[Thuy, Kim] Ru

Ru

Auteur : Kim Thuy

L’auteur a quitté le Vietnam avec d’autres boat people à l’âge de dix ans. Elle vit à Montréal depuis une trentaine d’années. Son parcours est hors du commun. Elle confie avoir fait toutes sortes de métiers- couturière, interprète, avocate, restauratrice- avant de se lancer dans l’écriture (en français) de ce premier roman.

Editeur : Liana Levi
Nombre de pages : 143


Quatrième de couverture :

Une femme voyage à travers le désordre de ses souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe du Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, ru dit le vide et le trop plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragicomiques, des objets ordinaires émergent comme autan de repères d’un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent ou la puissance d’une odeur d’assouplissant, Kim Thuy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain.

Grand prix RTL-Lire 2010

Appréciation :

Titre: Ru
Auteur: Kim Thuy
Editeur: Liana Levy




Résumé du livre
Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l'enfance dans sa cage d'or à Saigon, l'arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam, la fuite dans le ventre d'un bateau au large du golfe de Siam, l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, 'Ru' dit le vide et le trop-plein, l'égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragicomiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d'un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d'argent ou la puissance d'une odeur d'assouplissant, Kim Thuy restitue le Vietnam d'hier et d'aujourd' hui.


Mon avis:
Déjà j'ai craqué sur le bouquin en tant qu'objet. j'adore cet éditeur, celui qui a publié notamment les Milena Agus donc j'ai foncé! Je n'ai pas regretté.
Ce livre est un ouvrage de mémoire, l'histoire bouleversante de ces "boat-people" qui ont fuit saigon, qui ont vécu les camps de réfugiés pour enfin arriver au canada ou en france.
Un périple dangereux et terrifiante ou toute la violence de l'homme s'exprime.
L'accueil chaleureux et maladroit parfois du pays d'accueil. Raconté sans cynisme, avec une pointe d'humour parfois, elle raconte aussi comment sa vie, a influencé l'éducation qu'elle donne a ses enfants et la compréhension qu'elle a de l'autisme de son fils et du lien qui unit ses deux fils.
Ce que j'ai aimé c'est aussi que lorsque j'en ai parlé à ma mère en lui disant combien j'avais aimé, elle m'a raconté qu'elle avait donné des cours de français à des "boat people" et elle m'a donc retransmis les histoires que ces femmes lui avaient racontées. Fuites dans la jungle, accouchement dans cette même jungle, solidarité...
Quand elle donnait ces cours elle etait enceinte de moi alors qui sait, peut être que j'en ai entendu un peu et que c'est pour cela que ce livre m'a tant touchée!

Ta critiqque me donne bien envie de lire ce livre et tu as raison sur au moins un point: la couverture est magnifique!

Snoopinette a écrit:Ta critiqque me donne bien envie de lire ce livre et tu as raison sur au moins un point: la couverture est magnifique!

oui et puis tu sais ce sont ces couvertures glacées....j'adore

Une critique de ce livre a déjà été postée, je fusionne les deux post. Merci de bien vouloir revoter au sondage !

Iani a écrit:Une critique de ce livre a déjà été postée, je fusionne les deux post. Merci de bien vouloir revoter au sondage !

je suis vraiment désolée...pourtant j'avais fait la recherche avant, mais le topic n'était pas apparu...
toutes mes excuses

Pas de soucis Il me semble que si on cherche un mot de moins de 4 lettres, ça ne trouve pas... Ou moins de 3, je ne sais plus ! Comme c'est un titre court, c'est normal de ne pas avoir trouvé

Mon avis:
Il faut un grand talent pour raconter sa souffrance avec
autant de poésie, de pudeur et parfois
d'humour.

Kim Thuy livre ici ses souvenirs par petites touches
puisque le livre est une suite de petits paragraphes,
enchaînés sans ordre chronologique, au fil des sensations.

Elle nous fait partager l'histoire mais aussi les
croyances et coutumes de son pays. Sans jamais tomber dans le
pathétique, on perçoit l'horreur de ces traversées en bateau pour
rejoindre un camp en Malaisie, chacune des épreuves étant plus
avilissantes. Kim a ensuite du vivre avec ce vide identitaire. Par
contre , elle est très solide grâce à l'éducation altruiste de ses
parents.

Tout est dans l'émotion, les sensations puisque l'auteur
conte avec les mots mais aussi avec les odeurs et les
couleurs de sa mémoire.

C'est un livre très court mais très puissant que l'on
peut relire afin de s'imprégner du vécu et du courage de
cette mère qui semble encore vivre d'autres épreuves (un de ses fils
est autiste). On voudrait retenir de nombreuses phrases tant elles sont
belles et lourdes de sens.

Un témoignage à ne pas manquer!

Mon avis :

Ma passion pour l'ex Indochine avait déjà été aiguisée avec les livres de Duong Thu Hong (Terres des Oublis, Itinéraire d'Enfance ou plus récemment Au Zénith). Mais avec cette auteure, c'était la voix d'une Vietnamienne qui vécut longtemps au Viet Nam et qui prit part à ses bouleversements politiques avant d'être exilée en France.

Avec ce livre de Kim Thuy, c'est une autre histoire et ce sont d'autres histoires tant son livre évoque père, mère, soeurs, tantes et oncles qui tous ont du fuir les communistes pour vivre dans un camp de réfugiés en Malaisie avant d'être tardivement arrivée au Canada.

On revit la peur, le dégoût, les conditions sanitaires tragiques, la renaissance avec l'accueil au Canada et enfin le temps du réconfort et de la sortie de la misère. On vit aussi les querelles, les trahisons au sein d'une même famille, tout cela dans un style concret et clair et de petits chapitres.

Un plaisir de lecture et de lecteur.

Je vais surement le rajouter à ma LAL qui s'allonge !! Merci pour ces critiques qui donnent envie !

J'ai été émerveillée par ce petit bijou de littérature et d'humanité. Kim Thuy nous parle de déracinement et de liberté, d'exil et de renaissance, de solidarité et de légèreté. Par petites touches, dans de courts chapitres à l'écriture épurée, souple, elle évoque la guerre, la violence, la perte, sans jamais dénoncer, juger, écraser.

Avec une délicatesse non dénuée d'humour, elle brosse le portrait d'une grand-mère, d'une tante handicapée mentale, d'un oncle flamboyant, mais aussi des très jeunes soldats communistes, elle fait renaître quelques bols à soupe cerclés d'argent, les robes faussement pudiques des jeunes Vietnamiennes, elle dit aussi la chaleur des familles canadiennes qui ont aidé les migrants à s'enraciner dans leur nouveau pays, à entrer dans une nouvelle langue, le français, elle parle de sa capacité à se détacher des biens matériels, de ses amours, de tout sauf de ses fils, elle nous fait comprendre aussi qu'elle a pu retourner au Vietnam...

A travers le parfum d'un adoucissant, les accents qui changent le sens d'un mot, la texture d'un tissu ou le goût d'une soupe au petit déjeuner, dans ces petits chapitres, qui s'appellent les uns les autres par la grâce d'un mot, d'une idée, Kim Thuy construit ainsi une sorte de symphonie, un petit ruisseau nourri "de larmes, de sang, d'argent" qui devient une berceuse de l'exil et du renouveau (les sens du mot "ru" en français et en vietnamien rappelés au tout début du roman).

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Sujets fusionnés!

Mon ressenti

Une très belle découverte pour moi, l’auteur évoque avec une grande humanité son déracinement, l’abandon d’un certain héritage, sa reconstruction. Sans colère ni jugement, elle livre par petites touches successives des réponses du présent qui font écho aux souvenirs du passé. Son regard d’adulte mature explique ainsi à la petite fille parfois perdue qu’elle était le pourquoi du comment.
C’est une belle leçon sur la vie, comment au travers de son histoire traumatisante, elle rend hommage à sa famille, à tous ces boat-peoples (qui sont venus trouver dans un monde meilleur, la sécurité et la protection…) et comment elle a su se reconstruire.

Je ne peux que saluer ce témoignage qui ne vient jamais parler de haine, ni de vengeance mais qui vient simplement dire ce que tout être humain veut pour les siens à savoir : sécurité, amour, épanouissement, grandissement… et même si cela doit être au prix d’un déracinement ou d’une séparation. Cela fait toujours écho aujourd’hui avec d’autres êtres humains qui fuient leur pays…
Dans l’émotion, Kim nous raconte ce long parcours de réconciliation au travers des odeurs, des couleurs, des coutumes de son pays, la rencontre de deux familles…

A découvrir absolument

Je suis tout a fait de l'avis de PINKY et absolument choquée par les dommages et bouleversements, que les guerres apportent aux humains pour toute la vie.

L’auteure nous retrace par petites touches et dans un désordre, qui m’a fait perdre parfois le fil de l’histoire, son enfance privilégiée, avant l’arrivée des communistes au Vietnam ainsi que son exil vers une destination inconnue. Cette destination sera le Québec après un passage dans un camp de réfugié en Malaisie.

Ces petits textes ne sont pas que des souvenirs transcrits mais également une profonde réflexion sur la condition humaine. Livre très court qui méritera une relecture.

Ru est un très beau texte. Kim Thuy nous livre un récit tout en pudeur, parfois avec humour, sur son parcours, son histoire avec une plume très douce très poétique, ce qui a le don, je trouve, de dédramatiser les faits.
C’est juste magistral, un coup de cœur de plus.