[Kundera, Milan] L'immortalité
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[Kundera, Milan] L'immortalité
Auteur : Milan Kundera
Editeur : Folio
Collection : Poche
Nombre de pages : 533
Quatrième de couverture :
Première partie : Le visage
Deuxième partie : L'immortalité
Troisième partie : La lutte : Les soeurs. Les lunettes noires. Le corps. L'addition et la soustraction. La femme plus âgée, l'homme plus jeune. Le onzième commandement. L'imagologie. Le brillant allié de ses fossoyeurs. L'âne intégral. La chatte. Le geste de protestation contre les atteintes aux droits de l'homme. Être absolument moderne. Être victime de sa gloire. La lutte. Le professeur Avenarius. Le corps. Le geste du désir d'immortalité. L'ambiguïté. La voyante. Le suicide. Les lunettes noires.
Quatrième partie : Homo sentimentalis
Cinquième partie : Le hasard
Sixième partie : Le cadran
Septième partie : La célébration
Mon avis :
Milan Kundera fait sans aucun doute parti de mes auteurs favoris et ce roman est, à mon sens, une de ses plus grandes réussites (J'avais déjà beaucoup apprécié L'insoutenable légèreté de l'être, La valse aux adieux, ou encore Risibles amours...).
Je ne pense pas que ce genre de livre s'adresse à tout type de lecteurs, ou plus exactement qu'il faille le lire de manière classique, linéaire, en s'attendant à une histoire principale, qui nous guide et nous dirige tout au long du livre. La structure du roman est remarquable. On pourrait parler de roman chorale où plusieurs personnages se croisent, où des trajectoires se rejoignent, se séparent, se recoupent, mais où toutes apportent un éclairage aux autres, se répondent mutuellement ou sont des variations d'un même thème. François Ricard lui parlera de roman-chemin, chemin où l'on prend son temps, où l'on se ballade d'une histoire à l'autre, où l'on prend le temps de la réflexion, de la méditation, une ballade, dont on ne sait pas où elle nous mènera.
Kundera dit lui-même qu’il regrette que presque tous les romans obéissent à la règle de l’unité d’action qui mène droit au dénouement final… Pour lui, un roman «ne doit pas ressembler à une course cycliste, mais à un banquet où l’on passe quantité de plats»…
Une fois de plus Kundera nous gratifie de nombreux aphorismes, de nombreuses réflexions précises, chirurgicales et brillantes sur de nombreux sujets (le rapport au corps, à l'image, le moi, l'identité, la mort, la postérité, les gestes, le visage...). Il a la faculté de dire des choses complexes et profondes avec des mots simples. C'est là à mon avis que se confine tout son génie.
C'est un roman qui touche plus votre esprit et votre cerveau que votre cœur. Dénué d'affectivité, ce n'est pas un livre que l'on ressent dans sa chair, qui va nous toucher émotionnellement. Il fait plus souvent appel à notre raisonnement et à nos neurones.
Livre brillant. Un roman miroir qui se découpe en sept parties, comme souvent avec Kundera. J'ai particulièrement apprécié la partie n°6.
Livre remarquable, que je conseille vraiment, à tout le monde mais peut être plus à un public averti. Si l'on s'attend à un roman classique et traditionnel on risque d'être déçu, sinon on peut s'attendre à démarrer une belle ballade.. A quand le Nobel pour cet auteur, qui assurément fait partie des grands ?
10/10
Quelques citations au passage:
- Le souci de sa propre image, voilà l'incorrigible immaturité de l'homme.
- ... au fond, que signifie «être utile»? La somme de l'utilité de tous les humains de tous les temps se trouve entièrement contenue dans le monde tel qu'il est aujourd'hui. Par conséquent: rien de plus moral que d'être inutile.
- Elle demanda donc à son père s'il lui arrivait de prier. Il dit : "Autant prier Edison quand une ampoule grille."
- Je pense, donc je suis est un propos d'intellectuel qui sous-estime les maux de dents. Je sens, donc je suis est une vérité de portée beaucoup plus générale et qui concerne tout être vivant. [...] Le fondement du moi n'est pas la pensée mais la souffrance, sentiment le plus élémentaire de tous. Dans la souffrance, même un chat ne peut douter de son moi unique et non interchangeable. Quand la souffrance se fait aiguë, le monde s'évanouit et chacun de nous reste seul avec lui-même. La souffrance est la Grande École de l'égocentrisme.
- Oubliez un instant que vous êtes américain et faites travailler votre cerveau..
- Chemin : bande de terre sur laquelle on marche à pied. La route se distingue du chemin non seulement parce qu'on la parcourt en voiture, mais en ce qu'elle est une simple ligne reliant un point à un autre. La route n'a par elle-même aucun sens ; seuls en ont un les deux points qu'elle relie. Le chemin est un hommage à l'espace. Chaque tronçon du chemin est en lui-même doté d'un sens et nous invite à la halte. La route est une triomphale dévalorisation de l'espace, qui aujourd'hui n'est plus rien d'autre qu'une entrave aux mouvements de l'homme, une perte de temps.
- La honte n'a pas pour fondement une faute que nous aurions commise, mais l'humiliation que nous éprouvons à être ce que nous sommes sans l'avoir choisi, et la sensation insupportable que cette humiliation est visible de partout.
Editeur : Folio
Collection : Poche
Nombre de pages : 533
Quatrième de couverture :
Première partie : Le visage
Deuxième partie : L'immortalité
Troisième partie : La lutte : Les soeurs. Les lunettes noires. Le corps. L'addition et la soustraction. La femme plus âgée, l'homme plus jeune. Le onzième commandement. L'imagologie. Le brillant allié de ses fossoyeurs. L'âne intégral. La chatte. Le geste de protestation contre les atteintes aux droits de l'homme. Être absolument moderne. Être victime de sa gloire. La lutte. Le professeur Avenarius. Le corps. Le geste du désir d'immortalité. L'ambiguïté. La voyante. Le suicide. Les lunettes noires.
Quatrième partie : Homo sentimentalis
Cinquième partie : Le hasard
Sixième partie : Le cadran
Septième partie : La célébration
Mon avis :
Milan Kundera fait sans aucun doute parti de mes auteurs favoris et ce roman est, à mon sens, une de ses plus grandes réussites (J'avais déjà beaucoup apprécié L'insoutenable légèreté de l'être, La valse aux adieux, ou encore Risibles amours...).
Je ne pense pas que ce genre de livre s'adresse à tout type de lecteurs, ou plus exactement qu'il faille le lire de manière classique, linéaire, en s'attendant à une histoire principale, qui nous guide et nous dirige tout au long du livre. La structure du roman est remarquable. On pourrait parler de roman chorale où plusieurs personnages se croisent, où des trajectoires se rejoignent, se séparent, se recoupent, mais où toutes apportent un éclairage aux autres, se répondent mutuellement ou sont des variations d'un même thème. François Ricard lui parlera de roman-chemin, chemin où l'on prend son temps, où l'on se ballade d'une histoire à l'autre, où l'on prend le temps de la réflexion, de la méditation, une ballade, dont on ne sait pas où elle nous mènera.
Kundera dit lui-même qu’il regrette que presque tous les romans obéissent à la règle de l’unité d’action qui mène droit au dénouement final… Pour lui, un roman «ne doit pas ressembler à une course cycliste, mais à un banquet où l’on passe quantité de plats»…
Une fois de plus Kundera nous gratifie de nombreux aphorismes, de nombreuses réflexions précises, chirurgicales et brillantes sur de nombreux sujets (le rapport au corps, à l'image, le moi, l'identité, la mort, la postérité, les gestes, le visage...). Il a la faculté de dire des choses complexes et profondes avec des mots simples. C'est là à mon avis que se confine tout son génie.
C'est un roman qui touche plus votre esprit et votre cerveau que votre cœur. Dénué d'affectivité, ce n'est pas un livre que l'on ressent dans sa chair, qui va nous toucher émotionnellement. Il fait plus souvent appel à notre raisonnement et à nos neurones.
Livre brillant. Un roman miroir qui se découpe en sept parties, comme souvent avec Kundera. J'ai particulièrement apprécié la partie n°6.
Livre remarquable, que je conseille vraiment, à tout le monde mais peut être plus à un public averti. Si l'on s'attend à un roman classique et traditionnel on risque d'être déçu, sinon on peut s'attendre à démarrer une belle ballade.. A quand le Nobel pour cet auteur, qui assurément fait partie des grands ?
10/10
Quelques citations au passage:
- Le souci de sa propre image, voilà l'incorrigible immaturité de l'homme.
- ... au fond, que signifie «être utile»? La somme de l'utilité de tous les humains de tous les temps se trouve entièrement contenue dans le monde tel qu'il est aujourd'hui. Par conséquent: rien de plus moral que d'être inutile.
- Elle demanda donc à son père s'il lui arrivait de prier. Il dit : "Autant prier Edison quand une ampoule grille."
- Je pense, donc je suis est un propos d'intellectuel qui sous-estime les maux de dents. Je sens, donc je suis est une vérité de portée beaucoup plus générale et qui concerne tout être vivant. [...] Le fondement du moi n'est pas la pensée mais la souffrance, sentiment le plus élémentaire de tous. Dans la souffrance, même un chat ne peut douter de son moi unique et non interchangeable. Quand la souffrance se fait aiguë, le monde s'évanouit et chacun de nous reste seul avec lui-même. La souffrance est la Grande École de l'égocentrisme.
- Oubliez un instant que vous êtes américain et faites travailler votre cerveau..
- Chemin : bande de terre sur laquelle on marche à pied. La route se distingue du chemin non seulement parce qu'on la parcourt en voiture, mais en ce qu'elle est une simple ligne reliant un point à un autre. La route n'a par elle-même aucun sens ; seuls en ont un les deux points qu'elle relie. Le chemin est un hommage à l'espace. Chaque tronçon du chemin est en lui-même doté d'un sens et nous invite à la halte. La route est une triomphale dévalorisation de l'espace, qui aujourd'hui n'est plus rien d'autre qu'une entrave aux mouvements de l'homme, une perte de temps.
- La honte n'a pas pour fondement une faute que nous aurions commise, mais l'humiliation que nous éprouvons à être ce que nous sommes sans l'avoir choisi, et la sensation insupportable que cette humiliation est visible de partout.
Sarfre- Grand expert du forum
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Nombre de messages : 505
Age : 48
Localisation : Metz
Emploi/loisirs : Informatique
Genre littéraire préféré : Romans classiques, contemporains; Sciences humaines; Fantasy; Policier, Thriller.
Date d'inscription : 14/01/2011
Re: [Kundera, Milan] L'immortalité
Superbe critique Sarfre, je vais schtroumpfer ton livre
Je n'ai encore jamais lu Kundera tout en le connaissant évidemment, je crois que c'est une belle occasion.
Je n'ai encore jamais lu Kundera tout en le connaissant évidemment, je crois que c'est une belle occasion.
Invité- Invité
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