[Tchekhov, Anton] Oncle Vania
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[Tchekhov, Anton] Oncle Vania
[Tchekhov, Anton] Oncle Vania
[Tchekhov, Anton]
Oncle Vania Babel 2001 Théâtre
ISBN978-2-7427-3640-9
136 pages
Présentation de l'éditeur
Le vieux professeur Sérébriakov est venu se retirer à la campagne, dans la maison de sa première épouse. Cette arrivée perturbe la vie paisible de Sonia, la fille du professeur, et d'oncle Vania, qui à eux deux exploitent tant bien que mal le domaine. D'autant que l'attention des proches, y compris celle de Vania, se cristallise bientôt sur Eléna, la seconde et très désirable épouse. Dans ce drame, la capacité de Tchekhov à reproduire des atmosphères, sa langue même signalent l'essentiel : que la beauté vient de la simplicité et que les personnages puisent dans le quotidien, même trivial et résigné, le sens de leur existence.
Mon avis
Cette pièce de théâtre ne fut créée au Théâtre d'Art à Moscou que le 26 octobre 1899, elle raconte le séjour d’été du professeur Sérébriakov et de son épouse Elèna chez Yvan Voïnitski (Oncle Vania). Mais au cours de leur séjour, le professeur perd toutes ses illusions sur les qualités humaines et charitables d’Oncle Vania, ce qui le rend amer et irrascible. Je vous présente les personnages de la pièce…
• Alexandre Vladimirovitch Sérébriakov : professeur à la retraite ;
• Éléna Andréevna : sa femme, 27 ans ;
• Sophia Alexandrovna (Sonia) : fille d'un premier lit de Sérébriakov ;
• Maria Vassilievna Voïnitzika : veuve, mère de la première femme du professeur ;
• Ivan Petrovitch Voïnitzki : son fils ;
• Mikhaïl Lvovitch Astrov : médecin ;
• Ilia Ilitch Téléguine : propriétaire terrien ruiné ;
• Marina : une vieille nourrice ;
• Un valet de ferme
Tous ces personnages sont touchants par leur complexité, leurs défauts, leurs souffrances et leurs qualités. On devine la beauté d’Elèna, amoureuse du docteur Astrov, surtout elle s’ennuie au domaine. C’est la première fois que je lis une pièce de théâtre et je dois dire que cela m’a vraiment amusée. J’ai aussi apprécié l’ajout à la fin du livre, d’extraits de correspondance et de témoignages rassemblés dans l’Edition académique russe des Œuvres complètes de Tchekhov. Une lecture qui m’a fait passer un bon moment. 4,5/5
Oncle Vania Babel 2001 Théâtre
ISBN978-2-7427-3640-9
136 pages
Présentation de l'éditeur
Le vieux professeur Sérébriakov est venu se retirer à la campagne, dans la maison de sa première épouse. Cette arrivée perturbe la vie paisible de Sonia, la fille du professeur, et d'oncle Vania, qui à eux deux exploitent tant bien que mal le domaine. D'autant que l'attention des proches, y compris celle de Vania, se cristallise bientôt sur Eléna, la seconde et très désirable épouse. Dans ce drame, la capacité de Tchekhov à reproduire des atmosphères, sa langue même signalent l'essentiel : que la beauté vient de la simplicité et que les personnages puisent dans le quotidien, même trivial et résigné, le sens de leur existence.
Mon avis
Cette pièce de théâtre ne fut créée au Théâtre d'Art à Moscou que le 26 octobre 1899, elle raconte le séjour d’été du professeur Sérébriakov et de son épouse Elèna chez Yvan Voïnitski (Oncle Vania). Mais au cours de leur séjour, le professeur perd toutes ses illusions sur les qualités humaines et charitables d’Oncle Vania, ce qui le rend amer et irrascible. Je vous présente les personnages de la pièce…
• Alexandre Vladimirovitch Sérébriakov : professeur à la retraite ;
• Éléna Andréevna : sa femme, 27 ans ;
• Sophia Alexandrovna (Sonia) : fille d'un premier lit de Sérébriakov ;
• Maria Vassilievna Voïnitzika : veuve, mère de la première femme du professeur ;
• Ivan Petrovitch Voïnitzki : son fils ;
• Mikhaïl Lvovitch Astrov : médecin ;
• Ilia Ilitch Téléguine : propriétaire terrien ruiné ;
• Marina : une vieille nourrice ;
• Un valet de ferme
Tous ces personnages sont touchants par leur complexité, leurs défauts, leurs souffrances et leurs qualités. On devine la beauté d’Elèna, amoureuse du docteur Astrov, surtout elle s’ennuie au domaine. C’est la première fois que je lis une pièce de théâtre et je dois dire que cela m’a vraiment amusée. J’ai aussi apprécié l’ajout à la fin du livre, d’extraits de correspondance et de témoignages rassemblés dans l’Edition académique russe des Œuvres complètes de Tchekhov. Une lecture qui m’a fait passer un bon moment. 4,5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
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Re: [Tchekhov, Anton] Oncle Vania
Non, non pas de pièce de théatre pour moi ! Je résiste malgré ton avis Lalyre !
marie do- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : Assez varié : thriller, roman historique, contemporain, bd .....
Date d'inscription : 01/03/2012
Re: [Tchekhov, Anton] Oncle Vania
merci Lalyre pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Tchekhov, Anton] Oncle Vania
Je viens ajouter mon avis à la suite de celui de @lalyre : cette pièce est la seconde de Tchékhov que je lis, après La Mouette, dans un volume d'oeuvres complètes comportant quatre pièces, traduites par l'écrivain d'origine russe Elsa Triolet.
J'ai apprécié cette pièce encore un peu plus que La Mouette car, si on y retrouve l'oisiveté des personnages, cette oisiveté devient un motif plus existentiel, et même plus social. C'était du reste une pièce appréciée par Lénine, comme nous l'apprend un extrait de Dramaturgie de Tchékhov de Vladimir Ermilov, en introduction.
J'ai bel et bien constaté une forte coloration sociale dans cette pièce, car l'oisiveté et le comportement égotiste, aussi bien du savant Alexandre Serebriakov que de sa jeune et seconde épouse Elena, très belle mais très oisive, sont contrebalancés par l'activité et le sens du sacrifice d'Ivan Voinitzky (l'oncle Vania, beau-frère du professeur Serebriakov - frère de sa première épouse) et de sa nièce Sophia - ou Sonia - pour faire fructifier la grosse ferme et envoyer l'argent à Serebriakov, en en gardant bien peu pour eux.
Sophia reprend gentiment sa belle-mère, qui se plaint d'un terrible ennui, en lui conseillant d'éduquer et de soigner les moujiks, ce à quoi Elena rétorque qu'elle n'en voit pas l'intérêt (!!). On voit clairement que, pour Sonia, quand on se soucie des autres, on trouve toujours à s'occuper.
D'un point de vue existentiel, il est un peu terrible de constater que les personnes bonnes, qui ont une certaine dose d'altruisme, sont en quelque sorte "perdues pour leur vie" : Vania est aigri par la conscience qu'il a acquise de la nullité de son beau-frère, et choqué par le peu de cas que celui-ci fait de leur vie à tous, en proposant de vendre la propriété. Il est, de plus, amoureux d'Elena, qui n'a guère de considération pour lui. Sonia est une jeune femme accomplie, intelligente, sensible et travailleuse, qui ferait une très bonne épouse pour celui qu'elle aime, Mikhaïl Astrov, qui a la quarantaine mais reste séduisant, et dont elle partage les valeurs et le bon sens - seulement ce dernier ne la voit pas, attiré qu'il est par la beauté d'Elena comme un papillon par la lumière, sans pourtant se faire d'illusions sur elle (il la compare à une fouine, en lui prêtant une nature carnassière). Astrov lui-même jugule sa sensibilité en buvant de la vodka à longueur de temps. De l'autre côté, Sonia se croit laide, se dévalorise, elle est prête à renoncer à de meilleures perspectives pour elle.
Au contraire, Serebriakov et Elena s'en tirent plutôt bien : leur superficialité fait que les désirs et les espoirs des autres personnages, dans une sorte de dépendance malsaine, convergent vers eux, tous deux cristallisent leur besoin de croire en l'homme, en la bonté et en la grandeur, mais ces sentiments et aspirations leur glissent dessus sans les faire changer en rien, ni se remettre en question. Si ce n'est qu'on peut supposer que leur vie sera toujours aussi vide par la suite...
Quant aux autres personnages, la mère de Vania, Maria Voinitzkaïa, ou encore Ilia Teleguine, il me semble qu'ils sont là pour fournir un contrepoint un peu comique, comme le feraient des valets de comédie, et leur attitude admirative envers Serebriakov fait ressortir par leur naïveté la lucidité grandissante de Vania. La vieille nourrice Marina représente plutôt la sagesse populaire, et intervient plus à point nommé, mais elle reste relativement effacée.
Bref, la vie n'est pas tendre pour les personnages de Tchekhov, et, d'un point de vue dramatique, la tension monte à mesure que Vania prend conscience du caractère mesquin et futile de ceux qu'il croyait ses bienfaiteurs. Il est vrai que, depuis qu'ils sont là, plus rien ne marche droit, les horaires sont décalés, et tout le monde par contagion devient paresseux...
J'ai aussi été surprise par les paroles engagées d'Astrov à propos de l'action destructrice de l'homme sur les forêts (la passion du médecin) :
"Les forêts russes gémissent sous la hache, des milliards d'arbres périssent, les gîtes des bêtes, les nids des oiseaux se vident, les rivières s'ensablent et se dessèchent, des paysages ravissants disparaissent pour toujours, et tout cela parce que l'homme est paresseux et qu'il n'a pas assez de sens commun pour se baisser et ramasser le combustible. (...) L'homme est doué d'une raison et d'une force créatrice, pour multiplier ce qui lui a été donné, mais jusqu'ici, il n'a pas encore créé, il n'a que détruit. Il y a de moins en moins de forêts, les rivières se dessèchent, le gibier a disparu, le climat est plus rude et la terre s'appauvrit et s'enlaidit de jour en jour." (acte I)
La pièce a été publiée en 1897...
Je me demande d'ailleurs a posteriori pourquoi j'ai voté "beaucoup apprécié" et non "coup de coeur" : ça n'est pas loin d'un coup de coeur, mais je crois que je suis un peu perdue dans la construction en 4 actes ; j'ai par ailleurs lu beaucoup de pièces classiques du répertoire français, j'ai eu dans ma jeunesse une vraie passion pour Racine... Je suis peut-être trop habituée à la rigoureuse construction classique. Le manque d'unité de temps et de lieu m'a dérangée dans La Mouette, ici l'unité est plus marquée. Je dirais que Tchékhov est un maître dans les ambiances et les relations qui font émerger la complexité des personnages, mais l'ensemble reste pour moi un peu flou, je n'arrive pas à en profiter complètement, même si je suis sûre de garder en tête l'atmosphère si russe de ses pièces, et certaines impressions marquantes.
En tout cas, ça me confirme dans ma décision de me remettre à lire du théâtre, car ça se lit vraiment aussi facilement qu'un roman.
J'ai apprécié cette pièce encore un peu plus que La Mouette car, si on y retrouve l'oisiveté des personnages, cette oisiveté devient un motif plus existentiel, et même plus social. C'était du reste une pièce appréciée par Lénine, comme nous l'apprend un extrait de Dramaturgie de Tchékhov de Vladimir Ermilov, en introduction.
J'ai bel et bien constaté une forte coloration sociale dans cette pièce, car l'oisiveté et le comportement égotiste, aussi bien du savant Alexandre Serebriakov que de sa jeune et seconde épouse Elena, très belle mais très oisive, sont contrebalancés par l'activité et le sens du sacrifice d'Ivan Voinitzky (l'oncle Vania, beau-frère du professeur Serebriakov - frère de sa première épouse) et de sa nièce Sophia - ou Sonia - pour faire fructifier la grosse ferme et envoyer l'argent à Serebriakov, en en gardant bien peu pour eux.
Sophia reprend gentiment sa belle-mère, qui se plaint d'un terrible ennui, en lui conseillant d'éduquer et de soigner les moujiks, ce à quoi Elena rétorque qu'elle n'en voit pas l'intérêt (!!). On voit clairement que, pour Sonia, quand on se soucie des autres, on trouve toujours à s'occuper.
D'un point de vue existentiel, il est un peu terrible de constater que les personnes bonnes, qui ont une certaine dose d'altruisme, sont en quelque sorte "perdues pour leur vie" : Vania est aigri par la conscience qu'il a acquise de la nullité de son beau-frère, et choqué par le peu de cas que celui-ci fait de leur vie à tous, en proposant de vendre la propriété. Il est, de plus, amoureux d'Elena, qui n'a guère de considération pour lui. Sonia est une jeune femme accomplie, intelligente, sensible et travailleuse, qui ferait une très bonne épouse pour celui qu'elle aime, Mikhaïl Astrov, qui a la quarantaine mais reste séduisant, et dont elle partage les valeurs et le bon sens - seulement ce dernier ne la voit pas, attiré qu'il est par la beauté d'Elena comme un papillon par la lumière, sans pourtant se faire d'illusions sur elle (il la compare à une fouine, en lui prêtant une nature carnassière). Astrov lui-même jugule sa sensibilité en buvant de la vodka à longueur de temps. De l'autre côté, Sonia se croit laide, se dévalorise, elle est prête à renoncer à de meilleures perspectives pour elle.
Au contraire, Serebriakov et Elena s'en tirent plutôt bien : leur superficialité fait que les désirs et les espoirs des autres personnages, dans une sorte de dépendance malsaine, convergent vers eux, tous deux cristallisent leur besoin de croire en l'homme, en la bonté et en la grandeur, mais ces sentiments et aspirations leur glissent dessus sans les faire changer en rien, ni se remettre en question. Si ce n'est qu'on peut supposer que leur vie sera toujours aussi vide par la suite...
Quant aux autres personnages, la mère de Vania, Maria Voinitzkaïa, ou encore Ilia Teleguine, il me semble qu'ils sont là pour fournir un contrepoint un peu comique, comme le feraient des valets de comédie, et leur attitude admirative envers Serebriakov fait ressortir par leur naïveté la lucidité grandissante de Vania. La vieille nourrice Marina représente plutôt la sagesse populaire, et intervient plus à point nommé, mais elle reste relativement effacée.
Bref, la vie n'est pas tendre pour les personnages de Tchekhov, et, d'un point de vue dramatique, la tension monte à mesure que Vania prend conscience du caractère mesquin et futile de ceux qu'il croyait ses bienfaiteurs. Il est vrai que, depuis qu'ils sont là, plus rien ne marche droit, les horaires sont décalés, et tout le monde par contagion devient paresseux...
J'ai aussi été surprise par les paroles engagées d'Astrov à propos de l'action destructrice de l'homme sur les forêts (la passion du médecin) :
"Les forêts russes gémissent sous la hache, des milliards d'arbres périssent, les gîtes des bêtes, les nids des oiseaux se vident, les rivières s'ensablent et se dessèchent, des paysages ravissants disparaissent pour toujours, et tout cela parce que l'homme est paresseux et qu'il n'a pas assez de sens commun pour se baisser et ramasser le combustible. (...) L'homme est doué d'une raison et d'une force créatrice, pour multiplier ce qui lui a été donné, mais jusqu'ici, il n'a pas encore créé, il n'a que détruit. Il y a de moins en moins de forêts, les rivières se dessèchent, le gibier a disparu, le climat est plus rude et la terre s'appauvrit et s'enlaidit de jour en jour." (acte I)
La pièce a été publiée en 1897...
Je me demande d'ailleurs a posteriori pourquoi j'ai voté "beaucoup apprécié" et non "coup de coeur" : ça n'est pas loin d'un coup de coeur, mais je crois que je suis un peu perdue dans la construction en 4 actes ; j'ai par ailleurs lu beaucoup de pièces classiques du répertoire français, j'ai eu dans ma jeunesse une vraie passion pour Racine... Je suis peut-être trop habituée à la rigoureuse construction classique. Le manque d'unité de temps et de lieu m'a dérangée dans La Mouette, ici l'unité est plus marquée. Je dirais que Tchékhov est un maître dans les ambiances et les relations qui font émerger la complexité des personnages, mais l'ensemble reste pour moi un peu flou, je n'arrive pas à en profiter complètement, même si je suis sûre de garder en tête l'atmosphère si russe de ses pièces, et certaines impressions marquantes.
En tout cas, ça me confirme dans ma décision de me remettre à lire du théâtre, car ça se lit vraiment aussi facilement qu'un roman.
elea2020- Grand sage du forum
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Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
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