. Griffin dans l'ouvrage éponyme paru en 1976, le documentaire Dans la peau d'un noir, diffusé mardi et mercredi sur Canal Plus, aborde sans ambiguïté la question du racisme en nous mettant face à nos responsabilités.
Quand on a aucun mal à trouver un appart' ou un boulot, quand on rentre en discothèque comme dans un moulin, quand on ne subit pas de regards accusateurs, quand les petits vieilles ne s'agrippent pas à leur sac à notre vue, quand les flics nous ignorent et que les commerçants nous répondent poliment, peut-on concrètement prendre conscience du racisme qui sévit en France ? Probablement pas. On le sait, mais on ne le ressent pas. Ce qui fait toute la différence.
Dans la peau d'un noir, Laurent, 40 ans, Stéphanie, 35 ans, et leur fils Jonathan, 16 ans, constatent, et nous avec, l'ampleur du problème. Des "micro-vexations" aux injustices majeures, ils font l'amère expérience de ce racisme quotidien que les statistiques traduisent mal et qui renvoie constamment les français de couleur à leur différence. Romuald, 41 ans, Ketty, 48 ans, et Audrey, 19 ans, les avaient pourtant prévenus. Mais le vivre, c'est autre chose. En plus, il ne faut pas répondre : "ça dessert la cause".
Dans la peau d'un blanc, la famille de noirs découvre de son côté le confort de sa nouvelle couleur. Pas besoin de se justifier, d'en faire plus que les autres pour prouver sa valeur ou de montrer patte blanche. La peur n'est plus là. L'amabilité du placeur de table et des passants des beaux quartiers n'en devient que plus insultante.
Le réalisateur Renaud Le Van Kim, lui-même d'origine asiatique, force parfois le trait en plaçant les personnages dans des situations extrêmes (visite d'un petit village de province ou des quartiers chics de Paris), mais son propos a le mérite de mettre la société face à ses contradictions. Peu importe si certains crieront à la "victimisation".
Dans la peau d'un Noir
Quand deux familles échangent leurs couleurs de peau sous l'?il des caméras de Canal Plus . Entre documentaire et spectaculaire
En 1959, pour dénoncer le racisme, l'écrivain blanc J. H. Griffin s'infligeait un traitement dermatologique à base d'UV et de mélanine et, ainsi noirci, traversait le sud des Etats-Unis à la rencontre de l'Amérique ségrégationniste. Près d'un demi-siècle plus tard, Canal Plus reprend le titre de son livre, Dans la peau d'un Noir, pour deux soirées documentaires exceptionnelles, les 30 et 31 janvier (à 20 h 50). Mais, cette fois, l'action a lieu de nos jours, en France.
Durant un mois, deux familles, l'une blanche, l'autre noire, ont accepté d'échanger leurs couleurs de peau pour se frotter à la discrimination et à leurs propres préjugés. Le miracle s'opère chaque matin au prix de quatre heures de maquillage par personne. Les protagonistes, réunis dans une maison de la banlieue parisienne, sont filmés, à l'extérieur, en caméra cachée. Les séquences s'enchaînent: sortie en boîte de nuit, entretien d'embauche, recherche d'appartement… Et le racisme, paré de ses atours quotidiens, se révèle aussi accablant que les cris de singe entendus dans certains stades de football.
Le réalisateur Renaud Le Van Kim a acheté les droits de l'émission auprès de la chaîne américaine Fox TV. Aux Etats-Unis, le show - car, là-bas, c'en est un - est classé à la rubrique télé-réalité. Le Van Kim, d'origine vietnamienne et qui, gamin, s'est souvent prétendu eurasien, «car, en France, on juge d'abord sur les origines», fait ce qu'il peut pour se démarquer du côté «gadget» d'un tel programme. Divers intervenants - sociologues, dirigeants associatifs, syndicaliste policier - attestent le sérieux de l'entreprise. Avec beaucoup d'infos et un peu de spectacle, Dans la peau d'un Noir crée un genre: l'émission métisse.
Article de l'express paru en décembre 2007
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"Dans la peau d'un Noir" :
2ème partie mercredi soir
Pour ce documentaire, une famille de Blancs a été soigneusement grimée en Noirs et une famille de Noirs en Blancs. L'idée est de montrer "ce qu'est le racisme au quotidien en France".
La deuxième partie du documentaire de Canal+ sur les problèmes de société, "Dans la peau d'un Noir", est diffusée mercredi 31 janvier. L'émission présente le quotidien d'une famille de Blancs soigneusement grimés en Noirs et d'une famille de Noirs en Blancs.
"On a voulu illustrer ce qu'est le racisme au quotidien en France", explique Rodolphe Belmer, directeur général délégué de la chaîne cryptée. La famille de Blancs est composée de Laurent Richier, 40 ans, son épouse Stéphanie, 35 ans, et leur fils Jonathan, 16 ans, celle de Noirs, de Romuald Berald, 41 ans, Antillais, sa compagne Ketty Sina, 48 ans, d'origine camerounaise, et la fille de cette dernière, Audrey Verges, 19 ans, métisse camerounaise et catalane.
En 1959, l'écrivain Blanc américain John Griffin s'était transformé en Noir à coup d'ultra-violet pour vivre pendant six semaines la vie d'un homme de couleur dans le sud des Etats-Unis. En France, un journaliste du magazine Actuel avait réédité l'expérience. Enfin, Canal+ a acheté les droits de l'émission américaine créée par la Fox, "Black and White", fondée sur le même principe d'un échange de race, pour mettre au point sa propre émission.
Une "accumulation de micro-vexations"
Selon Renaud Le Van Kim, d'origine asiatique, réalisateur de ce long documentaire (deux fois 100 minutes) avec Adrien Soland et Stéphanie Pelletier, le documentaire ne montre pas de comportements racistes flagrants mais plutôt une "accumulation de micro-vexations".
Comparant le racisme en France et aux Etats-Unis, il note qu'aux Etats-Unis, les Noirs ne sont pas considérés a priori comme étrangers, alors qu'en métropole, on les considère spontanément comme étrangers ou, tout au moins, originaires d'outre-mer.
Selon lui, même si la société n'est pas majoritairement raciste, "la somme des microcomportements, des microvexations, des microdiscriminations amène de nombreuses personnes noires à s'autocensurer, à se sentir inférieures".
Les caméras de Canal+ suivent donc les deux familles, tantôt grimées, tantôt non, en quête d'un emploi, d'un logement, ou en train de faire des achats. Le soir, autour d'une table, Blancs et Noirs échangent leurs impressions.
Laurent Richier très marqué
Renaud Le Van Kim a constaté que les volontaires ont beaucoup évolué au cours de l'expérience qui a duré un mois, souligne Renaud Le Van Kim. Laurent Richier, en particulier, discriminé à cause de sa surcharge pondérale quand il était jeune, se montre de plus en plus choqué par les vexations qu'il subit "dans la peau d'un Noir".
"Si ce film peut changer le idées de 10, 20 ou 30 personnes, je serais super heureux", conclut-il.
article du nouvel obs en date de début 2008
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Si la France cuvée 2007 se veut plus tolérante que l'Amérique ségrégationniste décrite par J. H. Griffin dans l'ouvrage éponyme paru en 1976, le documentaire Dans la peau d'un noir, diffusé mardi et mercredi sur Canal Plus, aborde sans ambiguïté la question du racisme en nous mettant face à nos responsabilités.
Quand on a aucun mal à trouver un appart' ou un boulot, quand on rentre en discothèque comme dans un moulin, quand on ne subit pas de regards accusateurs, quand les petits vieilles ne s'agrippent pas à leur sac à notre vue, quand les flics nous ignorent et que les commerçants nous répondent poliment, peut-on concrètement prendre conscience du racisme qui sévit en France ? Probablement pas. On le sait, mais on ne le ressent pas. Ce qui fait toute la différence.
Dans la peau d'un noir, Laurent, 40 ans, Stéphanie, 35 ans, et leur fils Jonathan, 16 ans, constatent, et nous avec, l'ampleur du problème. Des "micro-vexations" aux injustices majeures, ils font l'amère expérience de ce racisme quotidien que les statistiques traduisent mal et qui renvoie constamment les français de couleur à leur différence. Romuald, 41 ans, Ketty, 48 ans, et Audrey, 19 ans, les avaient pourtant prévenus. Mais le vivre, c'est autre chose. En plus, il ne faut pas répondre : "ça dessert la cause".
Dans la peau d'un blanc, la famille de noirs découvre de son côté le confort de sa nouvelle couleur. Pas besoin de se justifier, d'en faire plus que les autres pour prouver sa valeur ou de montrer patte blanche. La peur n'est plus là. L'amabilité du placeur de table et des passants des beaux quartiers n'en devient que plus insultante.
Le réalisateur Renaud Le Van Kim, lui-même d'origine asiatique, force parfois le trait en plaçant les personnages dans des situations extrêmes (visite d'un petit village de province ou des quartiers chics de Paris), mais son propos a le mérite de mettre la société face à ses contradictions. Peu importe si certains crieront à la "victimisation".
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Pinky,
Un tout tout grand à l'occasion de ce dont nous avions parlé.
Je vais farfouiller côté DVD ou à l'INA, peut-être
Un tout tout grand à l'occasion de ce dont nous avions parlé.
Je vais farfouiller côté DVD ou à l'INA, peut-être
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
c'est un plaisir Michel, bonne découverte
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Une autre bonne nouvelle pour les fans : Boris Vian entre dans "La Pléiade" ! Il s'en ficherait sans doute, mais c'est une reconnaissance et une consécration quand même.
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Mes impressions :
Monsieur Vian, plus je vous lis et plus j’ai envie de vous lire. Je découvre à chaque page une partie de vous. Une partie souvent peu lisse, souvent dérangeante mais une partie que j’ai de plus en plus envie de découvrir.
J’avais lu une autre version de J’irai cracher sur vos tombes, celle que Françoise d’Eaubonne avait faite à partir des travaux de Boris Vian. J’avais beaucoup aimé cette version mais je me rends compte qu’elle était très sage par rapport à celle de Boris Vian. Ils n’ont pas mis l’accent sur les mêmes points.
Ce qui m’étonne avec les livres de Boris Vian, c’est que je n’arrive jamais à détester ses personnages, même quand parfois ils dépassent les limites et de loin. Je trouve toujours une raison, une excuse à leur comportement.
Lee Anderson veut venger la mort de son frère tué par des blancs et cette soif de vengeance, cette haine le ronge tout au long du livre. Il met au point un plan pour pouvoir se venger comme il se doit. Là où il est touchant, c’est que parfois, tout n’est pas clair dans sa tête. Il a décidé de ce qu’il devait faire pour venger celui qu’il appelle « le gosse » mais on ne peut pas toujours aller contre ses sentiments, ses envies.
Sa tête et son corps donnent l’impression d’être le champ d’une bataille de divers sentiments où tout se bouscule sans cesse. D’un côté, c’est un homme pervers, vivant pour son propre plaisir, suivant ses envies comme bon lui semble mais d’un autre côté, c’est un homme rongé par la tristesse, par la colère d’avoir perdu un de ses frères. C’est un homme ambivalent et c’est exactement ce que j’ai ressenti face à ce personnage, de l’ambivalence. On a envie de l’aimer, de la comprendre mais ce qu’il fait parfois ne peut pas être excusé.
En tout cas, j’ai trouvé ce livre très fort avec des passages parfois dérangeants, surtout un je dois l’avouer. Ceux qui l’ont lu comprendront sûrement lequel. Mais c’est un livre qui m’a bousculé, comme souvent ses livres le font. Pas toujours de la même manière, mais souvent tout de même.
Monsieur Vian, plus je vous lis et plus j’ai envie de vous lire. Je découvre à chaque page une partie de vous. Une partie souvent peu lisse, souvent dérangeante mais une partie que j’ai de plus en plus envie de découvrir.
J’avais lu une autre version de J’irai cracher sur vos tombes, celle que Françoise d’Eaubonne avait faite à partir des travaux de Boris Vian. J’avais beaucoup aimé cette version mais je me rends compte qu’elle était très sage par rapport à celle de Boris Vian. Ils n’ont pas mis l’accent sur les mêmes points.
Ce qui m’étonne avec les livres de Boris Vian, c’est que je n’arrive jamais à détester ses personnages, même quand parfois ils dépassent les limites et de loin. Je trouve toujours une raison, une excuse à leur comportement.
Lee Anderson veut venger la mort de son frère tué par des blancs et cette soif de vengeance, cette haine le ronge tout au long du livre. Il met au point un plan pour pouvoir se venger comme il se doit. Là où il est touchant, c’est que parfois, tout n’est pas clair dans sa tête. Il a décidé de ce qu’il devait faire pour venger celui qu’il appelle « le gosse » mais on ne peut pas toujours aller contre ses sentiments, ses envies.
Sa tête et son corps donnent l’impression d’être le champ d’une bataille de divers sentiments où tout se bouscule sans cesse. D’un côté, c’est un homme pervers, vivant pour son propre plaisir, suivant ses envies comme bon lui semble mais d’un autre côté, c’est un homme rongé par la tristesse, par la colère d’avoir perdu un de ses frères. C’est un homme ambivalent et c’est exactement ce que j’ai ressenti face à ce personnage, de l’ambivalence. On a envie de l’aimer, de la comprendre mais ce qu’il fait parfois ne peut pas être excusé.
En tout cas, j’ai trouvé ce livre très fort avec des passages parfois dérangeants, surtout un je dois l’avouer. Ceux qui l’ont lu comprendront sûrement lequel. Mais c’est un livre qui m’a bousculé, comme souvent ses livres le font. Pas toujours de la même manière, mais souvent tout de même.
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
merci Voyager-en-lecture pour ces impressions merveilleuses
Pinky- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Pinky a écrit:merci Voyager-en-lecture pour ces impressions merveilleuses
C'est gentil
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Nephtys a écrit:
FrançoisG, c'était une façon de parler Je lirai Bukowski à l'occasion, jusque là l'auteur est pour moi inconnu.
Content de te le faire découvrir... C'est bien l'objet de ce forum .
Invité- Invité
Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Comme cela a été écrit plusieurs fois, on reconnait bien le style de Boris Vian dans ce livre.
Malgré tout, il est dans la lignée des livres qu'il a publié sous le pseudonyme de "Vernon Sullivan", avec une écriture beaucoup plus crue et des thèmes plus sombres.
Ici, il s'agit de la cause des noirs américains dans les années 50.
Malgré tout, il est dans la lignée des livres qu'il a publié sous le pseudonyme de "Vernon Sullivan", avec une écriture beaucoup plus crue et des thèmes plus sombres.
Ici, il s'agit de la cause des noirs américains dans les années 50.
Jp- Apprenti
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Re: [Vian, Boris] J'irai cracher sur vos tombes
Woland a écrit:Je l'ai fini il y a quelques jours et j'ai bien aimé (comme tous les Vian que j'ai pu lire d'ailleurs). Même si l'ambiance est assez malsaine et que le personnage principal pourrait rebuter notamment à cause de sa vengeance, on parvient à l'apprécier et à souhaiter que tout finisse bien pour lui.
En effet, et c'est là aussi que l'on trouve toute l'efficacité de l'auteur. Comment peut-on apprécié un type avec autant de rancoeur et ausi peu de moralité? Je ne sais pas ce que tu en penses, mais pour moi, ce sont les qelques rares phrases dans lesquelles il aborde le sujet de son jeune frère qui font la différence. Ces quelques minces passages sont les seuls du livre ou le vocabulaire et les tournures de phrases respirent la tendresse et l'affection. Mais, si elles sont rares, elles n'en sont pas moins efficaces, puisqu'elles révèlent le bon côté du narrateur. On en vient à se demander quel homme il serait sans cet incident.
Nephtys- Grand expert du forum
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