[Vargas Llosa, Mario] Le paradis - un peu plus loin
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Votre avis sur "Le Paradis - un peu plus loin"
[Vargas Llosa, Mario] Le paradis - un peu plus loin
Genre : Roman
Editions : Gallimard - Collection Folio
ISBN : 978-2-07-042929-5
600 pages
Quatrième de couverture :
Le 7 avril 1803 naît à Paris la militante féministe et ouvriériste Flora Tristan. Un siècle plus tard, le 8 mai 1903, son petit-fils, Paul Gauguin, meurt seul et presque aveugle dans son faré des îles Marquises.
Sous la plume de Mario Vargas Llosa, Flora Tristan et Paul Gauguin deviennent Florita l'Andalouse et Koké le Maori, deux êtres libertaires, passionnés, profondément humains, hantés par une quête de l'absolu qui donne à leur vie une dimension tragique, et qui vécurent l’enfer pour avoir désespérément voulu bâtir le Paradis.
A travers les destins croisés d’une militante et d’un artiste, Mario Vargas Llosa évoque, dans un roman à la construction magistrale, les grandes utopies politiques et artistiques des temps modernes.
Mon avis : Sous la plume de Mario Vargas Llosa, Flora Tristan et Paul Gauguin deviennent Florita l'Andalouse et Koké le Maori, deux êtres libertaires, passionnés, profondément humains, hantés par une quête de l'absolu qui donne à leur vie une dimension tragique, et qui vécurent l’enfer pour avoir désespérément voulu bâtir le Paradis.
A travers les destins croisés d’une militante et d’un artiste, Mario Vargas Llosa évoque, dans un roman à la construction magistrale, les grandes utopies politiques et artistiques des temps modernes.
Ce livre est d’abord une rencontre. Rencontre du lecteur avec deux personnalités puissantes, Flora Tristan et Paul Gauguin. Rencontre également entre deux êtres liés par le sang mais surtout par la recherche effrénée d’un Paradis - toujours un peu plus loin - recherche qui prendra pour chacun un visage différent et tragique.
Au fil des premiers chapitres, à l’instant choisi par l’auteur pour nous les présenter, rien ne semble pourtant rapprocher ces deux personnages. Même les liens du sang, pour l’heure, sont tus.
Flora Tristan a fui un mari grossier et brutal, dont les appétits l’ont profondément dégoûtée du sexe. Elle milite avec ferveur pour les causes ouvrière et féministe, malgré une santé fragile et des douleurs constantes. Paul Gauguin, encore dans la force de l’âge, partage son faré avec ses toiles, ses sculptures, et une jeune vahiné de treize ans achetée peu après son arrivé à Tahiti, île de tous ses fantasmes, bien loin de l’Occident où il a abandonné femme et enfants.
Difficile de ressentir de la compassion pour le peintre, jouisseur impénitent et égoïste, en regard de cette femme meurtrie, victime d’une société où le mâle - père, tuteur, époux - est roi. Pourtant, de ces ébauches vont naître des portraits de plus en plus nuancés, de plus en plus humains, de plus en plus touchants, de plus en plus proches.
Si Flora Tristan, la militante, paraît bien éloignée de Paul Gauguin, le sauvage, Florita l’Andalouse et Koké le Maori vont se rapprocher au fil des pages. Tous deux fuyant leur milieu bourgeois - l’une pour échapper au carcan conjugal, l’autre pour vivre pleinement sa passion de la peinture - ils vont découvrir au bout du monde - le Pérou, Tahiti - une nouvelle raison de s’indigner, de lutter, chacun à sa façon. Flora, confrontée dans sa propre famille à la misère des esclaves, des serviteurs, des ouvriers, face à la richesse insolente des bourgeois et des propriétaires terriens, décide de combattre cette oppression par l’écriture, par la parole, par l’engagement politique et social. Paul, témoin de la mort de la culture maorie, innocence corrompue par le mercantilisme, l’alcool, la morale rigide des occidentaux, lutte en fixant sur ses toiles, dans ses sculptures, les mahu - hommes-femmes -, les tupapau - revenants -, toutes ces croyances et rites millénaires sur le point de disparaître.
Tous deux vont se consacrer à leur cause jusqu’à leur dernier souffle, y sacrifiant leur famille, leurs amis. Tous deux vont s’éteindre jeunes, minés par la maladie - les suites d’une blessure par balle infligée par son époux pour Flora Tristan, la syphilis pour Paul Gauguin.
Cette rencontre, cette biographie double, est mise en scène par l’écriture inimitable de Mario Vargas Llosa, avec ses phrases interminables et savoureuses typiques des écrivains sud-américains et qui demandent, je l’admets, un temps d’accoutumance. L’alternance fréquente, et brutale, entre narration classique à la troisième personne et monologues intimes à la première personne, d’abord un peu rebutante, immerge finalement le lecteur dans les pensées, les hésitations, les peurs, les convictions, de ces héros atypiques et grandioses.
Une œuvre engagée, qui n'échappe au coup de cœur qu'en raison de quelques longueurs à mi parcours. Deux personnages fascinants.
A découvrir sans hésitation.
Invité- Invité
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