[Faulkner, William] Requiem pour une nonne
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Votre avis sur "Requiem pour une nonne"
[Faulkner, William] Requiem pour une nonne
Genre : Roman
Editions : Gallimard - Collection Folio
ISBN : 978-2-07-038625-2
288 pages
Quatrième de couverture :
Sanctuaire, l'un des romans les plus célèbres de Faulkner, racontait l'aventure scandaleuse d'une jeune collégienne américaine, Temple Drake, séquestrée dans une maison close par un gangster dégénéré, Popeye. Elle était libérée par l'arrestation de son «protecteur», condamné quelques mois plus tard et exécuté pour meurtre.
Sept ans après, Temple Drake est devenue une bourgeoise américaine, mariée au jeune homme qui fut responsable de son infamie, et mère de deux enfants. Elle a à son service une négresse, ancienne prostituée, Nancy Mannigoe. Survient un louche individu qui possède sur la vie passée de Temple des renseignements compromettants et qui la fait chanter. Temple est-elle amoureuse de cet homme, ou bien reprise par le goût du vice ? Elle décide de s'enfuir du domicile conjugal. Pour la retenir, Nancy Mannigoe imagine un horrible forfait : de ses propres mains elle tue l'un des enfants confiés à sa charge. Nancy est condamnée à mort. Mais Temple, sous la pression de son oncle Gavin, avocat de la criminelle, se rend chez le gouverneur pour arracher la grâce de la coupable. Elle ne peut y parvenir, mais trouve au moins l'occasion de confesser sa propre turpitude et de se racheter par l'humiliation, première station du long calvaire qui l'attend.
Telle est l'étrange et dramatique histoire que conte le grand romancier dans cet ouvrage, sorte de roman dialogué dont Albert Camus a tiré une pièce.
Mon avis : Sept ans après, Temple Drake est devenue une bourgeoise américaine, mariée au jeune homme qui fut responsable de son infamie, et mère de deux enfants. Elle a à son service une négresse, ancienne prostituée, Nancy Mannigoe. Survient un louche individu qui possède sur la vie passée de Temple des renseignements compromettants et qui la fait chanter. Temple est-elle amoureuse de cet homme, ou bien reprise par le goût du vice ? Elle décide de s'enfuir du domicile conjugal. Pour la retenir, Nancy Mannigoe imagine un horrible forfait : de ses propres mains elle tue l'un des enfants confiés à sa charge. Nancy est condamnée à mort. Mais Temple, sous la pression de son oncle Gavin, avocat de la criminelle, se rend chez le gouverneur pour arracher la grâce de la coupable. Elle ne peut y parvenir, mais trouve au moins l'occasion de confesser sa propre turpitude et de se racheter par l'humiliation, première station du long calvaire qui l'attend.
Telle est l'étrange et dramatique histoire que conte le grand romancier dans cet ouvrage, sorte de roman dialogué dont Albert Camus a tiré une pièce.
Drôle de roman, hybride entre roman contemplatif détaillant l’histoire de la ville de Jefferson, et dialogues de théâtre déroulant l’intrigue.
En première lecture, le style des passages romancés apparaît proprement illisible. Les phrases, bourrées de parenthèses, de virgules, de tirets, sont interminables : cinq à six lignes au minimum, parfois une demi-page, voire une page complète.
Et puis, quand on en arrive au deuxième passage romancé, entre Acte I et Acte II, on commence à comprendre comment ça marche. William Faulkner ne nous raconte pas vraiment une histoire : il nous berce, nous imprègne, nous hypnotise, nous intègre en un doux mouvement de balancier dans l’Amérique profonde du 19è siècle, avec ses mutations fulgurantes, ses préjugés fermement enracinés, ses contradictions brûlantes.
A se débattre contre cette litanie ininterrompue, on perd toute la saveur, le sel, de cette lecture.
Mais, oh lecteur ! Laisse-toi bercer, laisse-toi emporter, et tu tomberas sous le charme de ce rythme obsédant. Les phrases auparavant interminables apparaissent comme de longs fleuves paresseux, divaguant de rive en rive, s’attardant dans une anse, se précipitant entre deux rochers...
Et on aborde le deuxième acte avec, en tête, cette ambiance rude et puissante, qui donne à chaque phrase, à chaque hésitation, à chaque répétition, un poids, une saveur.
Ici, pas de personnage s’exprimant à l’imparfait du subjonctif, pas de phrase travaillée et polie, qui sort d’un trait, comme mille fois répétée. Cela ne signifie pas que le style est pauvre, ou que les personnages s’expriment comme des charretiers. Simplement le débit, heurté, se permettant des digressions, des blancs, rend l’ensemble réaliste et nous immerge dans la scène, de la même façon que la genèse de Jefferson en tant que ville nous immerge dans l’Amérique brute des pionniers.
L’intrigue sans faux-semblants, les personnages éminemment imparfaits et donc follement vivants, ne font que renforcer ce réalisme à fleur de page.
Un excellent roman, que je recommande vivement.
Ma note : 9/10En première lecture, le style des passages romancés apparaît proprement illisible. Les phrases, bourrées de parenthèses, de virgules, de tirets, sont interminables : cinq à six lignes au minimum, parfois une demi-page, voire une page complète.
Et puis, quand on en arrive au deuxième passage romancé, entre Acte I et Acte II, on commence à comprendre comment ça marche. William Faulkner ne nous raconte pas vraiment une histoire : il nous berce, nous imprègne, nous hypnotise, nous intègre en un doux mouvement de balancier dans l’Amérique profonde du 19è siècle, avec ses mutations fulgurantes, ses préjugés fermement enracinés, ses contradictions brûlantes.
A se débattre contre cette litanie ininterrompue, on perd toute la saveur, le sel, de cette lecture.
Mais, oh lecteur ! Laisse-toi bercer, laisse-toi emporter, et tu tomberas sous le charme de ce rythme obsédant. Les phrases auparavant interminables apparaissent comme de longs fleuves paresseux, divaguant de rive en rive, s’attardant dans une anse, se précipitant entre deux rochers...
Et on aborde le deuxième acte avec, en tête, cette ambiance rude et puissante, qui donne à chaque phrase, à chaque hésitation, à chaque répétition, un poids, une saveur.
Ici, pas de personnage s’exprimant à l’imparfait du subjonctif, pas de phrase travaillée et polie, qui sort d’un trait, comme mille fois répétée. Cela ne signifie pas que le style est pauvre, ou que les personnages s’expriment comme des charretiers. Simplement le débit, heurté, se permettant des digressions, des blancs, rend l’ensemble réaliste et nous immerge dans la scène, de la même façon que la genèse de Jefferson en tant que ville nous immerge dans l’Amérique brute des pionniers.
L’intrigue sans faux-semblants, les personnages éminemment imparfaits et donc follement vivants, ne font que renforcer ce réalisme à fleur de page.
Un excellent roman, que je recommande vivement.
Invité- Invité
Re: [Faulkner, William] Requiem pour une nonne
Faut-il avoir lu au préalable Sanctuaire ou pas ? Merci Saphyr
Invité- Invité
Re: [Faulkner, William] Requiem pour une nonne
Ne pas l'avoir lu ne m'a pas empêchée de comprendre et de suivre l'histoire, mais je pense que c'est mieux. Ne serait-ce que parce l'intrigue de Sanctuaire est largement reprise dans Requiem pour une nonne et qu'on risque de perdre un peu d'effet de surprise le jour où on décide de lire le premier.
Personnellement, j'ai un peu regretté de ne pas avoir commencé par le commencement (mais bon, je suis une spécialiste du tiercé dans le désordre, on ne se refait pas ).
Personnellement, j'ai un peu regretté de ne pas avoir commencé par le commencement (mais bon, je suis une spécialiste du tiercé dans le désordre, on ne se refait pas ).
Invité- Invité
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